« Amen, Viens Seigneur Jésus » !

 

Dimanche 29 mai 2022

 

Nous sommes dans le moment de l’attente, le moment de la prière. Et nous avons entendu trois grandes prières finales : celle de Jésus, celle d’Étienne et celle de Jean dans la finale de l’Apocalypse, et une quatrième, le psaume, où nous avons prié à notre tour. De ces prières, je retiendrai trois points : l’horizon qu’elles nous ouvrent, le chemin qu’elles nous tracent, l’élan qu’elles nous donnent.

L’horizon tout d’abord.

« Ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire ».

C’est l’ultime prière de Jésus, et bientôt le Père l’exaucera :

« Étienne, rempli de l’Esprit Saint, fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu et Jésus, débout à la droite de Dieu ».

Le Père exauce sa prière pour Étienne, mais aussi pour nous tous. C’est cela que nous avons célébré à l’Ascension, la contemplation de la gloire de Jésus.

A l’Ascension, nous est révélé notre horizon, ce que Dieu veut pour nous : que nous soyons UN, en lui.

Et Jésus est là pour nous guider sur le chemin. C’est mon deuxième point.

« Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi ». Puis il ajoute :

« Qu’ils deviennent parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé ».

Jésus est debout près du Père. Cette proximité entre Jésus et le Père, rien n’a pu et rien ne pourra l’affecter. C’est cette proximité qu’il veut nous partager, une proximité d’envoyé. Le Père parle, Jésus l’écoute et accomplit sa volonté, à tel point que Jean a pu dire de Jésus qu’il est Parole de Dieu. Et cette volonté, c’est que nous devenions Un en lui, que nous devenions parole dans la Parole.

Jésus nous ouvre sa prière, et nous découvrons que qu’il nous revient de faire : nous sommes appelés à aider Jésus à accomplir sa mission.

C’est ce dont Jean témoigne dans l’Apocalypse.

« J’ai entendu une voix qui me disait : « voici que je viens sans tarder ».

Jésus est la voix qui annonce sa venue. Jésus est la parole qui vient pour que nous parlions avec la même qualité de parole, que pour que nous échangions nos paroles, que nous scellions l’alliance nouvelle et éternelle.

Comment mettre nos voix au diapason de sa voix ? C’est là le troisième point.

L’Apocalypse le dit : « l’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! »

Le Père et le Fils envoient l’Esprit Saint, qui est l’Amour qui les unit, et c’est l’Esprit qui ouvre nos oreilles, transforme nos cœurs de pierre en cœur de chair, délie nos langues, et nous donne de dire ensemble, dans un même élan d’amour : « Viens ».

L’Épouse, c’est l’Église, l’Église c’est la communauté que nous formons, inspirée dans un même souffle, qui reconnaît Jésus comme l’Époux, et lui dit « Viens », pour les noces de l’agneau.

L’Esprit Saint, lorsqu’il vient, nous permet d’entendre la parole de Jésus : « Je viens sans tarder ». Et nous pouvons alors répondre, avec Jean : « Amen ! Viens Seigneur Jésus »

« Amen » c’est-à-dire, « oui ».

Le oui de Marie ouvrant son cœur et son corps à Jésus,

Le oui d’Étienne, à qui Jésus s’unit dans sa passion, jusqu’à unir leur voix dans cette parole : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ».

Dans cette parole, la mission de Jésus s’accomplit : le péché, qui est division, continue d’être vaincu.

Demandons la venue de l’Esprit, afin de devenir, nous aussi, et les uns envers les autres, parole de Dieu, source de vie nouvelle.

En échos à cette demande, je ne peux pas ne pas vous raconter ce dont j’ai été témoin dernièrement, grâce à Dominique, qui est détenu à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Pendant la pandémie, l’enfermement total le faisait sombrer dans le désespoir, il ne pouvait plus prier. Il m’a écrit : nous nous connaissons depuis quelque temps. Je lui ai répondu que je priais Jésus de venir vers lui, et je l’invitais à prier de même ».

La pandémie s’éloignant, nous avons de nouveau pu nous rencontrer. Et là, il m’a dit deux choses. La première, c’est que sa prière avait été exaucée : et c’est vrai qu’il avait un sourire rayonnant. La seconde, c’était quelques minutes auparavant, un surveillant était venu ouvrir sa cellule pour le conduire à la messe.

Dominique a vu le regard triste de cet homme et il l’a interrogé. Il lui a répondu qu’il était au désespoir, car sa mère était au plus mal en Guyane, et il ne pouvait pas être près d’elle. Dominique a demandé : « est-ce que vous priez ? » Il a répondu : « je n’y arrive plus ». Dominique lui a dit « je vais prier pour que Jésus vienne auprès de votre mère, et vous, priez de même. Jésus viendra. » Dominique m’a dit qu’il a vu l’homme se redresser et une flamme s’allumer dans son regard.

Chaque jour de la semaine qui vient, demandons la venue de l’Esprit Saint, car c’est lui qui nous fera entendre la voix de Jésus nous dire « Je viens » et qui nous permettra de répondre à pleine voix : « Amen, Viens Seigneur Jésus » !

Guilhem Causse sj