Dimanche 11 avril 2021 – Fête de la Miséricorde
(Ac 4, 32-35 ; Ps 117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24 ; 1 Jn 5, 1-6 ; Jn 20, 19-31)
1. Jésus nous appelle à vivre les béatitudes en toute circonstance. Y compris dans ce temps marqué par tant d’incertitudes, d’inquiétudes, de solitudes… Il nous appelle à les vivre dans un monde qui connaît bien des ébranlements, des souffrances, des deuils…, et pas seulement à cause de la pandémie.
Il y a déjà et bien sûr les béatitudes que Jésus proclame dans le sermon sur la montagne (chapitre 5 de l’évangile de Matthieu). Il s’adresse à une foule d’auditeurs dont sans doute beaucoup sont inquiets ou désemparés par les événements du temps.
Et puis, il y a aussi les béatitudes qui se vivent dans l’après Pâques, comme pour les disciples réunis au soir de Pâques et huit jours plus tard. J’ose les formuler ainsi.
« Heureux ceux qui sont enfermés, car le Christ vient les visiter !
« Heureux ceux qui ont peur, car le Christ vient leur donner sa paix !
« Heureux ceux qui se laissent remplir de joie, car ils reçoivent l’Esprit Saint !
« Heureux ceux qui sont envoyés pour témoigner de la rémission des péchés et du salut de Dieu !
« Heureux ceux qui sont absents et qui doutent, car le chemin de la foi s’ouvre à eux ! »
2. Oui, heureux sommes-nous lorsque le Christ vient nous libérer de nos enfermements et de nos peurs. Comme les disciples, parfois nous sommes tristes, déçus, apeurés. Chacun de nous le sait bien, il y a des jours pesants, des périodes difficiles, et où nous nous replions sur nous-mêmes comme de petits animaux blessés. Sans doute faut-il accepter qu’il y ait de tels jours…, mais accueillons-y la vie et la paix que le Christ veut et vient donner aujourd’hui.
3. Heureux sommes-nous lorsque le Christ nous donne la joie et l’Esprit Saint. Nous les avons reçus au baptême et à la confirmation, et en même temps nous n’avons jamais fini de les recevoir. C’est comme une Pentecôte qui se renouvelle jour après jour, moins spectaculaire sans doute, mais nous permettant d’avancer dans le souffle de vie que Jésus répand sur nous.
4. Heureux sommes-nous lorsque nous découvrons pour nous-mêmes la rémission des péchés et la réconciliation offerte, heureux sommes-nous lorsque nous en témoignons auprès des autres. Dieu est miséricorde, miséricorde infinie, et nous le fêtons spécialement aujourd’hui.
5. Heureux sommes-nous quand nous sommes comme l’apôtre Thomas.
Oh, bien sûr, il y a plusieurs formes de doute. Il y a le doute qui paralyse, taraude, fait tourner en rond : il faut y repérer la tentation de s’y complaire, et l’enfermement qu’il représente. Il y a aussi le doute qui éveille, qui nous fait sortir de la torpeur, qui nous invite à creuser, à avancer, à aller plus loin. Et, sans doute, bien d’autres formes intermédiaires. Mais peu importe ici.
Ce qui importe, c’est de nous laisser inviter par Dieu ; ce qui importe, c’est d’accueillir le Christ qui vient nous visiter et de le reconnaître.
Il n’y a peut-être pas de profession de foi plus forte dans l’évangile de Jean que celle que fait Thomas, l’homme qui doutait. Devant le Christ, devant les mains et le côté marqués par la Passion, devant le vainqueur de Pâques, voici saint Thomas qui s’écrit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Et, dans son sillage, nous sommes invités, nous aussi et à notre tour, à venir vers le Christ pour lui dire de tout notre cœur : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
6. Il y a enfin cette dernière béatitude que prononce le Christ lui-même : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
La vue est certes un don de Dieu, mais la rencontre et la confiance, ce sont des dons plus grands encore. Heureux ceux qui donnent leur confiance à Dieu, au Christ, et qui vivent dans l’Esprit qui nous unit avec eux.
Écoutons saint Luc. Dans la foi, tous ceux qui sont devenus croyants sont appelés à avoir « un seul cœur et une seule âme ». Ils sont appelés à la générosité et au partage. Ils sont appelés à rendre « témoignage de la résurrection ». Et saint Jean ajoute : « Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu » ; « celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu » est « vainqueur du monde ».
Oui, nous sommes appelés à voir et à croire avec Thomas et les autres disciples… que ce soit dans la grisaille du soir, ou dans la nuit, ou sous le plein soleil du jour. Nous sommes appelés au bonheur de voir par et dans la foi. Oui, béni soit le Seigneur de la vie, béni soit le Seigneur qui donne la vie.
« Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. »
JB Durand sj