Joie d’une Église en sortie
Dimanche 11 décembre 2022
Ce dimanche nous met face au doute de Jean Baptiste et de ses disciples ! Et nous pouvons remercier les évangélistes de nous le révéler parce que nous sommes comme lui : les œuvres de Dieu ne s’imposent pas par elles-mêmes et de ce fait, l’erreur ou pire l’illusion peuvent se glisser.
Jésus lui-même nous a mis en garde, si vous vous souvenez bien des paroles que nous avons maintes fois entendues de sa bouche : de faux prophètes – de faux christs- vont apparaitre ; et cela, plus l’avènement du Messie sera proche. Et il est bien souvent difficile pour ceux qui les écoutent de résister à leur charme. Le doute s’est donc installé dans le cœur de Jean Baptiste malgré le fait qu’il ait été témoin de la descente de l’Esprit sur Jésus lors du baptême ! « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre » ?
Belle interrogation qui nous rejoint : qu’avons-nous vraiment saisi de Dieu, quand nous pensons à Lui et que nous désirons qu’Il vienne à notre rencontre. En nous l’illusion est possible et, nous le savons, ce qui nous écarte de Dieu peut ressembler à ce qui nous rend proche de lui, … comme par exemple l’orgueil qui peut se présenter à nous sous les traits de l’humilité. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Que répond Jésus à cette question ? Vous l’avez entendu : « allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Entendons-bien : c’est bien à cette catégorie de gens : les aveugles, les boiteux, les sourds, les morts que Jésus révèle son identité. C’est à eux que Jésus advient parce qu’ils reconnaissent son visage et comprennent sa parole. Je vous ferai remarquer que c’est exactement ce que le Pape François essaie de nous dire en nous invitant à être une Église en sortie. Je vous renvoie à son exhortation Evangelii Gaudium : La Joie de l’Évangile… une réflexion qui s’accorde admirablement bien avec notre dimanche de Gaudete, de la Joie. Nous avons à sortir de nous-mêmes pour rencontrer l’autre -celui qui n’a pas forcément les mots pour dire sa foi- pour qu’il nous évangélise, précise le Pape François. Ce mouvement d’aller vers l’autre pour surprendre, voire choquer ! Nous sommes tellement dévoués à la cause de Jésus qu’évangéliser les pauvres, s’occuper des malades, est bien la preuve que Jésus est là par notre intermédiaire. Certes, cela fait partie des merveilles que Dieu fait avec chacun de nous, par notre intermédiaire… Mais pas immédiatement, en un second temps, seulement. Le premier temps est urgent, à savoir que le pauvre que je suis s’ouvre -enfin- à la Bonne Nouvelle et que je sois guéri de toute infirmité.
Voilà le critère qui peut nous sortir du doute qui nous habite sur Dieu et sur Jésus. Jésus n’est pas venu nous donner un satisfecit pour nos bonnes actions. Sa Bonne Nouvelle est bien plus grande : nos fautes, nos erreurs… il les voit et il les a pardonnées. C’est la seule raison pour laquelle il vient à nous et veut, en ce moment de l’année, naître en chacun de nous. Sœurs et frères : soyons donc dans la Joie… car il vient nous sauver.
Philippe Marxer Sj