Ce que Jésus peut faire avec si peu

Dimanche 25 juillet 2021

2e Livre des rois 4, 42-44; Éphésiens 4, 1-6; Jean 6, 1-15.
  1. Voici Jésus sur la montagne. Il voulait sans doute être seul, avec son Père des cieux. Mais les disciples le suivent et l’entourent… Et, bientôt, d’autres arrivent… La foule est là, inattendue, nombreuse.

2. Il y a comme trois personnages dans cette scène : Jésus, les disciples, la foule.

Cette foule, c’est la foule anonyme des gens ordinaires, dont on ne sait rien ou presque. Mais Jésus est attentif à chacun. Il sait qu’ils ont faim. Faim, sans doute, d’une parole véritable, faim de la Parole de Dieu. Faim, également, de guérisons, pour eux et les leurs. Et, d’après les divers évangiles, Jésus honore leurs attentes. Mais il y a une faim encore plus élémentaire, encore plus simple. Ces gens ont faim au sens le plus ordinaire du terme. Il faut les nourrir. Que Jésus va-t-il faire ? Que va-t-il pouvoir faire ?

3. Et voici que Jésus appelle ses disciples. Il veut avoir besoin de ses disciples. De Philippe, d’André, et de tous les autres. Et aussi de chacun de nous. Et de ce garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons. Ils n’ont rien, ou presque. Nous n’avons rien, ou si peu. Et c’est de nous que Jésus a besoin, et de ce peu que nous pouvons apporter. Comme ces deux piécettes que la pauvre veuve donne au trésor du Temple.

Alors Jésus prend les pains, rend grâce, et donne à tous. Et tous mangent à leur faim. Et c’est la surabondance. Il en reste pour d’autres qui ne sont pas là, mais qui déjà sont dans le cœur de Jésus.

4. Quand nous venons à Jésus, nous avons bien sûr à nous laisser enseigner, guérir et nourrir, comme en chaque eucharistie. Mais nous avons aussi à lui apporter nos richesses, nos pauvres petites richesses – et nos impossibilités. Regardons ce que Jésus fait avec ce presque rien. Et regardons comment il nous envoie vers les autres.

L’évangile de ce dimanche, c’est bien sûr l’évangile de la surabondance des dons de Dieu, mais c’est aussi l’invitation faite aux disciples de répandre ces dons. Par ses disciples, Jésus veut que tous soient nourris, les foules anonymes, celles qui sont proches, comme celles qui sont lointaines. Oui, Jésus nous veut à ses côtés quand il prend soin de chacun dans notre humanité.

Venir à Jésus, c’est ainsi être envoyé par lui à tous les autres, les proches et les lointains, et cela dans toute notre vie. Et cela passe par des choses très simples, très humbles, cinq pains, deux poissons, un sourire, une parole d’encouragement, un petit ou un grand service, une écoute fraternelle, et ainsi de suite. Nous ne savons pas toujours comment faire ? Peu importe ! Venons avec nos cinq pains, nos deux poissons, et laissons Jésus faire : il prend cela, le bénit, le donne, nous envoie.

5. Après le signe du pain, les gens sont remplis d’enthousiasme et ils veulent faire de Jésus leur roi. Mais, nous dit l’évangile, Jésus se retire dans la montagne, lui seul.

Sans doute, il s’agit pour Jésus de fuir une ambiguïté : s’il est roi, ce n’est pas à la manière des rois de ce monde, et sa royauté ne pourra être reconnue que sur la Croix. Mais plus encore, et plus profondément, il s’agit pour Jésus d’aller vers le Père, dans un cœur à cœur avec lui sur la montagne.

Car ce n’est pas pour sa propre gloire qu’agit Jésus, mais pour Dieu. Toujours, Jésus manifeste celui qui l’a envoyé, celui dont il se reçoit jour après jour, le Père des cieux. Toujours, il est un avec lui. Toujours, il est le Fils inséparable du Père dans l’Esprit.

Alors, de même, quand nous allons vers Jésus, ou quand nous sommes envoyés par lui auprès des autres, nous sommes invités à revenir au Père des cieux. Car tout est lié. Pas d’amour de Dieu qui ne nous invite aussi à l’amour du prochain, pas d’amour du prochain qui ne nous invite en retour à l’amour de Dieu.

Ce peut être une piste très simple pour notre vie : avant et après les rencontres humaines et les travaux de nos vie, prenons un moment pour confier à Dieu notre Père nos demandes et nos actions de grâce.

C’est aussi une attitude, un axe de vie chrétienne qui trouve son sommet et sa source dans l’eucharistie. Nous y sommes associés à l’offrande et à l’action de grâce du Christ. Dans un instant, dans la prière eucharistique, nous le vivrons : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles. »

Oui, en cette eucharistie et en toute notre vie, le Christ vient nous associer à sa mission, et, non moins, il vient nous associer à son offrande et à son action de grâce.

Béni soit le Seigneur !

J.B. Durand sj

Prière Universelle

Nous croyons que le Seigneur est juste en toutes ses voies, c’est pourquoi nous lui confions toutes les misères humaines :

Refrain : Ô Seigneur, écoute et prends pitié.

  1. Pour que l’Église ouvre son cœur et ses bras aux attentes humaines, prions
  2. Pour que les organismes qui luttent contre la faim dans le monde réveillent les consciences de ceux qui vivent dans l’abondance, prions
  3. Pour que les gouvernements travaillent à une plus juste répartition des richesses et à la défense de la vie, prions
  4. Pour les membres plus isolés ou plus fragiles de notre communauté, qu’ils osent appeler à l’aide et que d’autres entendent cet appel, prions

Père très bon, par l’eucharistie, tu nous as donné le signe de l’amour qui transforme nos vies. Écoute nos prières, toi qui nous combles au-delà de ce que nous osons demander, par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.

JBD