Homélie Jn 17,20-26 7ème dimanche de Pâques Nicolas Rousselot
Avouons qu’il est difficile de comprendre Saint Jean, sa pensée est circulaire. Ce soir ou les jours prochains, je vous propose de reprendre cet évangile et, non pas d’essayer de le comprendre, mais de le prier, en se laissant porter par les expressions, par les phrases.
C’est ici la première fois que Jésus présente au Père, non seulement ses disciples, mais aussi ceux qui plus tard croiront en lui, sans l’avoir vu. Aujourd’hui, Jésus prie directement pour nous et demande au Père la grâce qui lui est très chère : l’unité. L’ unité, c’est le grand rêve de Dieu, l’unité dans nos différences. Ce rêve, avouons-le aussi, a été très rarement réalisé par l’humanité. Dès le départ, sans doute au moment où le rédacteur écrit l’Évangile, l’unité de l’Eglise est déjà en mauvaise posture. Dans les Actes des Apôtres, nous voyons que cela ne va pas fort entre Paul et Jacques, le premier évêque de Jérusalem, cousin de Jésus et chef des judéo-chrétiens. Pierre se trouve entre les deux comme entre le marteau et l’enclume ; tandis que le courant johannique semble de son côté faire sécession, en étant attiré vers les courants gnostiques. Ainsi, dès le départ, la prière de Jésus le soir du Jeudi Saint semble être un projet plus qu’une réalité.
Le père Teilhard, alors qu’il sortait tout juste des tranchées de la guerre de 14 où des millions de personnes baptisées s’étaient entre-déchirés, croyait que depuis la résurrection de Jésus, existait envers et contre tout, une lente montée de la conscience, la lente montée d’une certaine unité entre les humains, une conscience que nous formons un même corps, y compris avec le cosmos. La question écologique, d’une certaine manière, a accélérée cette montée de la conscience commune. Malheureusement, du fait de l’amenuisement des ressources, c’est la loi du plus fort qui semble s’exprimer dans cette lente formation conscience commune, d’autant plus que la période des grands empires s’est annoncée sans crier gare. Vous et moi, depuis les origines de l’Église jusqu’à aujourd’hui, il faut le reconnaître, nous ne voyons pas de façon évidente les effets positifs de cette grande prière de Jésus le soir du Jeudi Saint. Nous ne percevons pas ou très peu, la force de cette lente montée de la conscience d’être bien unis comme un corps, avec nos différences. Toute l’histoire non seulement de l’Eglise mais de l’humanité semble être marquée par notre incapacité à marcher au rythme trinitaire. Soit, nous exacerbons nos différences, soit nous allons de façon volontariste vers une unité qui ira jusqu’à nier les différences, au point d’arriver parfois jusqu’aux systèmes totalitaires qui ont tellement terni le siècle dernier.
Comment les premiers chrétiens ont-ils vécu ce désir d’unité, après la résurrection de Jésus ? Je me suis demandé pourquoi cette première lecture décrivant le martyre d’Étienne venait faire entre ascension et Pentecôte. Or ce récit où nous voyons le premier diacre Étienne tomber au champ d’honneur, peut donner une clé, car immanquablement, les premiers chrétiens ont dû se poser la question : le Christ ressuscité est venu inaugurer une nouvelle ère de paix et d’unité, or nous récoltons la violence. Saint-Luc leur répond : dans le martyre d’Etienne, c’est la Pâque du Christ qui se renouvelle une deuxième fois. Ils auraient pu retorquer : le drame de la violence de la croix se répète, c’est infernal ! Mais Luc écrit : « Étienne était rempli d’Esprit Saint ». Dieu peut tirer du mal un bien. Le monde peut être changé. Ce n’est pas écrit noir sur blanc, mais nous pouvons croire qu’un des fruits de l’offrande de vie de Saint Étienne est cette conversion tellement surprenante de Paul sur le chemin de Damas, une conversion tellement soudaine, tellement verticale qu’elle ne peut s’expliquer que dans le mystère de la communion des saints. C’est ainsi, pense Luc et de nombreux croyants, que la prière de Jésus pour l’unité s’exprime : « La création gémit dans les douleurs de l’enfantement » écrira Paul.
La création jusqu’à aujourd’hui gémit. Alors que notre civilisation occidentale donne plus que des signes de fatigue, alors beaucoup de choses s’affaissent ; ce qui était bâti sur du sable s’écroule, ce qui s’est desséché s’écroule aussi, mais nous croyons que beaucoup de choses germent dans le silence. La prière de l’unité tient dans le secret. J’en ai parlé plusieurs fois, je risque de me répéter, mais nous avons vécu dernièrement l’élection du pape Léon. Cet homme venu de presque nulle part, a toutes les capacités, tous les charismes pour faire avancer l’Église catholique dans l’unité, au moment où ses différences risquent de se polariser. L’unité est avec la paix, les deux thèmes qui lui tiennent le plus à cœur. Lla prière de Jésus pour l’unité continue de porter son fruit.
Je terminerai par une anecdote. Lorsque j’étais aumônier d’étudiants, l’ancien évêque d’Évry était venu un jour nous rendre visite. Il avait dit aux étudiants que ce qui était essentiel, c’était que nous soyons unis les uns aux autres. C’était notre témoignage. L’un des étudiants rétorqua que les autres associations du campus, laïques ou laicardes, n’avaient que faire que nous soyons unis ou pas, c’était le dernier de leurs soucis. Je pense que l’évêque voulait parler de l’unité telle que Jésus nous la présente dans cet évangile : que nous soyons unis de l’unité même du Père et du Fils. Une image pourrait l’exprimer, une image irreprésentable (je l’ai trouvée il y a quelques jours dans un livre qui commente la grande prière du jeudi st). L’unité telle que la pense Jésus ressemble à nos petites bougies allumées dans la nuit de la veillée Pascale. Nous sommes en train de tenir à la main ces petits cierges qui représentent ce que nous pouvons individuellement apporter au monde. Mais l’auteur ajoute qu’en plus de ces petites bougies il faudrait voir au milieu de nous un grand feu qui contient toutes ces petites lumières. Encore une fois cette image est irreprésentable mais elle exprime bien le dessein de Jésus que nous venons de commenter. Gardons là, cette image car elle indique que seul l’Esprit peut réaliser l’unité!
PRIERE UNIVERSELLE
7ème DIMANCHE DE PAQUES
(Président ): Entre Ascension et Pentecôte, Viens, Esprit-Saint,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière sur nous mêmes, sur l’église et sur le monde, particulièrement sur les 6 jeunes adultes de St Ignace qui seront confirmés samedi prochain :
________________
(sur fond d’orgue.lire lentement).
1- Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos cœurs.
2- Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes
adoucissante fraîcheur.
3- Dans le labeur, donne le repos,
dans la fièvre, donne la fraîcheur,
dans les pleurs, donne à tous le réconfort.
4- Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est profondément blessé.
5- Assouplis ce qui est raide en chacun de nous,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.
_____________
(président) Oui, Esprit Saint, Donne-nous mérite et vertu pour poursuivre notre tâche de baptisés-confirmés, donne à tous le salut final,donne la joie éternelle. Amen