Dimanche 21 février 2021

(Gn 9, 8-15 ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15)

1- Frères et sœurs, je vous propose en ce premier dimanche de carême, écoutez-moi bien, je vous propose d’être comme des enfants ! Voilà, vous avez 5, 6 ou 10 ans. Et vous voilà, avec vos crayons de couleurs, vos feutres, vos pinceaux, pour faire un beau dessin. Et je vous propose d’être aussi sérieux que des enfants. Vous voulez dessiner ou peindre une ou deux images, des images très simples, presque naïves. Regardez ! Imaginez !

La première image, c’est un arc-en-ciel. C’est beau, c’est joli un arc-en-ciel. Et il y a plein de couleurs. Si vous ne savez plus lesquelles, vous demanderez à vos frères et sœurs…, ou à vos enfants…, ou à vos petits-enfants… Ou vous inventerez, comme un enfant ! Vous dessinerez l’arc-en-ciel de Dieu, au milieu des nuages. Vous dessinerez un arc de paix, un arc lumineux, qui dit la vie redonnée. C’est l’alliance que Dieu veut pour toute notre humanité.

Et puis, une deuxième image. Il y a le désert, il y a le soleil. Ça, c’est facile à dessiner. Un joli soleil, avec plein de rayons jaunes, et les dunes du désert, les dunes du Sahara. Bien sûr, ici, ce n’est pas le Sahara, mais ce n’est pas grave pour un enfant. Et puis vous dessinerez Jésus, avec les bêtes sauvages et les anges. Ça, c’est plus difficile à dessiner. Un lion très fort. Ou un tigre avec plein de rayures. Et Jésus, avec sa barbe. Et les anges, avec leurs ailes. « Jésus vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. » Vous pouvez même dessiner une colombe. Une colombe comme l’Esprit Saint, une colombe comme la paix et l’harmonie que Dieu veut.

Et puis, ces deux dessins, vous les offrirez… Vous les offrez d’abord à votre contemplation. C’est une manière d’écouter avec votre cœur, de regarder avec votre cœur. Puis vous les offrez à quelqu’un de la famille, ou à un ami. Ou vous les gardez précieusement pour vous-même, pour mieux les regarder ensuite. Ou vous les offrez à Dieu, comme un don très simple et plein de confiance. Et en ce cas, comme on le voit sur certains vitraux, vous vous dessinez vous-même, un tout petit personnage, un donateur discret, à genoux, dans un coin du dessin, en bas.

Oui, frères et sœurs, soyez comme des enfants. Admirez l’arc-en-ciel et ses couleurs. Contemplez Jésus au désert, parmi les bêtes sauvages et les anges. Soyez comme des enfants : c’est un chemin pour vivre ce carême

2- Frères et sœurs, je vous propose en ce dimanche de carême, écoutez-moi bien, je vous propose d’être comme des adultes ! Il ne s’agit pas de ne plus être enfant, car il faut toujours garder un cœur d’enfant (même s’il faut quitter les enfantillages). Mais je vous propose d’être, en même temps, un enfant et un adulte. Un adulte. Quelqu’un qui connaît le poids des responsabilités. Qui sait les difficultés et les injustices de ce monde. Qui peut s’engager dans un « oui » à Dieu et aux autres.

Les belles images de l’arc-en-ciel et de Jésus au désert sont jolies, elles nous disent quelque chose de bon et de vrai, mais elles ne doivent pas nous faire oublier que notre monde doit changer, que notre cœur doit se convertir. Si ces images disent la vie et l’harmonie, c’est parce que Dieu vient transformer notre monde et nos cœurs. Les fermetures et les égoïsmes, les injustices et les violences, tout ce mal dans le monde et en nos cœurs, cela est destructeur, cela va vers la mort. Et Dieu veut changer cela. Et cela coûte cher à Dieu. Dieu se livre lui-même. Dieu vient. Il vient dans notre monde, dans nos déserts, dans tout ce qui est plus sauvage en nous que tous les lions, les tigres ou les serpents de la Terre.

3- Jésus, à l’image de son peuple, passe par le désert, ce lieu d’épreuves et de tentations. Quarante jours au désert, comme les quarante ans au désert. Jésus vient au désert pour nous, il est éprouvé pour nous, il affronte Satan et le mal pour nous. Dans ce lieu de mort, Jésus apporte la vie. C’est comme une annonce de Pâque. Déjà la vie triomphe de la mort, et la lumière de Dieu vient en nos ténèbres. Déjà le Christ s’offre pour nous, et la miséricorde du Père se manifeste. Déjà Dieu s’engage en tout ce qu’il est pour nous sauver de la mort et de la perdition.

4- Alors, quand Jésus nous dit : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! », cela a du poids. Cela a le poids de tout l’amour de Dieu. Cela a le poids de tout le péché du monde. Cela a le poids du mystère pascal. Dieu s’engage à la vie, à la mort. Il s’engage tout entier pour nous donner la vie.

D’une certaine manière, c’est trop pour nous. Un don trop grand. Et un appel trop grand.

Un don trop grand. Sommes-nous si précieux aux yeux de Dieu que celui-ci se livre pour nous, qu’il se donne tout entier pour nous ? Un appel trop grand. Pouvons-nous vraiment répondre à un tel don, à un tel amour ? Si nous entendons vraiment l’appel : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! », pouvons-nous être à la hauteur ? C’est trop vaste… trop dur…

5- Frères et sœurs, je vous propose en ce carême, je vous propose d’être comme des enfants !

Entendons l’appel de Dieu, même un petit peu, même sans tout comprendre, et mettons-nous à marcher. Faisons comme l’enfant qui fait ses premiers pas : osons marcher, tomber, nous relever, avancer, faire un autre pas. Faisons comme l’enfant qui dit « oui » avec un grand sourire à son père ou à sa mère. L’enfant ne sait pas toujours bien à quoi il dit « oui », mais peu importe. L’enfant devine que c’est pour avancer sur le chemin de la vie.

Les grandes choses se déploient dans le temps et s’ébauchent dans l’ordinaire de nos vies. Elles commencent par de toutes petites choses. Le « oui » fondamental, l’engagement le plus profond, doit se traduire par les multiples petits « oui » de chaque jour. D’où l’utilité du carême et des quarante jours. Pour retrouver la force d’une adhésion et renouveler notre « oui ». Pour redire, suivant les mots de saint Pierre, l’« engagement envers Dieu d’une conscience droite ». Pour ouvrir notre cœur aux merveilles de Dieu et à ses appels.

6- « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! » nous dit le Seigneur.

Oui, frères et sœurs, entrons sur le chemin de l’Évangile, comme des enfants et comme des adultes. Prions pour entrer sur ce chemin avec le Christ et à sa suite. Prions pour être vivifiés par son Esprit.

J.B. Durand, sj

Prière universelle

En ce premier dimanche de Carême, prions le Seigneur pour que notre monde et chacun de nous s’ouvrent davantage à l’amour de Dieu.

1- Pour que l’Église vive toujours plus de l’humilité et de la bonté du Christ, Seigneur, nous te prions.

2- Pour que les prédicateurs du Carême touchent les cœurs et convertissent les intelligences, Seigneur, nous te prions.

3- Pour les catéchumènes qui entrent dans l’étape finale de leur préparation, notamment pour ceux qui seront baptisés dans la nuit de Pâques, Seigneur, nous te prions.

4- Pour tous ceux qui souffrent des violences politiques, économiques ou sociales en notre monde, Seigneur, nous te prions.

5- Pour que notre communauté, par son effort de générosité de Carême, témoigne de la charité réelle du Christ, Seigneur, nous te prions.

Dieu fidèle et bon, donne à notre monde et à chacun de nous d’entendre tes appels à aimer et à œuvrer pour la paix. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.