Commentaire de la Parole

Saint Ignace, 2 juin 2024

Ex 24, 3-8

Ps 115

He9, 11-15

Mc 14, 12-16.22-26

Les enfants et les jeunes du MEJ, c’est votre fête aujourd’hui. C’est la fête de l’Eucharistie, et donc du Mouvement Eucharistique des Jeunes : alors, bonne fête ! « Eucharistie », ce n’est pas un mot qu’on utilise dans la vie de tous les jours. Mais cela renvoie à une réalité que vous connaissez bien : « eucharistie », cela veut dire rendre grâce, remercier, être reconnaissant. Et c’est quelque chose que vous vivez, et que l’on sait vraiment faire au MEJ : remercier Dieu par le chant, par la fête, par la créativité, par la joie. Remercier, c’est déjà mettre de l’eucharistie dans nos vies.

Les grandes fêtes de l’Église sont là pour nous dire quelque chose sur Dieu, et sur nous. Aujourd’hui, nous célébrons le désir de Dieu de se donner à nous ; et notre désir de rencontrer Dieu.

L’eucharistie, c’est la fête d’une alliance, une fête pour donner et recevoir. C’est l’occasion d’apporter à Dieu tout ce qui est important dans nos vies : le pain qui nous fait vivre, le vin de la fête, nos joies et nos peines, nos amis et nos ennemis… pour que Dieu les prenne dans son amour. Nous pouvons nous demander : qu’est-ce que j’apporte à Dieu aujourd’hui, avec le pain et le vin, pour que Dieu le transforme par son amour ?

Et puis, cette fête nous dit quelque chose de très important sur Dieu : Dieu aime donner, Dieu trouve sa joie à donner, il ne garde rien de précieux pour lui. Notre Dieu est un Dieu qui aime donner. Dieu a faim et soif de se donner à nous. Notre Dieu est un Dieu qui parle, qui libère, qui fait vivre.

Si nous regardons les textes de la messe aujourd’hui, que voyons-nous de cela ? Dieu se donne à nous par sa parole ; il nous donne la liberté, il nous libère ; il se donne lui-même à nous dans le pain et le vin.

Dans la 1ère lecture, tirée du livre de l’Exode, nous sommes avec le peuple dans le désert, après la sortie d’Égypte. Dieu libère son peuple de l’esclavage. Cette libération n’est pas seulement un événement du passé : la sortie d’Égypte, la traversée de la Mer Rouge. La libération se poursuit par la parole que Dieu continue à adresser à son peuple. Dieu a faim et soif de se donner à nous par sa Parole. Il a faim et soif de notre liberté. Il désire faire alliance avec nous. Faire alliance, c’est entrer dans une relation de confiance mutuelle, une relation où l’on puisse compter l’un sur l’autre, chaque jour et pour toujours. Dieu nous dit que nous pouvons compter sur lui ; et lui compte sur nous. Et voilà ce que le peuple répond : « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique » – comme s’il disait, comme si nous disions aujourd’hui : « Seigneur, nous pouvons compter sur toi, et tu peux compter sur nous ».

La 2ème lecture, la lettre aux Hébreux, nous montre le désir du Christ de se donner, de s’offrir à nous, pour notre libération, « une libération définitive ». Le désir du Christ, c’est que nous soyons libres. Voilà ce qu’il nous montre par toute sa vie : il est un homme libre, qui ne se laisse pas contraindre, ni influencer par le pouvoir, les biens, la séduction. Il est libre, et il nous veut libres comme lui.

Dans l’évangile, c’est précisément la mémoire de la libération du peuple que Jésus célèbre avec ses disciples : la libération, et l’alliance. Dans la célébration de la Pâque juste avant sa Passion, juste avant de mourir, Jésus prolonge et incarne le désir de Dieu de se donner à nous. En partageant le pain et le vin, il nous donne son corps et son sang, c’est-à-dire sa vie : tout ce qu’il a, et tout ce qu’il est. Il ne retient rien pour lui. Sa joie, c’est de nous donner ce qu’il a de plus précieux : la vie qui lui vient du Père, l’amour du Père. Et il ne veut pas le donner uniquement à ses amis les plus proches, mais à tous, à ceux qui ne le connaissent pas encore : l’alliance est « pour la multitude ».

Dans la fête d’aujourd’hui, en célébrant l’eucharistie, nous célébrons le grand désir de Dieu de nous donner tout ce qu’il a et tout ce qu’il est – de nous donner son amour. Dieu a faim. Il a faim de nous aimer. Peut-être fêtons-nous aussi aujourd’hui, en retour, notre propre faim de Dieu. Quelle est ma faim de Dieu aujourd’hui ? Comment est-ce que j’ai faim de Dieu ? – Ce peut être le désir de le connaître davantage ; ou le désir qu’advienne la paix sur les champs dévastés par la guerre ; le désir de partager une joie débordante ; le désir que la vie soit plus forte que la mort… Comment se manifeste en moi aujourd’hui la faim de Dieu ? Dans la prière, dans cette eucharistie, je peux lui offrir la faim, la soif, le désir qui m’habite aujourd’hui.

Je voudrais terminer en lisant une prière, écrite par Claire Monestès, fondatrice de La Xavière, dans le langage de son temps (1933) : une prière qui dit la faim de chercher et trouver Dieu dans l’eucharistie. Une faim qui n’est pas le désir de garder Dieu pour soi, mais un désir missionnaire, le désir « d’un Dieu pour tous, à partager comme un pain » (Rimaud) :

« Seigneur, donnez-moi toujours faim de vous-même, faim d’avoir toujours faim, faim du sacrement de vie. Donnez-moi la grâce de [communiquer] cette faim aux âmes, de la rendre toujours plus aiguë. Faites que mon âme ne se rassasie jamais ici-bas, et que toutes les âmes que vous me confierez soient toujours insatiables de vous. Amen. »

Agata ZIELINSKI, xavière