« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la »

Dimanche 26 septembre 2021

Nb 11, 25-29 ; Ps  18 (19), 8, 10, 12-13, 14 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43.45.47-48
  1. Frères et sœurs, il faut que nos cœurs se réveillent. Il faut que nos intelligences travaillent. Il y a urgence face aux misères et aux injustices du monde. Et aujourd’hui la parole de Dieu dénonce, éclaire, appelle. Elle dénonce le mal, éclaire nos consciences, nous appelle à nous engager.

Les paroles de saint Jacques dans l’épître font suite à celles des prophètes. Avec une vigueur terrible. Écoutons-le : « Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés »… « Vous avez mené sur terre une vie de luxe et de délices, et vous vous êtes rassasiés au jour du massacre. Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué ».

Bien sûr, il y a plus riches que nous, et nous ne sommes pas coupables des pires injustices en ce monde. Mais il y a, je crois, avantage à entendre pour chacun de nous ces dénonciations et ces condamnations : quelles que soient nos richesses, matérielles, humaines, spirituelles, quel usage en faisons-nous ? Sommes-nous sûrs de les mettre au service de tous, de les faire fructifier en faveur de tous ? Ou sont-elles parfois des idoles qui corrompent notre vie ?

Et les injustices ! Que de péchés en pensée ou en parole, par action ou par omission ! Oh, sans doute, nous ne sommes pas les pires criminels de la terre… Mais, si nous étions pleinement conscients des égoïsmes qui traversent notre monde et nos cœurs, si nous étions pleinement lucides sur nos complicités avec le mal, pourrions-nous dormir tranquilles ? Et même, pourrions-nous seulement dormir ?

  1. Dans l’évangile de ce jour, l’avertissement de Jésus est également terrible. « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules…, et qu’on le jette à la mer. »… « Et si ta main, si ton pied, si ton œil sont … occasion de chute, coupe-les, arrache-les… »

Nous méritons la mort quand nous faisons du mal à un petit, à un pauvre, ou à une personne fragile. Nous allons vers la géhenne de feu quand nous faisons ou laissons faire le mal. Nous nous coupons du Dieu de vie quand nos égoïsmes ou notre orgueil nous rendent manchots ou aveugles pour faire le bien.

Bien sûr, il ne s’agit pas de se mutiler en s’arrachant un membre, mais la radicalité de l’image nous invite à comprendre le sérieux, la gravité, l’urgence de l’appel pour chacun. Ce qui est en jeu, c’est la vie et la mort. Pour nous. Pour les nôtres. Pour notre monde.

  1. Alors, que faire ? Que faut-il faire ?

Entendre, pleurer, prier d’abord. Puis discerner, agir, et espérer.

Entendre l’avertissement d’abord. Il est adressé à chacun de nous aujourd’hui. Et ce n’est pas une vague opinion entendue à la radio et que l’on pourrait relativiser. C’est Dieu qui nous parle, qui nous appelle.

Pleurer ensuite. Il y a de quoi pleurer. Pleurer sur les malheurs du monde, sur l’avenir inquiétant, sur les misères et les injustices. Pleurer pour toutes les victimes. Pleurer sur nous, sur nos cœurs encombrés, complices, endurcis. Pleurer, en demandant cela comme une grâce qui nous ouvre le cœur, comme un don que Dieu peut nous faire. Pleurer en demandant la douce lumière de Dieu qui nous appelle à agir pour le Bien.

Prier. Prier… car tout cela nous dépasse. Car, même quand nous commençons à voir et à comprendre, nous ne savons comment faire… et nous n’en avons guère la force. Prier, pour permettre à Dieu de changer nos cœurs, pour permettre à Dieu de nous donner force et intelligence pour transformer ce monde.

Discerner et agir, car il est de notre responsabilité, à chacun, de voir où et comment il peut agir. J’examine les situations, seul ou avec d’autres. Je regarde et analyse ce qu’il a à faire, dans les petites ou les grandes choses. Je choisis d’agir à ma mesure, car Dieu m’a donné un cœur, une intelligence, des mains, des pieds, des yeux pour discerner, choisir et agir.

Espérer enfin. Car ce que Dieu veut, c’est la vie pour nous et notre monde. Ce qu’il propose, c’est que faisions un pas de plus sur le chemin de la vie. Espérer, car déjà nous voici sur ce chemin.

  1. Et cela commence par des choses toutes simples. Donner un verre d’eau à celui qui a soif… Et, aussi bien, accepter un verre d’eau quand nous avons soif… Ce peut être un regard ou une parole encourageante à celui qui l’attend, ce peut être un don généreux à une association, ce peut être un engagement au service du bien commun, et bien d’autres choses encore. Et puis, il s’agit aussi de se réjouir pour tous ceux qui font le bien, quels qu’ils soient, car en matière de bien, « celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Oui, donnons un peu ou beaucoup de nous-mêmes et de nos biens, avançant encore d’un pas sur le chemin de l’Évangile. Un pas, puis un autre pas. Un petit pas ou un grand pas. Mais un pas résolu, pour notre bien et celui du monde. Oui, avançons, pas après pas, sur le chemin de celui qui a tout donné.

Et déjà, préparons-nous à accueillir le pain de la route, le pain de la vie, le Christ qui se donne en nourriture pour la vie du monde.

J.B. Durand, sj

PRIÈRE UNIVERSELLE

  • Que notre prière se fasse aussi large que l’amour du Seigneur qui, par son Esprit, souffle où il veut. Avec confiance, adressons-lui nos prières pour l’Église et pour le monde.
  • Pour l’Église, famille de Dieu dans le monde : qu’elle demeure disponible et attentive aux appels des prophètes d’aujourd’hui. Seigneur, nous te prions.
  • Pour tous ceux qui œuvrent en faveur de la solidarité sur notre terre et sont soucieux des plus petits. Seigneur, nous te prions.
  • Pour tous ceux qui sont victimes de conditions injustes de travail et de vie : que chacun obtienne de quoi vivre dans la dignité. Seigneur, nous te prions.
  • Pour nous tous, ici rassemblés, qui partageons la Parole et le Pain de vie : que notre communauté soit ouverte, tolérante et disponible pour aller vers les autres. Seigneur, nous te prions.
  • Notre Père, toi qui es proche de chacun, particulièrement de ceux qui peinent, accueille notre prière. Dans la force de ton Esprit Saint, oriente toujours davantage vers toi notre cœur et notre vie. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

J.B. Durand, sj