« Vends ce que tu as et suis-moi »
Dimanche 10 octobre 2021
(Sg 7, 7-11 ; Ps 89 (90), 12-13, 14-15, 16-17 ; He 4, 12-13 ; Mc 10, 17-30)
1.« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » nous annonce Jésus. Un propos clair et tranchant ! Alors comment faut-il entendre cela ? Et jusqu’où ?
Face à l’argent et aux biens matériels, cette parole peut sembler provocante et en même temps évidente. Nous voyons comment l’argent peut occuper nos esprits et nos cœurs, comment le souci de la gestion des biens peut nous accaparer et nous faire rater des choses importantes. Il est des choses bien plus précieuses à acquérir, comme l’esprit de la Sagesse et le discernement, mis en valeur dans la première lecture.
2. L’épître aux Hébreux va plus loin et ajoute : « Elle est vivante, la Parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. »
Aussi, par rapport aux richesses, il ne suffit pas d’un style de vie simple et modeste. Ou d’être fidèle aux commandements depuis sa jeunesse. Il est bien d’autres richesses et d’autres soucis qui peuvent nous encombrer, nous occuper, et finalement prendre la place de la juste relation à Dieu et aux autres. Tant les richesses matérielles que les autres dons reçus peuvent devenir des obstacles en nous sur le chemin du Royaume.
Quand nous croyons avoir, savoir, pouvoir, où sommes-nous exactement ? Richesse, honneur, pouvoir, savoir, n’est-ce pas souvent un repli sur nos propres forces, un orgueil secret, un esclavage caché ?
3. « Mais alors, qui peut être sauvé ? » demandent les disciples. Et voici que Jésus les regarde, que Jésus nous regarde, et il dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais non pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
Seul Dieu peut rendre libre. Seul il peut mettre sur le chemin du royaume et ouvrir les cœurs. C’est bien Dieu qui connaît les cœurs, lui qui libère et appelle pour vivre d’une autre vie, plus vraie et plus droite, plus généreuse et plus ouverte.
Pour cela, il y a d’abord les commandements de Dieu et les règles de la vie en société. Ils sont un don, ils sont pour le bien de tous, en particulier pour la protection et le respect des plus faibles. Et cela est important, indispensable, nous ne le savons que trop en ces jours.
Mais, devant cet homme, le Christ va plus loin. « Jésus posa son regard sur lui et l’aima. Il lui dit : ‘Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres… Puis viens, suis-moi.’ »
L’appel, c’est une vie pour Dieu et pour le Christ, et, tout à la fois, une vie pour les autres ! Car quitter nos richesses pour Dieu, c’est retrouver des frères, des sœurs, y compris parmi les plus marginalisés. L’appel, c’est une vie offerte et en même temps une vie heureuse !
4. Alors faut-il tout quitter ?
Un jour, tous, nous quitterons cette terre et cette vie. Mais déjà, dès maintenant, il s’agit de nous donner, dans tout ce que nous sommes, dans tout ce que nous avons.
Oui, dès maintenant, dans l’ordinaire comme dans l’extraordinaire de nos vies, nous pouvons chacun entendre l’appel à suivre le Christ, à le suivre suivant notre vocation particulière. Oui, demandons la liberté par rapport aux diverses richesses de ce monde, afin d’entrer sur le chemin qui mène au royaume de Dieu. Que nous soyons jeunes ou vieux, le Christ nous appelle. Alors, demandons à la fois l’élan de la jeunesse et la sagesse de la maturité pour répondre à son appel. Pour le suivre par toute notre vie.
5. Une prière de Saint Ignace peut nous aider sur ce chemin. Avec lui, nous pouvons dire et prier :
« Prends Seigneur et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence, toute ma volonté.
« Reçois tout ce que j’ai, tout ce que je possède. C’est toi qui m’as tout donné, à toi, Seigneur, je le rends.
« Tout est à toi, disposes-en selon ton entière volonté, et donne-moi ta grâce, elle seule me suffit.
« Et donne-moi, donne-moi seulement de t’aimer. »
J.B. Durand, sj
Prière Universelle
Frères et sœurs, dans la confiance, adressons à Dieu nos prières pour l’Église et pour le monde :
- Pour les gouvernants de notre Terre. Pour que les décisions politiques, économiques et sociales guident les nations vers plus de justice et de paix, nous te prions, Seigneur.
- Pour les victimes d’abus, en particulier dans l’Église. Pour que le respect des personnes progresse et s’affirme pleinement en tout lieu, nous te prions, Seigneur.
- Pour les malades en fin de vie, et pour les personnes qui les soignent et les accompagnent, nous te prions, Seigneur.
- Pour l’Église et notre communauté. Pour qu’elles vivent du désir toujours plus grand d’entendre tes appels et pour qu’elles témoignent de ta puissance de Vie, nous te prions, Seigneur.
Dieu notre Père, exauces les prières de tes enfants, et enracine-nous dans une confiance toujours plus grande en ta puissance de Vie, par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
J.B. Durand, sj