Homélie Epiphanie Année B 2024

Pourquoi Jérusalem ne se précipite pas à la crèche avec des cris de joie, comme Isaïe y invite ? A peine les mages ont-ils parlé de la naissance du roi des Juifs que l’inquiétude règne aussi bien dans le cœur du roi et qu’au sein du peuple de Jérusalem.

La venue de Jésus ne suscite donc aucun enthousiasme mais de la peur car pour Hérode, cette naissance nullement attendue est pressentie comme indésirable.

Quel paradoxe ! Jésus, Celui qui vient sauver son peuple est ressenti comme une menace ! Très exactement, il est soupçonné de vouloir détrôner le pouvoir en place.. Quel contraste avec l’annonce de l’ange qui annonçait à Marie salut et libération ! Quel contraste avec le chant des anges à la crèche qui louait Dieu pour la paix qu’il instaurait entre les hommes !

Mais pour qu’il en soit ainsi, que s’est-il passé ? Pourquoi une telle panique ? En fait, c’est dans la parole des mages qu’il faut chercher la raison de ce mouvement de peur. Ils ont demandé « où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » Entendons bien le titre dont ils ont qualifié Jésus : ce titre parle de lui en tant que Roi. Voilà le soupçon qui pèse sur lui : il serait roi… De ce fait, ses gestes, ses paroles doivent être scrutées. Et l’on sait qu’ils seront retenus pour devenir un chef d’accusation qui le condamnera définitivement.

Oui Jésus est roi, mais lorsqu’il dit que sa royauté n’est pas de ce monde, le pouvoir en place n’y croit pas ! La seule réaction qui domine est la peur au point qu’Hérode, par ruse, va essayer de se débarrasser de lui. Mais…ruse pour ruse, Dieu déjoue les plans d’Hérode et les mages vont pouvoir même revenir chez eux par un autre chemin.

Princes de ce monde et cet enfant nouveau-né ont donc du mal à cohabiter et cette réalité n’est pas que d’hier, nous le savons bien. Seuls les pauvres, les sans-nom sont capables de s’ouvrir à ce Royaume de paix que Jésus vient inaugurer pour eux, c’est-à-dire les bergers, les mages venus du monde païen … Tous ceux qui peuvent comprendre intérieurement ce que Dieu fait pour eux et qui diront : paix aux hommes que Dieu aime.

Philippe Marxer, sj