HOMELIE de la FETE de la PRESENTATION du SEIGNEUR au TEMPLE
Il y a 40 jours, c’était Noël. Nous voyions Joseph et Marie tenus par les lois de l’Empire aller se faire recenser à Bethléem. Aujourd’hui, on les voit tenus cette fois-ci par la loi de Moïse d’aller présenter leur fils 1er né au Temple de Jérusalem. 5 fois, vous l’avez entendu, on fait référence à la loi. Dans les deux cas, le dessein de Dieu se tisse à travers les règles des hommes, celles qui sont imposées comme celles de l’Empire, comme celles qui sont inspirées et choisis, les prescriptions de la Loi de Moïse. Pourtant, nous ne voyons pas du tout les parents de Jésus accomplir les préceptes de cette loi de Moïse, les sacrifices. Deux personnes les accueillent au Temple et prophétisent leur destin. Tout se passe dans le cadre de la loi, mais c’est le grand moment de l’Esprit (on l’entend 3 fois : « poussé par l’Esprit ». Il en va de même pour nous : nous suivons les prescriptions depuis la résurrection de Jésus, nous dédions ce dimanche au Seigneur notamment par ce cadre liturgique, mais où l’Esprit vient, telle une brise ou parfois une sorte d’ouragan.
La tradition a fait de Siméon un vieillard disant Adieu à la vie, en saluant le Messie en cet enfant. En fait, contrairement à Anne, rien ne nous laisse dire que Syméon est âgé. Il a peut-être 40 ans. On sait seulement qu’il est juste et religieux et qu’il attend la consolation d’Israël. il fait partie des priants « des pauvres du Seigneur » (anawim) qui passent leur vie à prier autour du temple, on dirait aujourd’hui des consacrés. Ils attendent la « consolation » d’Israël, c’es-à-dire le second souffle, le premier souffle étant celui que Dieu a donné à Adam pour vivre à son image, dans le livre de la Genèse. Or dit le prophète Isaïe au chapitre 40, le peuple avait perdu le souffle pour vivre, il s’est épuisé en rompant l’alliance. « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu ». C’est difficile de l’expliquer en détail ici, mais tout ce que dit Syméon dans son cantique reprend mot pour mot les pages principales du prophète Isaïe.
Contrairement à Syméon, Anne est présentée, avec beaucoup de détails. Elle est qualifiée de prophétesse, qui est rare dans le premier Testament. On dit qu’elle est de la tribu d’Azer, ce qui est très intéressant car Azer une vieille tribu du Nord qui s’est séparée des autres tribus très tôt, dès le 8e siècle, au moment de l’invasion Assyrienne. La présence d’Anne est donc le signe que Jésus est le Messie qui vient dans un premier temps, réunifier, reconstituer tout Israël.
Pourquoi un homme et une femme accueillent le Messie au Temple et non les prêtres ou le grand Prêtre ? D’une certaine manière c’est simple à comprendre. Dans la loi, il faut deux témoins pour reconnaître un enfant. On se rappelle comme pour l’apparition du Christ au matin de Pâques aux femmes disciples, que le témoignage d’une femme n’était pas validée dans les actes législatifs. Pour Luc, c’est la façon de faire de l’Esprit.
Le texte fourmille de commentaires possibles, passionnants. Nous ferons son actualisation dans la prière universelle. Je voudrais seulement souligner quelques points, notamment à propos de la prophétie de Syméon. Elle se fait en deux temps, une prophétie de consolation et une prophétie de désolation. Nous aimerions qu’elle soit seulement une prophétie de consolation. Oh comme nous aimerions qu’il y ait dimanche de Pâques sans vendredi saint ! Or, la face ensoleillée de la consolation ne peut être annoncée sans sa face nocturne. Pourtant, nous ne sommes pas dans une religion du Ying et du Yang, ou dans le manichéisme où la force du bien peut exister par la force du mal qu’elle tient en équilibre !
Reprenons les deux prophéties : Siméon dit quelque chose à son époque vraiment hors du commun : que le Messie attendu sera « Lumière pour éclairer les nations, gloire d’Israël ton peuple ». Il ne dit pas que le Messie sera lumière d’Israël et cette lumière éclairera les nations. En reprenant Isaïe, il redit qu’il sera le Messie de tous, le Messie des païens : ce qui sera la gloire, c’est-à-dire l’identité profonde d’Israël. En cette phrase, il résume ce qui sera le fil rouge de l’Évangile de Luc et des Actes des Apôtres.
Le fait de voir, de tenir en ses bras Celui est qui est la consolation ; le fait d’accueillir ce messager de Dieu qui vient d’une manière si surprenante, procure certainement une joie immense à Syméon et ses amis. On dit qu’Anne répand la nouvelle à tous les groupes de priants du Temple. Cette nouvelle du Messie a dû se répandre sur le parvis comme une traînée de poudre. On peut à bon droit imaginer Syméon qui chante et danse tenant l’enfant dans ses bras comme les rabbins tiennent la Torah.
Mais, dans un 2ème temps, il prend le couple à part et annonce à Marie la prophétie de désolation : « Ton fils sera un signe de contradiction, il amènera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. » En effet, la manifestation de la gloire de Dieu s’accompagne toujours du jugement, c’est-à-dire du dévoilement des cœurs. Pourquoi ? Pour que l’Alliance puisse être accueillie dans la responsabilité, dans la vérité de la liberté : « Ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. » Il n’est pas possible d’être neutre devant le Messie ! La consolation entraînera dans un premier temps la chute, puis le relèvement, mais il faut bien interpréter ce verset : la chute aide à puissamment accueillir le salut. C’est la chute puis le relèvement.
Enfin, il y a ce dernier verset qui est un des versets les plus difficiles à commenter du Nouveau Testament ; lorsque Siméon dit à Marie : « Un glaive transpercera ton cœur. » De quel glaive s’agit-il ? Certainement, Marie reçoit l’annonce qu’elle souffrira comme une mère peut souffrir quand elle voit son enfant maltraité injustement. Mais, si on suit la prophétie de désolation, on peut induire que Marie souffrira du refus de tant de gens de son peuple d’accueillir la personne de son Fils, ce qui montre que Marie va être unie intimement à la mission de son fils.
je vous propose de relire cet Evangile à la maison et de se laisser prendre par ces prophéties de désolation et de consolation, elles sont si facilement actualisables.
P Nicolas Rousselot
PRIERE UNIVERSELLE 2 FEVRIER
(PDT) En ce jour de la Présentation du Seigneur au Temple, nous te présentons Seigneur nos vies et nos attentes, pour l’Eglise et pour le monde.
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En pensant à Syméon et Anne/ qui ont dédié leur vie au Seigneur,/ nous te confions les « consacrées » dont c’est la fête aujourd’hui.//Qu’ils soient toujours plus nombreux/, toujours plus vaillants/ pour qu’ils se trouvent toujours au bon endroit/ et au bon moment de l’histoire humaine/ pour que ton règne vienne. Nous te prions Seigneur.
En pensant à Marie et Joseph qui viennent consacrer/, c’est-à-dire redonner au Père/en action de grâce/ l’enfant qu’ils ont reçu,/ nous te confions tous les instituts de vie consacrée/ et spécialement la Compagnie de Jésus/ pour qu’ils reçoivent la force de poursuivre leur mission/ en recevant de ta main un grand nombre de nouveaux membres/ si telle est à volonté/ nous te prions Seigneur.
En pensant à ce que dit Siméon à Marie/ : « Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive »/ nous n’oublions pas toutes les mères qui souffrent de la souffrance de leurs enfants/ injustement maltraités/. Que la souffrance d’amour de ces mères/ monte comme une prière instante auprès de Toi Seigneur,/ et que la Vierge Marie /dont la présence si discrète nous étonnera toujours/ ne cesse de les guider /et de les consoler,/ nous te prions Seigneur
En silence, nous prions maintenant pour une intention qui nous est chère.
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(PDT) Seigneur, un jour nous te rencontrerons face à face, mais dès maintenant, nous allons à ta rencontre, guidés joyeusement par la lumière qu’est ton Fils, Jésus, notre Seigneur, qui vient en cette eucharistie, Dieu vivant, pour les siècles des siècles. Amen