Homélie 6ème Dimanche ordinaire Année B

« La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)

Il n’est pas inconvenant de se demander si Jésus ne souffre pas d’une étonnante faiblesse ! Car l’attitude de Jésus a quelque chose d’apparemment contradictoire ! Je m’explique : Il guérit presque malgré Lui. Il fait tout son possible pour que la nouvelle ne se propage pas. Mais lorsqu’un malade se trouve devant Lui, il ne lui refuse rien. N’est-ce pas là une faiblesse de sa part ?

Comme nous le rappelait Jacques Trublet il y a deux semaines, St Marc veut que nous découvrions un Jésus humain et divin. En face de quelqu’un qui est dans le besoin, oui, Jésus est faible. Devant certaines formes de prières ou de foi, il ne sait pas résister.

Ecoutons ce lépreux ! sa prière, simple et courte touche Jésus au plus profond de lui-même. « Si tu le veux, tu peux me guérir ! ». Dans cette phrase tout brève, il n’y a pas à vrai dire de prière explicite. Mais soyons honnête : toute l’attitude de cet homme est déjà une prière. Elles confessent le pouvoir de Jésus « tu peux me guérir ». Pouvoir qu’un simple guérisseur ne peut pas s’octroyer mais qui dit à quel point cette puissance -pour Jésus- vient de Dieu.

Mais le lépreux va plus loin : il ajoute « si tu veux ». Comment traduire ces quelques mots pour rendre tout leur relief ? « Si tu veux » …entendez : « si cela peut être source de joie à toi aussi…alors guéris-moi ! » Le lépreux ne dit pas à Jésus : fais-moi plaisir ! Il lui dit : si tu veux, si tu voulais que ce plaisir soit également le tien.

Cela signifie quoi ? que nous pouvons être -avec nos maladies- être la joie de Jésus et que cette joie peut être première, voire plus importante que la nôtre ! Ce lépreux a vu juste ! Il a touché le cœur de Jésus car c’est bien par pur amour que Jésus va le guérir -comme il peut nous guérir en s’offrant à chacun de nous qui sommes blessés.

« Si tu veux… / si tu le veux ». En y réfléchissant bien, toutes nos prières sont comme suspendues à la volonté et à la joie de Dieu ; à la grâce dont il veut nous combler.

N’hésitons à toucher le cœur de Dieu. Sa joie n’en sera que plus grande.