De quel côté? De quelle richesse?

 

Dimanche 25 septembre 2022

 

Voilà une parabole qui ne nous est pas étrangère car ce n’est pas la première fois que nous l’entendons. Et elle a pu à un moment ou à un autre nous inquiéter. Pourquoi ? Une question peut justifier cette inquiétude : nous mettons-nous du côté du riche ou du côté du pauvre ? de quel côté nous plaçons-nous ? Il se peut que cette interrogation soit venue à notre esprit d’autant qu’il est question de l’au-delà, un au-delà dont nous sommes prêts à accepter l’existence mais dont nous ne savons pas grand-chose. Alors, quelle part de nous-mêmes s’est sentie touchée par cette parole de Jésus ?

Pensons-nous être du côté du pauvre, du côté de ceux que la société maltraite injustement ? Et cette parabole nous a réjouis en pensant à la revanche que tous ceux qui nous ont fait souffrir allaient connaître !

Mais nous sommes peut-être du côté du riche, du côté de ceux qui sont comblés. Et nous voilà pris de peur par la rancœur des opprimés et en finale par celle de Dieu ! Finalement, de quel côté sommes-nous vraiment ?

Cette question, à mon avis, est très mal posée car il vaut mieux se demander de quel côté est Dieu ? Bien entendu, nous allons dire sans hésiter qu’il est proche des pauvres. L’Écriture le dit bien : il est proche du cœur brisé, il soutient la veuve et l’orphelin et notre première lecture tirée du prophète Amos nous le rappelle. Et non seulement il est venu prendre soin des pauvres mais également, il est venu se mettre à leur côté : il s’est anéanti nous dit St Paul dans sa lettre aux Philippiens. De riche, Il est devenu pauvre pour qu’en chaque cri que nous lui adressions, nous le sentions nous tendant la main. Toute pauvreté est donc bien un signe de Dieu.

Mais pourquoi ne pas dire la même chose concernant les riches ? Pourquoi Dieu ne prendrait-il pas soin d’eux ? D’autant, que si nous y réfléchissons bien, Dieu était riche et il s’est fait pauvre. Mais, ne nous trompons pas : il est demeuré riche ; riche de tous les biens que nous pouvons imaginer : riche en biens spirituels ; riche par sa plénitude d’être, riche par sa toute-puissance au point que personne ne peut l’égaler. Et nous le savons -et il est bon de se rappeler- tout pouvoir que nous exerçons ne peut l’être qu’à l’image de la richesse de Dieu. Nous avons à nous comporter en intendant de Dieu, comme Dieu lui-même se comporte à notre égard.

Or il y a une richesse que Dieu ne cesse de prodiguer : c’est sa miséricorde. Ce que disait l’oraison que nous avons peut-être entendue sans trop y prêter attention : « quand tu pardonnes et prends pitié, tu manifestes au plus haut point ta toute puissance ». Or si Dieu est riche en miséricorde, nous n’avons pas alors d’autre image plus parfaite que celui qui pardonne les torts qu’il a subis et partage ce qu’il a avec ceux qui n’ont rien.

Que cela ne soit pas facile à réaliser, Jésus en est conscient. C’est pourquoi il est heureux qu’il ajoute : « rien n’est impossible à Dieu ». Même l’argent et son pouvoir peuvent devenir un témoin de la largesse de Dieu et source de bénédiction pour tous.

Revenons à la parabole : le riche n’est pas condamné par ce qu’il est riche mais parce qu’il a fermé en lui ses entrailles. Il n’a pas eu pitié, il ne s’est pas montré vulnérable et ce faisant, il a détruit l’image de Dieu qu’il pouvait être.

Et l’Église, comment doit-elle se situer ? Je pose la question car vous savez qu’on lui a reproché d’être trop souvent du côté des riches, du pouvoir et pas assez du côté des pauvres. Il y a du vrai dans ce regard que nous pouvons poser sur son histoire ! Mais l’Eglise ne peut pas être uniquement du côté des riches en tolérant des pauvres ou inversement uniquement proche des pauvres en priant pour la conversion des riches ! L’Eglise, à mon avis, doit se situer là où les deux -riches et pauvres- se rencontrent, en partageant respectueusement et humblement ce que chacun a reçu comme dons. Notre Pape François nous y appelle. Nous disons avec raison que l’Eglise fait l’eucharistie et l’eucharistie fait l’Eglise. Ce repas n’est-il pas le lieu où les plus pauvres, ceux qui ont besoin de miséricorde, nous précèdent ; là où Jésus se donne sans se lasser, pauvre avec les pauvres et toujours riche en bonté à notre égard ?

 

 

PRIÈRE UNIVERSELLE

 

En ce dimanche qui est la journée mondiale du Migrant et du Réfugié, prions ensemble pour que soient respectés et reconnus, dans leurs droits et dans leur dignité, l’ensemble des femmes, des hommes et des enfants ; et prions pour la Création tout entière car nous avons tous à travailler à sa sauvegarde.

 

  • Père, Créateur de l’univers, tu nous as fait à ton image et tu nous as confier le soin de cette terre. Que ton Esprit ouvre nos cœurs à la louange et à l’adoration pour toutes les merveilles afin que nous ayons à cœur de protéger la vie et la beauté. Seigneur, nous te prions.

 

  • Pour les dirigeants de ce monde, qu’ils aient à cœur de se mettre avec humilité et courage au service du bien commun et de la paix. Que ton Esprit les guide dans leurs décisions. Seigneur, nous te prions.

 

  • Pour celles et ceux qui souffrent, migrants /réfugiés / pauvres / abandonnés /oubliés de cette terre. Que ton Esprit aide chacun de nous à les voir avec ton regard de bonté et à agir avec charité. Seigneur, nous te prions.

 

  • Pour toutes celles et ceux qui mettent leurs vies au service de l’Évangile- plus spécialement pour Bruno Delorme, prêtre des Missions Étrangères de Paris, qui part en Birmanie le mois prochain. Que ton Esprit les soutienne dans leurs ministères et leurs vies. Seigneur, nous te prions.

 

  • Enfin, Seigneur, nous te rendons grâce pour notre communauté, pour toutes celles et ceux qui en sont membres et s’engagent au service de l’Église. Que ton Esprit nous aide à être témoins de l’Évangile. Seigneur, nous te prions.

 

Dieu, Créateur de l’univers et père de tous les hommes, nous nous tournons vers Toi. Accorde à tes enfants d’être signes du Royaume au cœur de ce monde, mets ton Esprit en eux. Oui, Père, daigne exaucer nos prières, Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.

 

 

 

Philippe Marxer Sj