« Que devons-nous faire ? »
Dimanche 12 décembre 2021
So 3, 14-18a; Ph 4, 4-7; Lc 3, 10-18
A écouter ce dialogue entre Jean Baptiste et tous ceux qui venaient à lui, nous apprenons qu’il y a deux baptêmes, bien distincts. Celui que Jean Baptiste administre et celui que Jésus donnera, ensuite, dans l’Esprit Saint et dans le feu. Et c’est dans cet ordre que Jean Baptiste les présente, l’un préparant l’autre.
Il y a aussi la question que les foules lui posent : « que devons-nous faire ? ». Et Jean Baptiste de répondre en précisant ce que chacun peut faire selon son métier. Il s’agit avant tout de partager ce qui a été donné et reçu avec celles et ceux qui n’ont rien, d’être justes dans les rapports avec autrui et enfin de ne pas laisser la violence nous diriger. Ces quelques prescriptions, si nous les faisons nôtres, sont signes d’une conversion qui s’opère en chacun de nous. S’ils nous tournent vers le Christ pour en accueillir son passage, ils ne sont en fait qu’un préalable, qu’une étape sur le chemin qui nous mène à Lui. Seul Jésus est en mesure de nous introduire à ce mystérieux baptême dans l’Esprit saint et le feu.
Il est clair que Jean avait pressenti cette venue de l’Esprit Saint avec Jésus. Et c’est pourquoi, lors du baptême de Jésus, il témoignera en disant avoir vu l’Esprit Saint demeurer sur Jésus et aussi, avoir entendu le Père s’adressant à son Fils et attestant de toute éternité son amour. Quant au feu, Jean précisera qu’il s’agit de la fin des temps, lorsque Jésus viendra récolter les fruits de la moisson et brûler la paille.
Pour nous qui ne connaissons qu’un seul baptême, nous ne réalisons peut-être pas la nouveauté offerte par Jean Baptiste aux juifs croyants. Car ce baptême dans l’Esprit saint et le feu ouvre sur la plénitude et la fin des temps, ce que ni le baptême de Jean, ni une vie morale irréprochable ne pouvaient donner. C’est un bouleversement des mondes, une nouvelle création.
L’Esprit que nous recevons à notre baptême, en tant que chrétien, est ce souffle même de Dieu qu’Il dépose dans notre être si fragile. C’est le même Esprit qui a reposé sur Jésus. Et, de ce fait, il fait de nous des fils. Par sa mystérieuse présence en nous, il ne cesse de dire « Abba Père » pour que cette prière devienne notre respiration ; pour que notre souffle coïncide avec celui de Dieu et qu’adhérant à Jésus, nous devenions, avec lui et avec le Père, un seul Esprit.
Telle est la nouveauté dont nous sommes les bénéficiaires et pour laquelle il serait bon que nous en soyons conscients ! Au baptême de Jean a succédé, une fois pour toutes, ce nouveau baptême dans l’Esprit et le feu. Il signifie que dès qu’il est administré, chacun de nous a reçu l’Esprit saint, que son feu a consumé cette partie de nous qui est péché et que nous sommes sauvés. Chaque sacrement fait entrer plus profondément dans ce mystère du salut. Pensons au don de l’Esprit qui est douceur et force ; au pain et au vin de l’Eucharistie qui nous unissent au Seigneur Jésus.
C’est ainsi.
Que notre vie quotidienne, notre travail, notre prière peuvent se transformer en une attente où ce mystère de Dieu en nous se réalise définitivement.
Que plongés dans le baptême qu’inaugure Jésus dans l’Esprit et le feu, la vie de Dieu ne cesse de se déployer en nous et que nous devenions de plus en plus réceptifs à cette proximité du Seigneur qui vient à notre rencontre ;
Que dans l’Église comme dans le cœur de chacun, s’allume ce feu de la prière qui ne cesse de répéter : Viens Seigneur Jésus.
Philippe Marxer, sj