24 Janvier 2021 – Dimanche de la Parole de Dieu

Jon 3, 1-5.10 ; Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9 ; 1 Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20.

1- Frères et sœurs, en ce dimanche de la Parole de Dieu, je vous invite à méditer cette belle expression de « Parole de Dieu »… Il y a de la force et de l’audace dans ce terme. Beaucoup de force, beaucoup d’audace ! Et sans doute une part d’étrangeté, si nous y faisons bien attention.

Que dit-on quand on dit que Dieu parle ? Il y a comme un double ou triple miracle… Que Dieu parle… que nous puissions entendre… mais peut-être d’abord le miracle de la parole au sens le plus ordinaire du mot, quand une personne parle à une autre.

2- Parler, tout simplement, ordinairement, c’est dire quelque chose à quelqu’un. Et souvent, apparemment, ce qui nous importe le plus, pense-t-on, c’est le « quelque chose », le contenu de ce qui est dit. Transmettre une information ou une nouvelle, donner un ordre ou faire une demande, enseigner ou renseigner, se laisser enseigner ou se renseigner, et ainsi de suite. Mais peut-être, le plus important, le plus profond, en réalité, c’est la relation qui s’établit. La parole humaine permet certes l’échange de nouvelles et de savoirs, et c’est beau, mais elle établit d’abord un lien entre les personnes, ne serait-ce qu’à travers les mots très simples de la politesse et de l’affection. En tout cas, c’est sa vocation. Non seulement communiquer quelque chose, mais permettre la relation de personne à personne. Alors, on comprend que nous attendions de la parole humaine ce qu’elle ne tient pas toujours, que nous y attendions vérité, respect, délicatesse, attention…

3- Quand Dieu parle, il parle avec toute cette force de la parole véritable. Nul mensonge, nulle tromperie en lui, nulle distance entre le dire, le faire et l’être. Et au contraire, respect, appel, don, promesse, bénédiction. Une parole qui dit la relation et l’amour, qui établit la relation et l’amour, qui révèle Dieu comme relation et amour.

À propos, quelle langue Dieu parle-t-il ? La langue de Dieu, bien sûr, puisqu’il est Dieu ! Et notre propre langue, puisqu’il nous parle ! La langue de Dieu se fait langage humain, s’exprime dans toutes les langues de la Terre, épouse chaque culture, chaque époque, prend nos mots, notre vocabulaire, nos images. Elle part de là où nous en sommes, vient rejoindre ce que nous sommes, là où nous sommes. Elle est pour chaque communauté et pour chaque individu. Et, tout ordinairement, elle passe dans l’histoire par ces communautés et ces individus pour se faire entendre et nous rejoindre.

4- Où et comment rencontrons-nous cette Parole de Dieu ? En bien des lieux et de bien des manières sans doute. Ce peut être l’Écriture Sainte lue et méditée personnellement. Ce peut être l’étude avec d’autres des textes bibliques, de leur histoire, de leur contexte, de leur sens. Ce peut être la Parole de Dieu proclamée et écoutée en Église, en particulier, dans la liturgie. Mais, toujours, cette parole n’est pas simple texte, puisqu’elle veut nous parler au cœur. Elle ne veut pas que nous restions seuls, puisqu’elle veut construire l’Église. Elle n’est pas à entendre par nos seules forces, puisque c’est l’Esprit de Dieu qui peut la rendre vivante en nous et dans nos communautés. La Parole de Dieu est à entendre et comprendre dans l’Esprit Saint, puisque celui-ci a inspiré nos ancêtres dans la foi, et notamment les auteurs et communautés bibliques. Et, plus encore, parce que la Parole de Dieu veut nous permettre de vivre de l’Esprit de Dieu et de sa grâce.

5- Après la proclamation de l’Évangile, le diacre ou le prêtre dit : « Acclamons la Parole de Dieu », et nous répondons : « Louange à toi, Seigneur Jésus ». Ce que nous célébrons et acclamons à ce moment-là, ce n’est pas d’abord tel ou tel texte, aussi beau soit-il, c’est le Christ lui-même,

Au plus profond, la Parole de Dieu, c’est le Christ lui-même. Il est le Verbe fait chair. Dieu, le Très-Haut, l’Au-delà de tout, dans sa divinité, est venu parmi nous en son Fils, et s’est fait pleinement humain. Jésus, la Parole divine, a pris notre humanité, afin que nous puissions être unis à sa divinité. Quand Dieu parle, quand il nous parle, il établit une communion, et ce qu’il communique, c’est lui-même, son amour, sa grâce. Le Christ, c’est Dieu qui nous parle, qui s’adresse à nous, qui se communique à nous.

6- Aujourd’hui, dans l’évangile, le Christ, la Parole de Dieu s’adresse à nous, à vous, à moi, à chacun de nous. Que dit-il ? Trois choses, ou une seule peut-être, car c’est trois choses n’en font qu’une. Il nous dit : « Convertissez-vous », « croyez à l’Évangile » et « venez à ma suite ». Non pas trois idées, mais trois appels – ou un seul appel. Pour maintenant, et pour toujours. Nous n’aurons sans doute pas trop de toute notre vie, et de la vie éternelle, pour accueillir pleinement ce que Dieu veut nous donner dès aujourd’hui.

« Convertissez-vous »… Car il y a des choses à changer dans nos cœurs et dans notre monde, bien sûr. Mais plus encore car il s’agit de se retourner, de se tourner vers Dieu, vers sa Parole, vers ce qu’elle nous révèle. La conversion du cœur est retournement, révolution d’une certaine manière, car elle nous tourne vers Dieu et vers le prochain.

« Croyez à l’Évangile »… L’invitation à la foi ne va pas sans une invitation à la joie véritable, car la Parole de Dieu est « Bonne Nouvelle ». Dieu vient faire du neuf en notre monde et dans nos cœurs. C’est une Bonne Nouvelle, un Évangile. Alors donnons notre foi et notre confiance, l’adhésion et l’accueil de notre cœur et de notre esprit. À quoi, à qui ? À Dieu et à sa Parole !

« Venez à ma suite »… Dieu s’est manifesté parmi nous et il a montré son visage.

Pour apprendre à contempler Dieu, contemplons le Christ. Pour apprendre la paix et la douceur de Dieu, regardons le Christ. Pour entendre l’appel de Dieu, écoutons le Christ. Pour marcher sur les chemins de Dieu, mettons nos pas dans les pas du Christ.

Oui, frères et sœurs, croyons à la Parole de Dieu, à la Bonne Nouvelle du Salut, au Christ vivant qui nous appelle !

Jésus leur dit : « Venez à ma suite »… « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. »

 

JB Durand, sj

Prière universelle

Frères et sœurs, prions maintenant Dieu notre Père, pour l’Église et le monde.

1- Pour nos frères et sœurs chrétiens et pour les diverses communautés ecclésiales : pour que nos différences ne fassent pas obstacle à l’annonce du Christ mais manifeste ton amour pour tous, Seigneur, nous te prions.

2- Pour les élus et dirigeants des divers pays : pour qu’ils agissent avec détermination pour la paix, la justice et le bien commun, Seigneur, nous te prions.

3- Pour les victimes des fractures politiques, économiques, sociales ou religieuses : pour qu’elles rencontrent des artisans de communion et de paix, Seigneur, nous te prions.

4-Pour l’Église et nous tous, appelés à vivre de la Parole de Dieu ; pour ceux et celles qui entendent l’appel à suivre le Christ par la vie consacrée ou le ministère ordonné, Seigneur, nous te prions.

Écoute, Seigneur notre Dieu et Père, la prière de ceux que tu rassembles en ce jour. Que ton Esprit renouvelle le cœur de tes enfants. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.