Chemin de Croix

 

Vendredi 15 avril 2022

 

1ère Station : Tous prononcèrent qu’il méritait la mort

De l’Évangile selon Luc et selon Marc

Lorsqu’il fit jour, le conseil des Anciens du peuple se réunit, grands prêtres et scribes. Ils l’amenèrent devant leur tribunal (Lc 22,66). Tous prononcèrent qu’il méritait la mort. Puis quelques-uns se mirent à lui cracher dessus, et à le gifler en disant :  » Fais le prophète « . Et les valets le bourrèrent de coups. Puis, après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent chez Pilate (Mc14,64-66).

Méditation

Il n’a pas fallu beaucoup de délibération aux hommes du sanhédrin pour se prononcer. Depuis longtemps déjà, la cause était entendue. Il faut que Jésus meure !

Prière

Seigneur Jésus, toi le Fils bien-aimé, qui est venu nous visiter, passant parmi nous en faisant le bien, rendant à la vie ceux qui habitent l’ombre de la mort, tu sais nos cœurs tortueux.Nous déclarons être amis du bien et vouloir la vie. Mais nous sommes pécheurs et complices de la mort. Nous nous proclamons tes disciples, mais nous prenons des chemins qui se perdent loin de tes pensées, loin de ta justice et de ta miséricorde.

Seigneur, ne nous abandonne pas à nos violences (ensemble). Délivre-nous du mal !

Chant : Vous n’aurez pas compris

 

2ème Station : Renié par Pierre

De l’Évangile selon Luc

Environ une heure plus tard, un autre insistait : « C’est sûr, disait-il celui-là était avec lui ; et puis, il est Galiléen ». Pierre répondit : « Je ne sais pas ce que tu veux dire ». Et aussitôt, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole du Seigneur qui lui avait dit : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois ». Il sortit et pleura amèrement (Lc 22,59-62).

Méditation

Quand elle implique le courage, la vérité a du mal à trouver des témoins… Les hommes sont faits ainsi que beaucoup lui préfèrent alors le mensonge, et Pierre est de notre humanité. Il trahit, à trois reprises. Puis il croise le regard de Jésus. Et ses larmes coulent, amères et pourtant douces, comme une eau qui lave une souillure.

Prière

Seigneur, notre Dieu, tu as voulu que ce soit Pierre, le disciple renégat et pardonné, qui reçoive la charge de guider ton troupeau.

Inscris dans nos cœurs la confiance et la joie de savoir que, en toi, nous pouvons traverser les ravins de la peur et de l’infidélité.

Fais que, instruits par Pierre, tous tes disciples soient les témoins du regard que tu portes sur nos défaillances. Que jamais, nos duretés ou nos désespoirs ne rendent vaine la Résurrection de ton Fils !

Chant : Dans ton amour pitié pour moi

 

3ème Station : Pilate

De l’Évangile selon Marc et selon Matthieu

L’ayant amené et livré à Pilate, ils multipliaient contre lui leurs accusations. Pilate, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le leur livra pour être crucifié (Mc 15,1.3.15).

Pilate prit de l’eau et se lava les mains en présence de la foule en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme ; à vous de voir ! » (Mt 27,24)

« Nous tous, comme des moutonsnous étions errants, chacun suivant son propre chemin, et le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à tous » (Is 53,6).

Méditation

Jésus concentre étrangement sur lui les pensées homicides du cœur humain. Pourtant le temps vient – il est tout proche – où ce Juste réconciliera autrement, par la Croix et par un pardon qui les rejoindra tous, Juifs et païens, les guérira ensemble de leurs lâchetés et les libèrera de leur commune violence.

Une seule condition pour avoir part à ce don : ce sera de confesser l’innocence du seul Innocent, l’Agneau de Dieu immolé pour le péché du monde.

Ce sera de plaider coupable, dans la confiance qu’un amour infini nous enveloppe tous,

Prière

Seigneur, notre Dieu, face à Jésus livré et condamné, nous ne savons faire autre chose que de nous disculper et d’accuser les autres.

Si longtemps, ton Eglise aura chargé ton peuple Israël du poids de ta condamnation à mort.

Si longtemps, elle aura ignoré qu’il fallait que nous nous reconnaissions tous complices dans le péché, pour être tous sauvés par le sang de la croix de Jésus.

Pater noster

Chant : Vous serez vraiment grands

 

4ème Station : Le Roi de gloire

De l’Évangile selon Marc

Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais. Ils le revêtirent de pourpre, puis, ayant tressé une couronne d’épines, il la lui mirent sur la tête. Ils se mirent à le saluer : « Salut roi des Juifs » (Mc 15,16-18).

Sans beauté ni éclat, et sans aimable apparence, objet de mépris et rebut de l’humanité, homme de douleurs et connu de la souffrance, comme ceux devant qui on se voile la face, il était méprisé et déconsidéré. Et nous autres, nous l’estimions châtié, frappé par Dieu et humilié (Is 53,2-4).

Méditation

Banalité du mal. Ils sont légion les hommes, les femmes, les enfants mêmes, violentés, humiliés, torturés, assassinés, sous tous les cieux, en chaque temps de l’histoire, particulièrement en ce moment dans le pays que nous savons.

Mais de quelle aide nous serait la souffrance d’un innocent de plus ?

Or  soudain tous les signes s’inversent. Voilà que les paroles et les gestes de dérision de ses tortionnaires nous découvrent – ô paradoxe absolu – l’insondable vérité : celle de la vraie, de l’unique royauté, révélée comme celle d’un amour qui n’a rien voulu savoir d’autre que la volonté du Père et son désir que tous les hommes soient sauvés.

Prière

Seigneur, notre Dieu, nous t’en prions, en ce jour saint qui accomplit la révélation : renverse en nous et en notre monde les idoles.

Tu sais leur pouvoir sur nos esprits et sur nos cœurs. Renverse en nous les figures mensongères de la réussite et de la gloire.

Renverse en nous les images sans cesse renaissantes d’un Dieu selon nos pensées, Dieu dangereux ou Dieu drapé de sacralité distante… si loin du visage qui se découvre aujourd’hui en Jésus, au-delà de toute prévision, en excès de toute espérance.

Lui que nous confessons comme le « resplendissement de ta gloire » (He 1,3).

Chant : mystère du calvaire couplets 1&2

 

5ème Station : Portant sa croix

Du livre des Lamentations

Vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente… (Lm 1,12)

Du Psaume 146

Heureux qui a l’appui du Dieu de Jacob et son espoir dans le Seigneur son Dieu… Le Seigneur délie les enchaînés, le Seigneur rend la vue aux aveugles, le Seigneur redresse les courbés, le Seigneur protège l’étranger, il soutient l’orphelin et la veuve (Ps 146,5…9).

Méditation

Jésus tombe, se relève, puis retombe, reprend la marche épuisante, probablement sous les coups des gardes qui l’escortent, puisque c’est ainsi que sont traités, maltraités, les condamnés en notre monde.

Celui qui a relevé les corps grabataires, redressé la femme courbée, arraché à son lit de mort la petite fille de Jaïre, remis debout tant d’accablés, le voici aujourd’hui effondré sur le sol poussiéreux. Le Très Haut est à terre.

Fixons le regard sur Jésus. Par lui, le Très Haut nous enseigne qu’il est aussi, ô stupeur, le Très Bas, prêt à descendre jusqu’à nous, toujours plus bas s’il le faut, de sorte qu’aucun ne se perde dans les bas-fonds de sa misère.

Prière

Seigneur, notre Dieu, tu descends au fond de notre nuit, sans mettre de limite à ton humiliation, puisque c’est, en elle, que tu rejoins la terre souvent ingrate, parfois dévasée, de nos vies.

Donne à ton Église, nous t’en supplions, de témoigner que le Très Haut et le Très Bas sont un seul visage en toi.

Donne-lui de porter à tous ceux qui tombent la nouvelle de l’Évangile : aucune chute ne peut nous soustraire à ta miséricorde. Il n’existe aucune perte, aucun abîme qui soient trop profonds pour que tu ne puisses retrouver celui qui s’est égaré.

Pater noster

chant : O croix sagesse suprême

 

6ème Station : Simon de Cyrène

De l’Évangile selon Luc

Comme ils l’emmenaient, ils mirent la main sur un certain Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs et le chargèrent de la croix pour la porter derrière Jésus (Lc 23,26).

De l’Évangile selon Matthieu

« Quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t’accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir ? » (Mt25,37-39).

Méditation

Jésus trébuche sur le chemin.

Un homme est justement de passage, qui a les bras solides. A l’évidence, il est étranger aux événements du jour. Il rentre chez lui, ignorant tout de l’histoire du rabbi Jésus, quand il est réquisitionné par les gardes pour porter la croix.

De sa surprise, d’une première objection peut-être, de la pitié qui l’a saisi, rien ne nous est dit. L’Evangile a seulement gardé mémoire de son nom, Simon, originaire de Cyrène. Mais l’Evangile a aussi voulu porter jusqu’à nous le nom de ce libyen et son pauvre geste de secours, pour nous enseigner qu’en soulageant la peine d’un condamné à mort, Simon a soulagé la peine de Jésus, le Fils de Dieu, qui croisa son chemin dans la condition d’esclave, endossée pour nous, endossée pour lui, pour le salut du monde. Sans qu’il le sache.

Prière

« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Mt 25,39).

Mystère de ta rencontre avec notre humanité ! C’est ainsi que tu rejoins tout homme ! Nul n’est privé de cette rencontre, s’il consent à être un homme de compassion.

Nous te présentons, comme une offrande sainte, tous les gestes de bonté, d’accueil, de dévouement, qui sont accomplis chaque jour en notre monde.

Daigne bénir les hommes et les femmes de compassion, qui te rendent gloire, même s’ils ne savent pas encore prononcer ton nom.

Chant : dans nos obscurités (Taizé)

 

7ème Station : Filles de Jérusalem

De l’Évangile selon Luc

Le peuple, en grande foule, le suivait ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais se retournant vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi. Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants… Car si on traite ainsi le bois vert, qu’arrivera-t-il au bois sec » (Lc 23,27-28.31).

Méditation

Les pleurs que Jésus confie aux filles de Jérusalem comme une œuvre de compassion, ces pleurs des femmes ne manquent pas à notre monde.

Non que les larmes reviennent aux femmes, comme si leur lot était d’être pleureuses passives et impuissantes, au milieu d’une histoire que les hommes, seuls, seraient censés écrire.

Et même, Etty Hillesum, femme forte d’Israël demeurée debout dans la tourmente de la persécution nazie, qui aura plaidé jusqu’au bout la bonté de la vie, nous souffle à l’oreille ce secret qu’elle devine au terme de sa route : il y a des larmes à consoler sur le visage de Dieu, quand il pleure sur la misère des siens.

Dans l’enfer qui engloutit le monde, elle ose prier Dieu : « Je vais essayer de t’aider », lui dit-elle.

Prière

Seigneur, notre Dieu, « Dieu de tendresse et de pitié, Dieu plein d’amour et de fidélité », apprends-nous, dans les jours heureux, à ne pas mépriser les larmes des pauvres qui crient vers toi et qui nous appellent au secours. Apprends-nous à ne pas passer indifférents auprès d’eux. Apprends-nous à oser pleurer avec eux.

Apprends-nous aussi, dans la nuit de nos peines, de nos solitudes et de nos déceptions, à entendre la parole de grâce que tu nous révélas sur la montagne : « Bienheureux ceux qui pleurent, ils seront consolés ».

Chant : je cherche le visage

 

8ème Station : Les vêtements

De l’Évangile selon Jean

Ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chaque soldat, et la tunique (Jn19,23).

Le Fils de l’homme s’en va comme il est venu : sorti nu du sein de sa mère, il s’en ira comme il était venu (cf. Qo 5,14 ; Jb 1,21).

Méditation

Le corps humilié de Jésus pend au bois de la croix. Exposé aux regards de dérision et de mépris. Le corps de Jésus labouré de plaies et destiné à l’ultime supplice de la crucifixion. Humainement, qu’y aurait-il à faire d’autre que de baisser les yeux pour ne pas ajouter à son déshonneur ?

« .. Langue de l’abaissement : Jésus enfant nu dans la crèche, dénudé dans le fleuve, recevant le baptême comme un serviteur, suspendu à l’arbre de la croix, nu, comme un malfaiteur. C’est par tout cela qu’il a manifesté son amour pour nous ».

Entrant dans ce mystère de grâce, nous commençons à discerner ce que notre œil ne peut voir : sa nudité rayonne de la même lumière que celle dont irradiait son vêtement, lors de la Transfiguration.

Lumière qui fait reculer toute ténèbre.Lumière irrésistible de l’amour jusqu’au bout.

Prière

Seigneur notre Dieu, nous plaçons sous tes yeux la foule immense des hommes qui subissent la torture, l’affreux cortège des corps maltraités, tremblant d’angoisse à l’approche des coups, agonisant dans des bas-fonds sordides.

Recueille leur plainte, nous t’en supplions. Le mal nous laisse sans voix et sans secours.

Mais toi tu sais ce que nous ne savons pas. Tu sais trouver un passage dans le chaos et la noirceur du mal. Tu sais faire éclater déjà, dans la Passion de ton Fils bien-aimé, la vie de la résurrection.

Augmente en nous la foi ! Nous te présentons aussi la folie des tortionnaires et de leurs commanditaires.

Elle aussi nous laisse sans voix.… Sauf à te prier et à t’implorer dans les larmes et les mots de la prière que tu nous as enseignée : « Délivre-nous du mal » !

Chant : O croix victoire éclatante

 

9ème Station : Ils le crucifièrent

De l’Évangile selon Luc

Là ils le crucifièrent, ainsi que des malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,33-34).

Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison(Is 53,5).

Méditation

Vraiment Dieu est là où il ne devrait pas être !

Oui, Dieu est là où il ne devrait pas être et où, pourtant,

Il fallait que la douceur de Dieu visite nos enfers, seul moyen de nous délivrer du mal.

Il fallait que le Christ Jésus importe l’infinie tendresse de Dieu au cœur du péché du monde.

Il fallait cela, afin qu’exposée à la vie de Dieu, la mort recule et s’effondre, comme un ennemi qui a trouvé plus fort que lui et qui disparaît dans le néant.

Prière

Seigneur, notre Dieu, accueille notre louange silencieuse.

Comme les rois qui restent sans voix devant l’œuvre du serviteur que la prophétie d’Isaïe révèle, nous sommes dans la stupéfaction devant l’Agneau immolé pour notre vie et celle du monde. Nous confessons que par tes blessures, nous sommes guéris.

« Que rendrai-je au Seigneur pour le bien qu’il m’a fait ? J’élèverai la coupe du salut… je t’offrirai le sacrifice d’action de grâces, et j’invoquerai le nom du Seigneur » (Ps 115,12-17).

chant : grain de blé qui tombe en terre  p.16

 

10ème Station : Sauve-toi toi-même

De l’Évangile selon Luc

Les chefs se moquaient : « Il en a sauvé d’autres. Qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ de Dieu, l’Élu ! ». Les soldats aussi le tournaient en dérision. Ils disaient : « Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même ». L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’insultait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » (Lc 23,35-39).

« Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de se changer en pain … Si tu le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas… Car il est écrit : « Les anges te porteront de leurs mains » (Lc 4,3 et 9-11).

Méditation

Jésus n’aurait-il pas pu descendre de la croix ? Nous osons à peine nous formuler cette question. L’Évangile ne la met-il pas dans la bouche des impies ?…

Pourtant, elle nous hante, à la mesure même dont nous appartenons encore au monde de la tentation, que Jésus a affrontée durant les quarante jours au désert.

Si nous réalisons que nous somme baptisés dans la mort et dans la résurrection du Christ, nous suivons Jésus sur son chemin, et les défis du Malin n’ont plus de prise sur nous. Ils sont réduits à néant, leur mensonge est dévoilé.

Alors se découvre l’impérieuse nécessité du « il fallait », que Jésus enseigne patiemment  aux pélerins du chemin d’Emmaüs.

« Il fallait… » que le Christ soit dans cette obéissance et cette impuissance, pour nous rejoindre dans l’impuissance, où nous a mis notre désobéissance.

Et nous commençons à concevoir que « seul un Dieu faible peut nous sauver », comme l’écrivait le pasteur Dietrich Bonhoeffer, aux derniers mois de sa vie, quand il éprouvait jusqu’au bout la puissance du mal.

Prière

Seigneur, notre Dieu, qui nous délivrera des pièges de la puissance selon le monde ? Qui nous libérera de la tyrannie des mensonges, qui nous font exalter les puissants et courir nous-mêmes après les fausses gloires ?

Toi seul peux convertir nos cœurs. Toi seul peux nous faire aimer les voies de l’humilité.

Nous t’en prions, Seigneur, dissipe les mensonges qui veulent régner sur nos cœurs et sur le monde.

Fais-nous vivre selon tes voies, pour que le monde reconnaisse la puissance de la Croix.

Chant : Vous qui ployez sous le fardeau

 

11ème Station :  Près de la croix, sa mère

De l’Évangile selon Jean

Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie de Magdala. Voyant sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis, il dit au disciple : « Voici ta mère ». A partir de cette heure, le disciple la prit chez lui (Jn 19,25-27).

Méditation

Marie, elle aussi, est parvenue au terme du chemin. La voici arrivée à ce jour dont parlait le vieillard Siméon. Lorsqu’il avait élevé dans ses bras tremblants le petit enfant et que son action de grâces s’était prolongée par des mots mystérieux, qui tissaient ensemble drame et espérance, douleur et salut.

« Vois !, avait-il déclaré, cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, – et toi-même un glaive te transpercera l’âme ! – afin que se révèlent les pensées intimes d’un grand nombre » (Lc 22,34-35).

Aujourd’hui est le temps de l’accomplissement. Le glaive qui perce le côté du Fils perce aussi son cœur. Marie aussi s’enfonce dans la confiance sans appui, où Jésus vit jusqu’au bout l’obéissance au Père.

Debout, elle ne déserte pas. Stabat Mater. Elle sait, de nuit, mais de certitude, que Dieu tient promesse. Elle sait, de nuit, mais de certitude, que Jésus est la promesse et son accomplissement.

Prière

Marie, mère de Dieu et femme de notre race, toi qui nous engendres maternellement en celui que tu as engendré, soutiens en nous la foi aux heures de ténèbres, apprends-nous l’espérance contre toute espérance.

Garde toute l’Eglise dans une veille fidèle, comme le fut ta fidélité, humblement docile aux pensées de Dieu, qui nous attirent là où nous ne penserions pas aller, qui nous associent, par-delà toute prévision à l’œuvre du salut.

Chant : Vierge bénie

 

12ème Station : Tout est achevé

De l’Évangile selon Jean

Jésus dit : « J’ai soif ». Un vase était là, rempli de vinaigre. On mit autour d’une branche d’hysope une éponge imbibée de vinaigre et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit « C’est achevé » et, inclinant la tête, il remit l’esprit.

Venus à Jésus, les soldats virent qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté, il sortit aussitôt du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage – son témoignage est véridique, et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi, vous croyiez (Jn 19, 28…35).

Méditation

Maintenant, tout est achevé. La tâche de Jésus est accomplie. Il était sorti du Père pour la mission de la miséricorde. Celle-ci a été remplie avec une fidélité qui aura été jusqu’au bout de l’amour. Tout est accompli. Jésus remet son esprit entre les mains du Père.

En ce jour de la Passion qui va vers sa fin, pour qui passe par ce chemin y aurait-il autre chose à comprendre que l’échec de Jésus, la ruine d’une espérance qui avait rendu cœur à beaucoup, consolé les pauvres, relevé les humiliés, laissé entrevoir aux disciples que le temps était venu où Dieu accomplissait les promesses annoncées par ses prophètes ? Tout cela paraissait perdu, ruiné, effondré.

Pourtant, au milieu de tant de déception, voilà que l’évangéliste Jean fixe nos yeux sur un détail minuscule et s’y arrête avec solennité. De l’eau et du sang coulent du côté du Crucifié. Ô étonnement ! La blessure ouverte par la lance du soldat est passage pour de l’eau et du sang, qui nous parlent de vie et de naissance.

Le message est infiniment discret, mais tellement éloquent pour les cœurs qui ont un peu de mémoire. Du corps de Jésus jaillit la source que le prophète a vu sortir du Temple. La source qui grossit et se change en un fleuve puissant, dont les eaux assainissent et font fructifier tout ce qu’elles touchent sur leur passage. Jésus n’avait-il pas désigné un jour son corps comme le temple nouveau ? Et le « sang de l’alliance » accompagne l’eau. Jésus n’avait-il pas parlé de sa chair et de son sang comme nourriture pour la vie éternelle ?

Prière

Seigneur, Jésus, en ces jours saints du mystère pascal renouvelle en nous la joie de notre baptême.

Quand nous contemplons l’eau et le sang qui coulent de ton côté, enseigne-nous à reconnaître de quelle source notre vie est engendrée, de quel amour ton Église est édifiée, pour quelle espérance à partager au monde tu nous as élus et tu nous envoies.

« Ici et là source de vie qui lave tout l’univers, jaillissant de la plaie du Christ » : que notre baptême soit notre seule gloire, dans une action de grâces émerveillée.

Chant : Agneau de Pâques

 

13ème Station : Pietà

 De l’Évangile selon Luc

Ayant descendu le corps, Joseph le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans la pierre, où personne encore n’avait été placé (Lc 23,53).

Méditation

Des hommes et les femmes se retrouvent au pied de la croix. Joseph, originaire d’Arimathie, « homme bon et juste », qui réclame le corps à Pilate, rapporte saint Luc, Nicodème, le visiteur du soir, ajoute saint Jean. Et des femmes, obstinément fidèles, regardent.

La méditation de l’Église a aimé leur adjoindre la Vierge Marie si vraisemblablement présente, elle aussi, à cet instant.

Marie, Mère de pitié, qui reçoit dans ses bras le corps né de sa chair et tendrement, discrètement accompagné au long des années, comme une mère demeure dans le souci de son enfant.

Dans le grand silence qui s’est installé après les vociférations de la troupe, les quolibets des passants et les bruits de la crucifixion, les gestes ne sont plus maintenant que douceur, caresse de respect. Joseph descend le corps qui s’abandonne entre ses bras. Il l’enveloppe dans un linceul, le dépose à l’intérieur du tombeau tout neuf, qui attend son hôte dans le jardin tout proche.

Jésus a été arraché aux mains de ses meurtriers. Désormais, dans la mort, il se retrouve entre celles de la tendresse et de la compassion.  La douceur a fait retour au lieu du supplice.

Chant à Marie : Je vous salue (chanté)

 

 14ème station : Elles préparèrent aromates et parfums

De l’Évangile selon Luc

Cependant des femmes qui étaient venues avec Jésus de Galilée avaient suivi Joseph ; elles regardèrent le tombeau et comment son corps avait été mis. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums et le sabbat, elles se tinrent en repos, selon le précepte (Lc23,55-56).

Méditation

Les femmes s’en sont retournées. Celui qu’elles avaient accompagné, marcheuses endurantes et secourables sur les routes de Galilée, celui-là n’est plus.  Solitude et silence. D’ailleurs, le shabbat approche, qui convie Israël à chômer, comme Dieu chôma, quand la création fut achevée.

C’est d’un autre achèvement qu’il s’agit aujourd’hui.

Et si Dieu avait préparé une réponse à leur sollicitude qu’elles ne peuvent deviner, imaginer, pressentir même… La découverte d’un tombeau vide…, l’annonce qu’il n’est plus ici, parce qu’il a brisé les portes de la mort…

Prière

Seigneur notre Dieu, daigne voir et bénir tous les gestes des femmes qui honorent dans notre monde la fragilité des corps qu’elles entourent de douceur et d’honneur.

Et nous, qui t’avons accompagné sur ce chemin de l’amour jusqu’au bout, daigne nous garder, avec les femmes de l’Évangile, dans la prière et dans l’attente que nous savons exaucées par la résurrection de Jésus, que ton Église s’apprête à célébrer dans l’exultation de la nuit pascale.

Pater noster…

A lui gloire et puissance dans les siècles des siècles ! Amen !

Chant : Mon père mon père