HOMÉLIE

Aimez-vous comme…

Pour entrer dans notre évangile, il faut remonter juste avant, au lavement des pieds. Jésus vient de laver les pieds de ses apôtres, de Pierre, mais aussi de Judas et des autres. A Pierre, il a annoncé que sa générosité désordonnée lui ferait le renier, mais que ce serait une bonne leçon qui lui permettrait d’ajuster leur relation pour qu’il puisse devenir Pierre, la pierre de fondation sur laquelle bâtir l’Église. Mais Jésus a aussi lavé les pieds de Judas et le tableau au fond de St Ignace est très clair : Judas se laisse faire à contre-cœur, en détournant les yeux, en fait en refusant le geste de Jésus. Et quand il part, quand il quitte le groupe et la communion, Jésus lui dit seulement : « Ce que tu as à faire, fais-le vite ! »

En fait, Jésus leur donne DE trahir, à Pierre comme à Judas. Il en assume très librement les conséquences : sa propre mort. C’est une offre de pardon, ce que j’appelle un « pardon originel », comme le père au départ de son fils prodigue. Ce n’est pas un metteur en scène de théâtre ou de cinéma qui fait jouer un rôle, dans un texte écrit d’avance. C’est un risque dont il peut pressentir le résultat, mais non pas le vouloir ou l’organiser. Par rapport à Judas, n’oublions pas leur dernière rencontre lors de l’arrestation : « Mon ami » dit Jésus, ce n’est pas une formule de politesse, mais une ultime offre de pardon.

Par-là, l’évangile nous dit que Jésus est glorifié. Il ne s’agit pas de sa réputation, d’une opération de communication, de sa cote de popularité. Sa gloire, c’est son iden­tité profonde, sa manière d’être fils, d’accueillir et de mettre en œuvre la volonté, je préfère dire le désir du Père. C’est le fond de son être qui se révèle aux yeux de ceux qui veulent bien accueillir cette révélation, cette apocalypse.

Aimer « comme » Jésus n’est pas l’imitation d’un modèle, la suite d’un leader… Un jeune jésuite en avait fait le sujet de son devoir de théologie. Il avait parlé d’un « comme d’engendrement ». Son professeur, le père Léon-Dufour, avait fait publier le devoir en confessant : « Il arrive qu’un professeur apprenne de ses élèves ! » Il s’agit de passer par Jésus pour aimer, de regarder l’autre, et surtout notre ennemi, à travers le regard de Jésus. « Celui-là, Jésus, je n’arrive pas à le pardonner. Mais toi, Jésus, tu l’aimes, tu donnes ta vie pour lui. Tu te sacrifies librement pour lui. Donne-moi de le regarder avec tes yeux. »

Cela nous amène à deux expressions à la fin de la première lecture. On nous parle de Paul et Barnabé qui avaient été « remis à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie ». Mais quand eux-mêmes prennent la parole, ils parlent de « tout ce que Dieu avait accompli avec eux ». C’est là exactement l’action de grâce, l’action de la grâce : Dieu est à l’œuvre en cet âge et c’est lui qui aime, qui parle, qui convertit, qui appelle… Mais la paix que nous implorons pour l’Ukraine ou les enfants de Gaza, c’est à nous de la réaliser, tout en confessant que cela nous sera donné par Dieu. Attendre qu’elle descende toute seule du ciel, c’est une attitude infantile, c’est refuser notre respon­sabilité en la matière.

Et la seconde lecture nous parle d’une monde nouveau. « Je fais toutes choses nouvelles » n’est pas « je fais de nouvelles choses », mais je renouvelle les choses déjà existantes. C’est exactement cela la résurrection. Pour les enfants, on évoque la mutation de la chenille en papillon : elle en a la possibilité, même si elle ne le sait pas ! Mais il faut qu’elle accepte de lâcher la protection de sa carapace de chenille pour laisser se déployer les ailes du papillon.

Bruno de GABORY

 

PRIÈRE UNIVERSELLE

(PDT) Seigneur, tu nous dis : « Aimez vous les uns les autres ».  Que ce commandement se reflète maintenant dans nos intentions de prière pour l’Eglise et pour le monde:

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Lundi prochain, 15 jeunes des favelas de Rio de Janeiro viendront donner un concert à l’église Saint-Ignace, sous l’égide de l’université jésuite. C’est une occasion pour nous de prier pour tous ces jeunes qui peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes,  s’ils sont bien encadrés, s’ils sont aimés, et s’ils peuvent développer librement leurs talents. Nous te bénissons aussi pour tous ces adultes qui croient en eux, pour leur amour d’éducateur, à la fois exigeant et miséricordieux.

 

Ce dimanche, le pontificat de notre nouveau pape est inauguré durant une grande Eucharistie sur la place St Pierre. Que cette célébration très officielle reflète, chez tous ceux qui la regarderont, un amour nouveau ou renouvelé pour le projet de Jésus ressuscité, de bâtir son église sur le roc solide de l’amour divin. Nous te prions Seigneur.

 

Le Père Nicolas est pendant 3 jours au Jubilé des célibataires à Paray-le-Monial. C’est une occasion pour nous de prier pour ceux et celles qui vivent plus ou moins bien, et souvent de façon très discrète, cette situation de célibataire. Que ce jubilé soit l’occasion pour eux d’être encore plus aimés, respectés, reconnus comme des « pierres vivantes » et précieuses de nos communautés, nous te prions Seigneur.

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(PDT) Seigneur, nous ne savons pas aimer vraiment. Apprends-nous à aimer davantage, en cette eucharistie, Dieu vivant, pour les siècles des siècles. Amen