Fuir ou ne pas fuir la colère de Dieu

Dimanche 4 décembre 2022

Nous sommes étonnés et contents de voir les pharisiens et les sadducéens descendre au désert pour écouter Jean-Baptiste. D’autant plus qu’ils ne viennent pas seulement par curiosité, mais ils demandent bel et bien le baptême. Nous sommes contents car nous nous rappelons qu’ils sont les adversaires de Jésus (surtout les sadducéens). Et nous sommes surpris de voir Jean Baptiste les recevoir plus que fraîchement, c’est le moins qu’on puisse dire. Il les invective : « Engeance de vipère, qui vous a appris à fuir la colère qui vient ! » Que se passe-t-il ? Ils viennent au désert, ils quittent le Temple pour aller là où tout a commencé. Seraient-ils en train de fuir ? Si oui, que fuient-ils ?  Jean-Baptiste ne semble pas croire à leur repentir.

« N’allez pas dire que vous avez Abraham pour père car je vous le dis, des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ! » Les exégètes disent qu’il y a ici un jeu de mots. En hébreu, « pierre » se dit « eben » et « fils » se dit « ben ». Tout le monde peut être enfant d’Abraham, ce n’est pas un privilège réservé à quelques-uns. Si Dieu le veut, même des pierres peuvent devenir enfants d’Abraham. Le message de Jean Baptiste est clair : votre identité de fils d’Abraham ne vous donne aucune immunité. Votre identité, c’est la conversion, c’est le changement de vie, le repentir. Cela fait penser à une histoire rabbinique (plus tardive que notre texte) qui raconte ce qui serait arrivé quand Dieu a créé le monde. Il était en train de dessiner les plans ; or à chaque fois qu’il dessinait des êtres vivants, des humains, le monde s’effondrait. Alors il s’est dit : je vais créer le « Shuv » c’est-à-dire le repentir, la mémoire du repentir. Puis il a recommencé à dessiner et les êtres qu’ils dessinaient ont tenu debout.  Le monde sans repentir ne peut que s’effondrer à mesure qu’on le construit. Un monde qui se repent peut se construire car il n’a pas fui, il a affronté la colère de Dieu.

La colère de Dieu peut sembler anthropomorphique mais cette expression finalement est très compréhensible. Elle dit que Dieu même s’il nous espère toujours, peut être déçu de l’humanité, il est impatient que nous avancions plus vite ou plus profondément. Il peut être en colère contre son Église.

Nous sommes étonnés chaque année d’aller vers la douceur de Noël en commençant par la rudesse des paroles du Baptiste. Mais comme elle est bienfaisante cette rudesse ! Elle vient balayer avant chaque Noël toutes nos lenteurs, nos pauvres excuses. Elle nous invite à retourner vers le Seigneur en regardant en face nos engouements passagers, nos sécurités trop faciles derrière les idées auxquelles nous tenons trop. Jean Baptiste annonce un Christ qui nous baptisera dans l’Esprit et le feu, un feu qui brulera toutes ces scories qui nous empêchent d’avancer, nos colères pas toujours justes, nos impuissances. Le feu de l’Esprit va les brûler et toutes nos colères justes, L’Esprit les transformera en sa propre flamme.

Nicolas Rousselot Sj

Prière universelle

Réveille ta puissance, Seigneur, viens nous sauver.

Seigneur convertis mon regard pour voir un peu plus des rameaux surgissant des troncs coupés, des situations compliquées. Que nous puissions dire avec Etty Hillesum : « je vais t’aider mon Dieu à ne pas t’éteindre en moi »

Seigneur, envoie ton Esprit de de sagesse et de discernement sur tous les responsables de pays ou d’institutions, quels qu’ils soient. Qu’ils soient forts pour trouver et choisir les bonnes solutions. Qu’ils s’opposent à toute corruption, toi qui nous annonces dans le livre d’Isaïe, un avenir où le loup pourra enfin habiter avec l’agneau.

À l’invitation de Jean-Baptiste, donne-nous Seigneur, le désir profond de fortifier nos cœurs pour accepter de vivre avec confiance les imprévus de la vie. Avec St François Xavier, patron des missions, que nous fêtions hier, Donne-nous aussi plus d’audace pour parler de toi à nos frères et sœurs

Avec Notre Dame Immaculée, dont la fête aura lieu dans quelques jours, nous te prions pour ceux qui ne s’aiment pas, qui ne se pardonnent pas, ceux qui s’enferment dans une sorte de spirale d’enfermement. Que la présence si discrète de Marie les conduise à son Fils, afin de goûter le vrai pardon.