5ème DIMANCHE DE CAREME SCRUTIN DES CATECHUMENES 17 MARS 2024 – Jn 11
Ce chapitre 11 de Saint-Jean est l’un des plus beaux de son évangile. Pourquoi ? Il nous révèle combien Jésus était à la fois profondément humain et profondément divin. Ici, il fait son plus grand miracle en ressuscitant Lazare et en même temps, il pleure… Ce récit ne peut pas avoir été inventé car les uns diraient : « Oh, ce récit décrit un Jésus vraiment trop divin ! ». Les autres diraient : « Dans ce récit, il est bien de trop humain ! ».
Regardons justement, contemplons la dimension humaine de Jésus. C’est la première fois qu’on évoque l’amour de Jésus envers des personnes précises. Par ailleurs, je note au passage, le fait d’avoir à l’époque un tombeau dans son jardin était un signe extérieur de richesse. C’est un indice qui montre que Jésus avait ses amis principalement parmi les pauvres et des gens déclassés, mais il avait aussi des amis fortunés. Jésus était à l’aise avec chacun.
Ce passage est le seul endroit de l’Évangile, mise à part l’agonie, où Jésus va montrer le pic de ses émotions humaines profondes. Déjà on l’avait vu très fatigué quand il s’est arrêté au bord du puits en rencontrant la femme samaritaine. Lui habituellement très serein, très paisible, on l’avait vu l’autre jour en colère dans le temple face aux commerçants. Là Jésus est pris par l’émotion, bouleversé. Il est confronté d’une façon nouvelle à la souffrance. Pourtant sur les routes, il en avait vu de la souffrance ! Mais ici la souffrance est celle de la séparation ultime d’un ami. Et cela change tout. Par deux fois Jésus va frémir, il va même éclater en sanglots. On se rappelle qu’en Orient, cela ne se fait pas pour un homme de pleurer en public. Il est non seulement confronté à la mort de son ami, mais il est confronté aussi à la quasi-certitude que, s’il suit sa voix intérieure qui lui dit de sortir Lazare de la mort, les autorités ne le laisseront pas vivant. Ce signe si fort va remuer le cœur de beaucoup de gens à Jérusalem. En ressuscitant Lazare, Jésus choisit de mourir pour donner la vie. D’où cette tension intérieure, cette tempête si grande.
Il y avait une croyance à l’époque disant que l’âme du défunt reste 3 jours dans le corps et donc, que la personne pouvait revivre ensuite. Jean prend soin de souligner qu’on est arrivé au 4e jour, parce que le 4e jour, il n’y a plus d’espoir ! Alors Jésus fait une grande prière et ne dit pas au Père de l’exaucer mais il demande au Père que les gens puissent croire grâce à ce signe. À noter aussi que Jésus peut ressusciter Lazare uniquement parce qu’on l’a vu au début, Marie pose un acte de foi. Sans la foi de Marie, Jésus n’aurait pu ressusciter Lazare. Il va donc y avoir cette grande prière, puis ce cri, cet ordre : « Lazare, viens dehors, sors ! » Ici c’est l’appel de l’amitié qui pénètre jusque dans la tombe, réveille le mort et le fait sortir. Cette parole aimante de Jésus qui atteint jusque dans la mort, cette parole que tous nous espérons entendre un jour, au soir de notre vie. Et ce qui n’est pas dit, c’est certainement l’effroi des gens, une fois que Lazare est sorti de son tombeau, puis la liesse ! Le reste du chapitre 11 laisse deviner que la nouvelle de sa résurrection s’est répandue dans Jérusalem et les environs comme une traînée de poudre, au point que le Grand Conseil se réunit aussitôt pour décider de la mort de Jésus.
Je voudrais apporter à tous une précision, spécialement aux catéchumènes, mais aussi aux jeunes couples, dont certains découvrent ou redécouvrent la profondeur de la foi. Je voudrais indiquer brièvement comment nous lisons ces textes vieux de plus de 2000 ans. Jean qui écrit l’Évangile l’a rédigé à la manière de son époque c’est-à-dire sur plusieurs niveaux à la fois. Le premier niveau est celui des faits historiques. Ici, nous avons des indices fiables qui montrent que le miracle de la résurrection de Lazare a été tel, qu’il a fait basculer les événements et décider la mort de Jésus (il nous faudrait plus de temps pour le montrer). Or, il y a un deuxième niveau, qu’on pourrait appeler le niveau symbolique, au sens fort. Jean décrit exprès Lazare comme quelqu’un que l’on n’entend pas que l’on ne voit pas, contrairement à ses sœurs. Comme pour dire que Lazare représente en fait chacun de nous. Il est en chacun de nous. Il est l’ami de Jésus, et il représente en même temps, les parties de nous qui sont mortes, prisonnières de bandelette plus ou moins serrées, plus ou moins cachées, malgré l’amitié que nous avons pour le Christ. Jean dit spécialement aux catéchumènes de son temps, et à nous tous, que Jésus veut que nous ressuscitions pour devenir comme Lazare, pleinement vivant. Il nous dit : « Enlève la pierre qui empêche la vraie vie de couler en toi ! Convertis-toi, sors de tes intérêts propres, dirait St Ignace ! Il nous appelle à sortir de nos tombeaux comme le disait il y a un instant le Prophète Ezéquiel. Il nous dit que la mort n’est qu’un sommeil et Dieu viendra nous réveiller. Mais il nous dit aussi comme à Marthe : crois-tu cela ? Certes notre grand passage ne sera pas pour demain mais le fait de nous y préparer change aujourd’hui le sens de nos vies. Depuis 3 ans, les habitués de Saint-Ignace le savent, chaque mardi, nous méditons la préparation de notre résurrection. Cela est venu d’une histoire, d’un père de chez nous, le père Michel Rondet. Il raconte qu’il « taquinait » une vieille amie dont la santé se dégradait : « Alors ma chère, tu te prépares à mourir ? » -Non, répondit-elle, d’un très air assez grave, je prépare ma résurrection…
Cette réponse a tellement marqué le père Michel Rondet qu’il en a fait un article, puis un livre.Chers amis, croyons-nous suffisamment au Christ, au point de préparer dès maintenant notre résurrection ? Comme si la préparation de la grande rencontre nous incitait à réussir toutes nos rencontres d’ici-bas.
- Nicolas Rousselot SJ
PRIERE UNIVERSELLE DIMANCHE 17 MARS
(PDT) Jésus, toi qui ressuscites Lazare ton ami, toi qui nous conduis à ton Père, écoute notre prière, viens ressusciter nos vies.
Seigneur Jésus, toi que nous essayons de suivre au mieux, à mesure que s’approche la grande fête de Pâques, fais-nous réaliser que tu es profondément humain et que tu es profondément divin, même si nous ne te voyons encore que dans la foi. Inspire tous ceux qui s’approcheront la semaine prochaine de ton pardon. Nous te prions
Seigneur Jésus, en ressuscitant ton ami Lazare, tu étais prêt à risquer ta vie. Fais qu’à ton contact, nous renouvelions l’offrande de nos vies, d’abord à ceux ce que nous aimons, puis à ceux que nous côtoyons, puis à tous ceux qui viendront vers nous en ces jours de carême. Nous te prions.
Seigneur Jésus, nous te confions spécialement nos sept catéchumènes. Qu’ils comprennent peu à peu que tu as offert ta vie pour chacun d’eux. Nous te confions aussi les 30 couples qui achèvent aujourd’hui leur préparation au mariage. Qu’ils n’aient pas peur d’offrir leur vie, l’un pour l’autre. Qu’ils te prennent comme ami, Maître et Seigneur dans la grande aventure de leur vie. Nous te prions.
(PDT) Merci Jésus, car ton Père t’exauce toujours. Tu nous entraines vers lui en cette eucharistie, dans la puissance de l’Esprit, Dieu vivant pour les siècles des siècles. Amen