(Jn 12, 12-16 ; Is 50, 4-7 ; Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1 – 15, 47)

Ce dimanche, frères et sœurs, est un jour de contrastes et de contradictions. D’un côté, les rameaux de la glorification, de l’autre, les douleurs de la Passion. La fête, puis le deuil. L’accueil de Jésus par les foules, puis l’échec, l’injustice, le rejet. Et la mort de la croix. En ce jour, comme dans la vigile pascale, il y a la lumière et la nuit, mais ici les ténèbres semblent triompher : « l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure ».

Aujourd’hui, il faudrait pleurer. Pleurer avec Jésus. Pleurer avec Pierre. Pleurer avec Marie et les saintes femmes.

Pleurer devant la violence et l’injustice du monde. Et devant tous ceux qui ricanent et hochent la tête.

Pleurer devant la bêtise du monde, devant les outrages et les crachats. Et devant ces hommes qui ne savent pas ce qu’ils font.

Pleurer par compassion pour toutes les victimes du monde. Pour les innocents frappés, bafoués, mis à mort.

Pleurer pour mon péché, mes trahisons, mes lâchetés. Pleurer pour mes complicités avec le mal.

Et pleurer pour Jésus. Pleurer, mais en regardant Jésus. Pleurer, mais en me laissant regarder par Jésus.

Pleurer, mais par grâce, en me livrant à la miséricorde infinie de Dieu.

Pleurer, mais en rendant grâce, pour Jésus qui aime jusqu’au bout.

Pleurer, mais en rendant grâce, pour Dieu qui se livre à nous, qui s’anéantit pour nous.

Pleurer de tristesse pour le mal qui semble triompher du bien, pour la mort qui semble vaincre la vie, pleurer quand toute lumière semble disparaître. Mais plus encore, pleurer de reconnaissance pour Dieu venu parmi nous. Pour Dieu subissant l’injustice et l’outrage. Pour Dieu mis à mort. Pour Dieu qui s’offre et se donne pour notre vie.

Aujourd’hui, c’est la mort, le deuil et la nuit. Aujourd’hui, le Roi du monde, notre Roi, crie et meurt.

Mais déjà, avec le centurion, nous pouvons dire : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! ». Et, avec toutes les puissances de l’univers, nous pouvons tomber à genoux et proclamer : « ‘Jésus Christ est Seigneur’, à la gloire de Dieu le Père ».

Jean-Bruno Durand sj