Dans le premier testament, les grands hommes de Dieu ont souvent été des bergers : Abel, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David, Amos, etc. C’est lorsque Moïse et David étaient bergers qu’ils ont reçu leur vocation. L’annonce de la naissance du fils de Dieu à Bethléem a été faite par des bergers.

Pourquoi tant de bergers ? Le berger est un marcheur. Le berger n’est pas un anonyme au milieu d’une foule.  Il est seul avec ses troupeaux. Le berger ne vit pas dans le bruit et le tumulte. Des jours entiers, il écoute le silence. Il arrive à communiquer avec ses bêtes comme rarement un humain peut le faire. Il vit avec elles. C’est sans doute pour cela que, plus souvent que les autres il peut entendre la voix de Dieu.

Le berger a aussi ceci de particulier qu’il est seul face à des dizaines voire des centaines de moutons. Je me dis : peut-être qu’il comprend bien – entre guillemets- la « solitude » de Dieu face à toute l’humanité. Le berger est  celui qui non seulement écoute, c’est aussi quelqu’un qui conduit sur les bons pâturages sur les bons sentiers comme dit le fameux Psaume 22 : «  le Seigneur est mon berger je ne manque de rien ». Les rabbins commentent le passage du buisson ardent, en racontant que Moïse, qui au départ n’était pas berger mais prince d’Egypte, s’occupait plus ou moins bien de son troupeau. Peu à peu il a appris son métier. C’est au moment où il a eu le réflexe de mettre les brebis les plus chétives en avant du troupeau pour qu’elles mangent l’herbe la plus tendre et qu’il a mis les brebis les plus grasses en arrière pour qu’elle se contentent des restes, c’est à ce moment-là, disent les rabbins, que Dieu s’est dit : Ah il fait les progrès. Il va être capable un jour de guider mon peuple pour le faire sortir d’Égypte. Et le jour où une brebis s’était égarée et que Moïse avait laissé son troupeau en confiance pour partir à sa recherche que Dieu s’est dit : c’est le moment d’intervenir. Et la brebis égarée s’est retrouvée non loin du buisson ardent. Dieu a estimé que Moïse était capable d’être un vrai berger parce qu’il connaît chacune de ses brebis, il y a une intimité avec chacune d’entre elles. Comme Dieu, il ne sait compter que jusqu’à 1, alors qu’il veille par ailleurs sur l’ensemble du troupeau. Telle est la qualité de Dieu, peut-être une des ses marques de toute puissance.

Jusqu’à présent l’Evangile de ce dimanche est champêtre, bucolique, mais ne nous détrompons pas : la parole de Jésus est toujours très forte. Car le bon pasteur, dit-il, n’est pas seulement celui qui connait ses brebis, il les défend, il les protège, il est celui qui est prêt à se laisser tuer par le loup. Ce qui se passe aujourd’hui dans les Alpes par exemple, où la profession des bergers a complètement changé, beaucoup plus engageante, à cause des loups, peut nous faire comprendre.

Jésus fait une confidence :  » C’est pour cela que le père m’aime », parce que « je donne ma vie pour la reprendre ». qu’est-ce que ça veut dire «  donner sa vie pour la reprendre » ? L’expression pourrait être ambigue: donner c’est donner, et reprendre c’est voler, disions-nous autrefois dans les cours de récréation.  D’ailleurs, la traduction liturgique a changé, elle dit:  » J’ai le pouvoir de la donner,
j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau.  » Là nous avons une confidence sur l’intimité de relation entre le Père et le Fils, dans la Trinité éternelle : le Fils offre sa vie au Père, et  il la reprend pour la donner à nous tous. Et c’est « pourquoi le Père m’aime.» Notre berger est vraiment l’homme libre ! il a le pouvoir de donner sa vie et le pouvoir de la reprendre. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » Le bon berger était en intimité avec chacune des brebis, car – et c’est la confidence- il a une relation d’intimité avec son Père. Il fait entrer chacune des brebis dans l’intimité du Père, dans la communion trinitaire.

Que les 17 nouveaux diacres ordonnés cet après-midi/ce jour, pour qui nous allons prier dans un instant, aiment passionnément cette liberté du bon berger, de pouvoir donner sa vie, de la recevoir de nouveau pour la donner. Qu’ils fassent de cette liberté l’axe de leur vie.

 

 

 

PRIERE UNIVERSELLE du DIMANCHE 21 AVRIL

 

(PDT) Seigneur, nous te présentons avec confiance les intentions, toi le Pasteur du monde.

 

  • En ce dimanche du bon Pasteur où nous prions spécialement pour les vocations, nous sommes heureux de te prier pour les 17 nouveaux diacres, ordonnés (cet après-midi ou) hier à Saint-Sulpice. Nous te prions pour chacune de leurs familles, particulièrement pour leurs parents. Nous te prions pour les communautés vers lesquelles ils seront envoyés, les nouveaux pâturages de leurs missions, spécialement dans les pays où il y a de fortes tensions, voire des persécutions. Nous te prions Seigneur.

 

  • Avec eux, nous te prions pour tous ceux et celles qui entendent une vocation particulière. Qu’ils soient des hommes et des femmes d’écoute pour bien guider ceux et celles qui leur seront confiées ; de bons bergers qui protègent, qui guident vers les bons pâturages. Comme Moïse, qu’ils apprennent leur métier en mettant en tête du troupeau les brebis les plus chétives ; Qu’ils rejoignent la brebis égarée ; Que le Père leur donne la capacité d’aider chacun à développer une relation d’intimité avec son Fils. Nous te prions Seigneur.

 

  • Que ceux et celles qui entendent une vocation soient bien accueillis dans leurs familles et leur entourage. Qu’ils continuent sans cesse d’apprendre à donner leur vie, à la reprendre librement des mains du Père pour la donner librement. Qu’ils apprennent à défendre le troupeau de tout ce qui pourrait le corrompre ou le détourner de la voie évangélique. Nous te prions Seigneur.

 

(PDT) Père, nous te confions toutes nos intentions. Nous te confions l’avenir de nos églises, spécialement l’avenir de tous ceux et toutes celles qui désirent tout quitter pour te suivre. Bénis nous en ton eucharistie, Dieu vivant pour les siècles des siècles