« Je ne suis pas venu abolir mais accomplir »
Dimanche 12 février 2023
« Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens, mais moi je vous dis ». Je reprends dans ce long sermon sur la montagne … cette affirmation de Jésus. Très honnêtement, les auditeurs de Jésus ont dû être étonnés car ce qu’il déclare frise le blasphème. En effet les commandements qu’il cite-même en précisant qu’ils sont insuffisants- sont sacro-saints. Ils appartiennent à la Parole de Dieu, révélée dans la Bible.
Et cependant, sans perdre un moindre instant son calme, Jésus continue le parallèle amorcé : « Aux anciens, il a été demandé…, eh bien moi je vous dis… ». Cela signifie que les temps ont changé, que le nouveau succède à l’ancien ; en Jésus, c’est Dieu lui-même qui intervient avec autorité.
Mais soyons de bonne foi ! Jésus s’oppose-t-il à la Loi ancienne ? Non, pas du tout. Il dit même exactement le contraire « ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes : je ne suis pas venu abolir mais accomplir ». Il est clair que la Loi de l’Ancien Testament avait ouvert un chemin, mais qu’elle n’a pas encore abouti ; elle a besoin d’être accomplie. Pourquoi cette nécessité ? Parce son observance est trop extérieure, et de ce fait, elle n’arrive pas à porter tout son fruit. La Loi est sainte et spirituelle – St Paul nous le dira- mais laissée aux mains des hommes (que ce soit au temps de Jésus ou aujourd’hui) elle est dévoyée.
Quel est l’aboutissement de la Loi ? Voilà la question que nous devons nous poser. Son aboutissement, c’est Jésus. Lui peut nous montrer le vrai chemin car il est lui-même la Loi, la Parole de Dieu incarnée. Et l’Esprit, lui aussi peut se substituer à elle puisqu’il est la Loi nouvelle, celle qui est gravée sur nos cœurs de chair.
Il est donc inutile d’opposer Jésus à la Loi vu qu’il est lui-même la Loi. Et l’Esprit, non plus, ne peut s’opposer à la Loi puisqu’il est même la vie de Dieu en nous.
Tout se passe donc dans le cœur, dans notre cœur, là où l’Esprit de Dieu nous provoque en nous faisant comprendre que ce ne sont pas les gestes extérieurs, imposés, interdits qui souillent ou purifient l’homme. Notre vérité comme notre sainteté sont dans notre cœur. Nous le savons, l’Esprit de Dieu -les pensées de Dieu- ou l’esprit du mal -les pensées mauvaises- s’y trouvent. C’est donc le cœur qui doit être pur, comme l’œil dans le corps puisque c’est tout notre corps qui doit être lumière. Nous percevons bien à quel point nous sommes en fait dédoublés…qu’il y a une duplicité qui ne cesse d’éteindre en nous le désir de Dieu.
Jésus n’est pas venu abolir la Loi mais la conduire à sa plénitude. Il l’a réduite à sa plus simple expression, à ce grand commandement -le premier à ses yeux et le second qui égale le premier ». Aimer Dieu et son prochain. Entre ces deux commandements sont toute la Loi et les Prophètes.
P. Marxer sj