Messe du dimanche 8 septembre 2024
23ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année B
« Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 31-37)
Ces récits de guérison qui jalonnent les Evangiles nous sont familiers. Nous aimons les entendre en oubliant peut-être que la manière de procéder de Dieu est étonnante. Je m’explique. Pourquoi Dieu, que l’on dit Tout Puissant, ne veut pas agir directement ? Pourquoi a-t-il choisi de se faire proche de nous par la médiation de Jésus son Fils ? Questionnement que chacun de nous, un jour du temps, s’est posé. Ce récit évangélique montre bien à quel point Dieu tient à guérir les corps, à guérir la maladie avant même de pardonner le péché. Ne m’en voulez pas de dire que la manière de procéder de Dieu peut nous paraître étonnante. Pour Dieu, il faut une proximité réelle que seuls deux corps peuvent avoir l’un vis-à-vis de l’autre. Entendons le bien : il veut être avec nous, il veut nous toucher.
Le contact physique ne rebute donc pas Dieu ! Et ce contact est porteur de vie. Le moindre toucher de Jésus redonne la santé physique à celle ou celui qui est malade. Ce même toucher apporte aussi un pardon des péchés et procure une vie dans l’Esprit. L’Evangile de ce jour ne démentira pas puisque Jésus va même à mettre sa salive dans la bouche de celui qui a des difficultés pour parler et ainsi le guérir de cette infirmité ! On comprend pourquoi les foules se pressent autour de lui et qu’il accepte de se laisser toucher.
Que dire ? sinon que Dieu est à portée de main ! Et si Dieu est à portée de nos mains, il est évident que chacun de nous est aussi à portée de la main de Dieu. Prenons conscience de cette proximité qui est vertigineuse et qui, pourtant, est vraie ! La présence de Jésus nous restaure, nous guérit jusque dans nos profondeurs. Il s’en suit que l’important pour nous est d’accepter de nous laisser toucher par lui et donc de demeurer à portée de sa main. Nous avons besoin d’être touchables et non l’inverse : d’être des femmes et des hommes intouchables. Et c’est bien ce que nous fait comprendre la littérature biblique parce que le juste, celui qui se croit tel et qui n’a pas besoin de pardon, refuse d’être touché. Que veut dire être touchable ? C’est être vulnérable aux yeux de Dieu et aux yeux de nos sœurs et frères. Ce qui n’est pas évident … je vous le concède ! car exposer ses faiblesses, reconnaitre ses blessures n’est pas un chemin facile à emprunter. Mais vous le savez : Jésus est venu surtout pour nous, pécheurs et non pour ceux qui ne veulent pas se reconnaitre pécheurs.
Prenons simplement conscience que Dieu vient sans cesse à ma rencontre pour me toucher. Pensons au labeur quotidien, à l’ami qui me serre la main ou à la sœur /au frère qui m’accueille. Mais ce n’est pas tout.
Chaque jour, Jésus me touche aussi par les sacrements de son Eglise.nLes sacrements sont bien des gestes d’hommes, avec des paroles d’hommes mais à travers lesquels la plénitude de la divinité habite corporellement. Comme dans ce pain que nous allons manger en communiant ; pain qui est vraiment ce corps que Jésus a donné, une fois pour toutes, pour la vie du monde et la joie de Dieu.
Philippe Marxer, sj