Blessures de l’Amour

 

Dimanche 24 avril 2022

 

Jésus est ressuscité et les disciples ont peur. Peur des juifs et c’est la raison pour laquelle ils verrouillent les portes de la maison où ils se retrouvent. Peur de la manière dont Jésus se présente à eux : il va ; il vient ; il apparaît à l’un ; disparaît à l’autre.

Aujourd’hui, Jésus leur apporte une preuve irréfutable et profondément émouvante de son identité. Il leur donne de toucher la trace des clous dans ses mains et ses pieds, et l’entaille faite dans son côté par le coup de lance.

Mais ces traces sont-elles là comme un argument pour convaincre les apôtres, et surtout Thomas en qui nous pouvons nous reconnaître ? Oui, mais pas seulement. Elles ne peuvent pas être absentes. Elles marquent à jamais le corps de Jésus et ne peuvent disparaître.

Pourquoi ?  Parce que ces blessures sont les blessures de l’amour, d’un amour qui s’est donné pour nous et qui, de ce fait, rend ineffaçables ces traces. Cette réalité ne devrait pas vraiment nous surprendre car il y a un lien mystérieux entre l’amour que l’on peut offrir et son propre corps. Nous en faisons l’expérience : impossible d’aimer sans son corps avec ses espérances, ses joies, ses souffrances. Les blessures de l’amour ne marquent pas uniquement les cœurs mais aussi les corps. Alors que dire lorsque que le plus grand amour consiste à donner sa vie pour autrui ?

Ces blessures sont donc éternelles et disent à quel point l’amour de Jésus -son amour pour nous- s’est exprimé d’une manière absolue et définitive. Suffit-il de regarder pour croire ? Oui, mais une fois encore… de ne pas regarder de manière superficielle ! Et c’est pourquoi Jésus, devant celui qui hésite comme Thomas ou chacun de nous, invite à mettre ses doigts dans l’endroit des clous, à avancer la main pour la mettre dans son côté transpercé. En effleurant ce corps ressuscité, marqué par nos violences et notre bon vouloir ; nous pourrons reconnaître l’amour que Dieu nous porte.

Mais nous pourrons aussi saisir toute l’espérance qui nous est donnée. Car nos corps, soumis également à bien des souffrances, sont eux aussi promis à la même résurrection. Les blessures que nous portons et qui, aujourd’hui nous font souffrir, seront (elles aussi), un jour, source de lumière, de beauté et de joie éternelle ; à condition qu’elles soient les conséquences de l’amour. Aucune blessure liée à l’amour ne peut nous défigurer. St Paul  nous le dit avec force lorsqu’il affirme, dans sa lettre aux Galates, qu’en chaque souffrance acceptée, nous portons -en nos corps- les stigmates du Christ Jésus vivant en nous-mêmes, dans la foi au Fils de Dieu qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous. (Ga 6, 17-20).

 

Philippe Marxer sj