La souffrance, la maladie et la mort
Méditation de Carême 2019
Jeudi 19 mars – Méditation 2
Soeur Anne Lécu est religieuse Dominicaine de la Présentation.
Du psaume 87 (extraits)
02 Seigneur, mon Dieu et mon salut,
dans cette nuit où je crie en ta présence,
03 que ma prière parvienne jusqu’à toi,
ouvre l’oreille à ma plainte.
06 Ma place est parmi les morts,
avec ceux que l’on a tués, enterrés,
ceux dont tu n’as plus souvenir,
qui sont exclus, et loin de ta main.
07 Tu m’as mis au plus profond de la fosse,
en des lieux engloutis, ténébreux ;
08 le poids de ta colère m’écrase,
tu déverses tes flots contre moi.
09 Tu éloignes de moi mes amis,
tu m’as rendu abominable pour eux ;
enfermé, je n’ai pas d’issue :
10 à force de souffrir, mes yeux s’éteignent.
Je t’appelle, Seigneur, tout le jour,
je tends les mains vers toi :
11 fais-tu des miracles pour les morts ?
leur ombre se dresse-t-elle pour t’acclamer ?
12 Qui parlera de ton amour dans la tombe,
de ta fidélité au royaume de la mort ?
19 Tu éloignes de moi amis et familiers ;
ma compagne, c’est la ténèbre.
La souffrance, la maladie, la mort. Comment oser une parole sur l’épreuve, quand soi-même on n’est pas éprouvé ?
La souffrance, c’est cette éventration de l’âme, qui nous lie au piquet de l’instant du drame dont on ne peut se défaire. La maladie, c’est le dérobement du corps, un exil de soi qui peut aller jusqu’à une douleur telle, transfixiante, que la mort apparaît comme l’unique échappée possible. La mort, c’est la déliquescence de tout, de nos liens, de nos amours, et une existence échouée après la mort de l’aimé, sans air pour respirer. Décidément, devant la souffrance, la maladie et la mort, la seule parole possible est un silence. Un silence à habiter ensemble.
I. L’énigme du malheur
Le mal commis
La Genèse semble lier la peine de l’homme et la mort au mal commis. « C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras. » (Gn 3,19)
Ce n’est pas une explication du malheur, car il n’y a jamais dans la Bible d’explication au mal que nous subissons. Mais c’est un constat : le péché de l’homme peut le conduire jusqu’à tuer son frère. L’actualité brûlante de l’Église nous a montré récemment dans un documentaire (Arte Théma, le 5 mars) sur les viols de religieuses par des prêtres que la recherche d’une jouissance immédiate peut aller jusqu’à l’avortement de foetus viable à 8 mois de grossesse. Il faut pour cela la complicité de beaucoup, hommes et femmes. La lâcheté, le silence. Oui, il s’agit d’un péché collectif de notre Église, qui conduit à la mort.
La sidération peut alors nous saisir. Pourquoi ? Comment est-ce possible ? déjà Paul, l’apôtre, s’interrogeait en vérité : « Vraiment, je ne comprends pas. […] Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne voudrais pas » (Rm 7, 15.19). Paul Ricoeur, dans un ouvrage sur le mal, a bien montré que l’excès de malheur engendré par la faute maintenait ouverte l’énigme de malheur. Le malheur est toujours plus grand. Trop grand. Il ne suffit pas de dénoncer la faute (même si il le faut), le mal est fait, il est irrémédiable, et nous sommes sans voix. Le scandale du mal, devant lequel ne demeure que l’effroi, c’est l’excès du malheur provoqué par le mal. Trop de peine.
Le mal subi
Le mal subi nous laisse aussi sans voix. Les catastrophes humaines, l’accident, la maladie d’un proche, les drames dont nous voyons tous les jours des images sur nos écrans, quand on s’y arrête, ne peuvent que nous pousser à supplier notre Dieu : pourquoi, pourquoi ?, rejoignant ainsi le cri du Christ sur la croix : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Job, dans sa détresse, peut être un de nos maîtres. Devant l’épreuve qui le submerge, la perte de ses biens, la perte de ses enfants, et la maladie qui attaque non seulement sa peau, mais le plus intime de ses os (puisqu’il dit que son haleine elle-même fait peur à ses proches), Job ne cesse de demander à Dieu des comptes. Il est notre maître car il n’accepte pas des justifications oiseuses à ce qui n’en a pas. La souffrance est une énigme, et plus qu’une énigme, un gouffre dans lequel nous pouvons nous noyer, sans plus pouvoir penser. Mais si l’épreuve est insensée, elle n’enlève rien au fait que la vie d’une femme, d’un homme, y compris dévastée, écroulée, demeure sensée.
Alors Job continue de s’adresser à son Dieu en revendiquant son innocence. Il refuse avec opiniâtreté (et quel courage) les explications trop simples de ses proches. Non, il n’a pas péché, et en tout cas, la maladie qui le frappe n’a rien à voir avec la quelconque rétribution d’un Dieu pervers. Non, ce n’est pas pour son bien qu’il souffre, ni pour le rendre meilleur ou plus croyant. Et oui, il va falloir un jour que Dieu s’explique devant l’épouvante qui nous traverse lorsqu’un homme, une femme ou un enfant, lorsque des peuples entiers sont ainsi passés par le feu de la catastrophe ou de la maladie.
Ce que la Bible, dans sa sagesse, affirme, c’est que Job a raison de se plaindre à son Dieu. Car au moins, pendant ce temps, il lui parle. Tandis que ceux qui se croient sages et assènent à Job des vérités sur Dieu en oublient de parler à Dieu. La sentence est nette : à la fin du livre de Job, Dieu accède à sa demande et à son tour lui parle. Quant aux amis qui ont jugé de la probité de Job selon une théologie hors sol, ils sont remis à leur place : « Vous n’avez pas parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job » (Job 42,7).
Celui qui parmi nous est malade, celui qui parmi nous n’en peut plus, se sent menacé par Dieu et le lui dit a raison. Celui qui crie à Dieu son désarroi et sa colère a raison, nous dit le livre de Job. Car il reste tourné vers son Dieu.
Tous les discours qui cherchent à donner des explications au mal commis comme au mal subi, tous les discours qui cherchent à réduire l’énigme abyssale que pose la question du mal et du malheur sont des mensonges. Il n’y a pas d’explication autre que la discrète présence de Dieu, au plus pauvre, au plus abimé, au plus transpercé.
II. Exil et exode.
La maladie conduit le malade à une forme d’exil. Son corps lui échappe. Il devient comme étranger à lui même et à ses proches. Sa maison se rebelle contre lui quand il ne peut plus monter les étages. Sa voiture se rebelle contre lui quand il ne peut plus la conduire. Le verre d’eau lui-même se rebelle contre lui quand il ne peut plus le tenir. Le monde s’accélère et finit pas aller trop vite pour ceux dont le cerveau se ralentit. Bref, l’homme malade et plus généralement l’homme éprouvé vit un exil.
La condition de l’exilé, c’est le regret de la terre que l’on a quitté. Et l’on sait combien les Hébreux au désert vivaient l’exode comme un exil, en regrettant les oignons et la sécurité de l’Égypte, oubliant qu’ils y étaient esclaves. Comment transformer nos exils en exodes ? Qui saura offrir l’hospitalité à ceux qui vivent ainsi exilés de leur propre existence ? Et qui parmi nous, s’il est lui-même exilé, acceptera l’hospitalité d’un autre, toujours inadéquate, insuffisante ?
N’oublions pas que si il est un exilé, c’est bien Jésus-Christ, qui, comme le rappelle Paul dans sa lettre aux Philippiens, « ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti (litt : « vidé de lui-même » = kénose), prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Ph 2, 6-8). Si il n’y a pas de réponse au mystère de la mort et de la souffrance, nous avons un « compagnon d’épreuve », qui ne se situe pas au niveau des discours, (il n’en fait pas sur la souffrance) mais prend notre peau, notre chair blessée, pour que nous n’y soyons pas seuls.
Et voilà qu’il transforme son exil en exode, puisqu’en s’abaissant, il signifie qu’il aime la condition humaine, et qu’il ne peut plus vivre sans, au point de la soulever et de l’entrainer dans sa résurrection. Lorsqu’il lave les pieds des siens à l’heure du jeudi saint, il s’abaisse à la hauteur du plus effondré parmi nous, afin que ce dernier puisse lui parler comme un ami parle à son ami. Et là, à genoux devant les siens, comme on le serait devant Dieu, il rend grâce à son Père du cadeau que nous sommes pour lui.
Souvenons-nous, à l’heure de sa passion, alors qu’il prie son Père dans la grande prière du chapitre 17 de Jean : Judas vient de le vendre, et Pierre va le trahir. Pourtant, ce que dit Jésus c’est cela :
J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
Moi, je prie pour eux. (Jean 17,6-9)
Il nous aime jusqu’à nous justifier devant son Père à l’heure de la trahison. C’est encore lui qui croit en nous quand nous ne croyons plus en nous-mêmes.
Enfin, celui qui monte vers son Père après sa résurrection, c’est le Christ vrai homme et vrai Dieu : il emmène chez Dieu toute l’humanité avec lui.
Transformer l’exil en exode, c’est être tourné vers le Seigneur et, par lui, nous laisser entrainer à l’avenir qu’il nous ouvre, car il nous aime et chacun de nos cheveux sont comptés.
III. Jésus-Christ et la maladie
L’attitude de Jésus devant la souffrance, la maladie et la mort peut se caractériser de trois façons. J’insisterai sur la troisième.
1. Jésus guérit
Lorsqu’il guérit, Jésus écoute la plainte de celui qui souffre. Il l’écoute tellement qu’il pose des questions qui peuvent nous surprendre. A l’aveugle abandonné au bord de la route il demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Luc 18,35-44). D’autres que lui, plus pressés, auraient déjà posé un diagnostic, mais Jésus accepte de ne pas savoir à l’avance ce que veut celui à qui il s’adresse.
De même, au paralytique qui est posé comme un colis au bord de la piscine de Bethesda, il demande « Veux-tu guérir ? » (Jean 5,6). Question saugrenue à première vue, mais pourtant tellement juste ? Devant le Christ se révèle le fond du cœur : « Qu’est-ce que je veux vraiment ? »
Aussi, et comme avant lui les prophètes dont il s’inspire, Jésus ne guérit jamais pour lui-même mais pour que la puissance de Dieu soit manifestée. Et souvent, bon nombre de guérison se terminent par cette phrase déroutante : « ta foi t’a sauvé ».
Le lien entre guérison et foi n’est pas un lien magique. Mais peut-être est-ce de croire que le Christ respecte notre volonté et veut notre liberté, de le croire foncièrement, qui sauve ?
2. Jésus sauve l’homme dans la totalité de sa vie.
Jésus guérit abondamment le jour du sabbat, afin de signifier que Dieu ne se repose jamais de guérir et de libérer, qu’il y a toujours urgence à prendre soin de celui qui souffre. Et que le shabbat, parce qu’il est l’ultime jour de la création, est au contraire un jour parfait pour la guérison qui est une œuvre de création.
La guérison messianique est en effet toujours aussi une guérison du corps social, une réintégration dans la société de celui qui en avait été rejeté, une guérison « politique » en somme. C’est spécialement vrai du possédé de Gerasa en Marc 5, et Paul Beauchamp a bien montré que ce récit n’était pas tant la guérison du possédé que celle de la Décapole qui l’avait exclu, chassé, violenté en le condamnant à vivre comme un mort vivant dans les tombeaux.
En guérissant les uns, en délivrant les autres de démons qui les enchainent, Jésus libère ses proches, il les restaure dans leurs relations, il guérit leurs relations, et suture le tissu social abimé.
C’est très important d’entendre cette dimension politique de la santé. On sait par exemple que l’espérance de vie des plus pauvres est plus courte que celle des riches ! Comment faisons-nous attention à cela ?
Niveau 3.
Il reste une troisième dimension sur laquelle je voudrais m’attarder. Matthieu nous rapporte une scène où Jésus est allé chez Pierre et guérit sa belle-mère puis d’autres malades. Et ajoute Matthieu : « Ceci afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par Isaïe le prophète. Il a pris sur lui nos infirmités, il s’est chargé de nos maladies. » (Mt 8, 17). Le texte de Matthieu fait clairement allusion à Is 53,4 : « Ce sont nos souffrances qu’il a porté, c’étaient nos douleurs dont il était chargé. » (Is 53,4).
Le texte d’Isaïe semble dire que ce n’est pas seulement le mal moral et le péché que le serviteur souffrant, ici Jésus, prend sur lui, mais bien aussi le mal physique, nos maladies, nos douleurs. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Est-ce que cela voudrait dire que Jésus deviendrait aveugle en guérissant un aveugle ? Ce serait absurde. (L’empathie, ainsi pensée, supposerait que les dentistes aient en permanence mal aux dents).
Ce dont il s’agit, dit Jacques Ellul, c’est bien « que toutes les souffrances de l’aveugle en tant qu’aveugle, ou du lépreux en tant que lépreux, Jésus les prend sur lui sans qu’il soit nécessaire qu’il en ait les signes extérieurs. […] C’est pourquoi le miracle n’a pas besoin d’être universalisé : lorsqu’il guérit un lépreux, Jésus souffre de la souffrance du lépreux, et de ce fait, souffre pour tous les lépreux[1]. »
Autrement dit, ce que fait Jésus quand il guérit un aveugle, c’est qu’il porte la malédiction de la maladie de l’aveugle pour que tous les aveugles soient sauvés, soulagés de cette malédiction. La façon dont Jésus guérit, c’est de porter seul toute malédiction sur ses épaules pour détacher la maladie de la malédiction (il sépare le malheur de la faute).
Il me semble que c’est aussi vrai de la mort. La Genèse avait lié la peine de l’homme et la mort au mal commis. Jésus vient défaire cela. Il porte la malédiction de la mort jusqu’à descendre dans les enfers, nous dit la tradition orientale, afin d’aller vider l’enfer de ceux qui l’attendaient depuis toujours. Il la porte pour nous en dégager. Il ne supprime pas la mort. Mais elle n’est plus maudite en ce qu’elle n’est plus la grande dislocation, la grande séparation entre nous et entre Dieu et nous. Au contraire, en pleurant Lazare, il porte dans ses larmes toutes les larmes de tous les endeuillés, il porte – lui – la malédiction de cette séparation infinie, il la porte dans toute l’épaisseur du malheur.
Les enfers que le Christ ouvre de la sorte en venant les visiter, ce sont tous nos enfers ici et maintenant, l’en-bas de nos existences, les drames insondables que traversent tant et tant de personnes.
Si nous sommes disciples du Christ ou à tout le moins si nous voulons tenter de l’être, l’unique attitude c’est de participer – maintenant – avec lui à la tâche qui consiste à les vider. Je laisse la parole à Nicolas Berdaiev :
Non seulement les défunts doivent être délivrés de la mort et ressuscités, mais tous les êtres doivent être sauvés et libérés de l’enfer. L’ultime exigence de l’éthique se traduirait ainsi : – tends toutes les forces de ton esprit vers cette libération. Dans l’orientation de ton activité, ne crée l’enfer pour personne, ni dans ce monde ni dans l’autre. […] Ne te borne pas à ne pas créer l’enfer, mais détruis-le par tous les moyens. […] Les « bons », tout autant que les « méchants » auront à répondre devant Dieu ; mais nous avons des raisons de croire que ce jugement sera différent du jugement humain. […] Les « bons » auront à répondre d’avoir créé l’enfer, d’avoir été satisfaits de leur bien, d’avoir conféré un caractère élevé à leurs instincts vindicatifs, d’avoir été un obstacle au perfectionnement des « méchants » et de les avoir poussé, par leur jugement, sur la voie de la perdition. […] S’il ne m’est pas donné de savoir qu’il n’existera pas d’enfer, il m’est donné de savoir qu’il ne doit pas exister, que je dois, sans m’isoler, travailler à l’œuvre du salut universel.[2]
Et à l’heure de sa propre mort, il donne un fils à sa mère, et une mère à son ami. Par le Christ nous pouvons croire que ni maladie ni la mort ne sont plus maudite. Nous ne sommes plus « condamnés » à mort.
Conclusion
Je voudrais faire ici deux incises conclusives :
- Cette façon de séparer la maladie de la malédiction devrait nous inciter à une très grande prudence dans l’accompagnement des personnes pour qui l’épreuve reste une malédiction. Il se pourrait que ce soit la qualité de notre présence, bouleversée, impuissante (et non des discours) qui puisse leur donner à entendre ce que le Christ nous a révélé.
- Le sacrement de l’onction des malades comporte une dimension pénitentielle, non que la maladie serait liée au péché, mais parce qu’elle nous affaiblit, elle nous rend plus vulnérable à nos pentes glissantes. Ce sacrement nous fait revivre la séparation entre maladie et malédiction en nous donnant la force de croire que la malédiction a été vaincue, et qu’en Christ nous sommes vainqueurs du péché. Ce qui signifie que nous pouvons nous occuper ensuite « tranquillement » de notre maladie sans la mélanger à la faute.
- S’il nous faut chaque jour « apprendre à mourir », ce n’est pas dans l’acceptation muette d’un destin sur lequel nous ne pourrions rien. Apprendre à mourir, c’est vivre chaque jour, avec l’intensité la plus grande, comme si c’était le dernier. Car nous rappelle le livre de la sagesse, « Dieu n’a pas fait la mort ; il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. » (Sg 1, 13)
Zundel l’a dit souvent : « Ce dont il est question dans la vie éternelle, ce n’est pas de savoir si nous serons vivants après la mort, mais de savoir si nous l’avons été avant ! ».
De la malédiction, du désespoir, de la fatalité, nous sommes délivrés, définitivement. La maladie n’est plus une malédiction. La mort tuera notre corps mortel, mais elle ne tuera pas tout ce que nous avons vécu de juste, de beau, d’aimant, par ce corps mortel. Car notre corps mortel voile le corps de relation que nous sommes, le corps qui aime, qui promet, qui pardonne, corps en Dieu définitivement sauvé de la mort.
La véritable guérison, le salut, c’est de croire pour les autres et pour soi qu’il n’y a pas d’homme condamné.
Sœur Anne Lécu o.p.
Qui regarde vers Lui resplendira,
Sur son visage, plus d’amertume (2x).
[1] Jacques Ellul, Le défi et le nouveau, p. 958.
[2] Nicolas Berdiaev, De la destination de l’homme, essai d’éthique paradoxale, Lausanne, L’Age d’Homme, 1979, p. 361-363.