25 décembre 2020 – Père Jean-Bruno Durand
(Is 52, 7-10 ; Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6 ; He 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18)
1. Dans la nuit silencieuse, dans ce monde marqué par tant de détresses, puis dans le jour qui commence à naître, voici Dieu qui se donne au monde. Voici Noël, et sa douce lumière. Dieu vient, Dieu s’offre à nous dans la fragilité de cet enfant nouveau né, en cette crèche de Bethléem.
C’est le don le plus précieux, le plus grand. Il y a de quoi pleurer de joie, de quoi chanter avec tous les anges du ciel. Et nous le célébrons en ce jour : « Gloire à Dieu et paix aux hommes ! ».
2. Mais voilà, nous ne voyons pas, nous sommes aveugles, notre monde est aveugle. « Le Verbe est la vraie Lumière » … « mais le monde ne l’a pas reconnu » nous dit saint Jean. « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1, 1-18)
Beaucoup de nos contemporains ne connaissent pas vraiment Jésus, ils n’y font guère attention… et ils n’attendent la venue d’aucun Dieu. Et nous-mêmes ? Faisons-nous attention de tout notre cœur, de tout notre être ?
Que d’obstacles parfois en nous et en notre monde !
Il y a la nuit, sans doute. En beaucoup d’endroits et en beaucoup de vies. Les souffrances petites ou grandes, les violences, les blessures, les haines. Dieu peut-il venir en cette nuit ?
Il y a aussi les lumières artificielles, le clinquant des paillettes, les fausses joies et les faux bonheurs. Nous nous laissons attirer par le scintillement des modes et des désirs de consommation. Nous négligeons le véritable jour, la vraie lumière.
Souvenons-nous de Bernanos et du Journal d’un curé de campagne. Le curé de Torcy dit à son jeune confrère : « Pense donc ! Le Verbe s’est fait chair, et les journalistes de ce temps-là n’en ont rien su ! »
3. Alors, il nous faut changer de lunettes, il nous faut de nouveaux écouteurs.
Nous avons des lunettes qui ne voient que le mal en ce monde ? Alors achetons des lunettes qui permettent de voir la lumière du jour. Nous avons des lunettes qui ne voient que le clinquant et le superficiel ? Alors venons avec les bergers à la crèche. Nous n’écoutons que des discours vains et trompeurs ? Alors venons écouter Dieu. « Il nous parle par son Fils », « qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. », nous dit la lettre aux hébreux (He 1, 1-6). Oui, il nous parle par celui qui est le « rayonnement de la gloire de Dieu, l’expression parfaite de son être ».
C’est dans l’humilité de la nuit de Bethléem, c’est dans la fragile lumière d’un jour à peine naissant que Dieu se montre aujourd’hui. C’est dans la simplicité de Marie et Joseph, c’est dans l’humilité des pauvres bergers, c’est avec eux que nous pouvons accueillir la splendeur de Dieu qui se donne à nous et qui se donne dans ce frêle enfant.
Oui, demandons à Dieu des yeux pour voir vraiment, des oreilles pour entendre vraiment. Ce qu’il nous donne à voir, ce qu’il nous donne à entendre, en ce moment fragile et merveilleux, c’est un nouveau né, pauvre et vulnérable, et c’est la lumière du monde.
4. D’une certaine manière, il ne suffit pas que Jésus naisse à Bethléem. Il faut aussi que Jésus naisse en notre cœur, et qu’il grandisse en notre vie.
Le poète Angelus Silesius avertissait : « Que Christ naisse mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, tu restes perdu pour jamais… » (Le pèlerin chérubinique, I, 61).
Alors comment faire ? Que faire ?
La première chose à faire, je crois, c’est de ne rien faire. C’est de laisser Dieu faire à sa manière : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ». La première chose, c’est d’accueillir Dieu comme il se donne, venant parmi nous, venant en notre monde, oui, en ce monde-ci, et venant y faire sa demeure.
Et la deuxième, c’est de consentir, de dire « oui » avec Marie et Joseph, d’avoir foi et de nous réjouir avec eux. D’être à leur côté. De nous laisser soutenir et accompagner par eux.
Et la troisième sans doute, c’est de nous mettre en route, et pour cela, nous ne sommes pas seuls. Déjà les anges des cieux nous précèdent, déjà les pauvres et les méprisés de ce monde nous précèdent, déjà les bergers, les mages, les poètes, les savants, les humbles artisans, les solides laboureurs de nos ancêtres nous précédent. Déjà les enfants comme les vielles gens, les hommes comme les femmes de toute condition et de toute nation sont sur le chemin. Déjà nous pouvons mettre nos pas dans les pas de ceux qui avant nous ont dit « oui » au Seigneur, jour après jour, pauvrement souvent, humblement, mais avec cette détermination de ceux qui acceptent de voir avec les yeux de Dieu, d’écouter avec le cœur qu’il donne.
Tout nous est donné en Jésus, mais nous n’avons jamais fini de le découvrir et de l’accueillir. En chacun de nous. Et dans toutes les cultures de notre terre. Mais déjà commence à s’accomplir la parole du prophète : « Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu. » (Is 52, 7-10). Déjà commence à s’accomplir la promesse de Dieu.
Oui, déjà Jésus vient naître en nous.
P. JB. Durand sj
PRIERE UNIVERSELLE DE LA NUIT DE NOEL Père Miguel Roland-Gosselin
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Jésus, Sauveur des hommes, nous te présentons notre monde.
Dans notre humanité, tu trouveras de grandes beautés, mais des folies aussi et beaucoup de péché. Nous te remercions de venir grandir parmi nous et affronter avec nous nos défis. Cette année, ils sont immenses et planétaires. Viens, Seigneur, renouveler notre terre et guérir nos cœurs, nous t’en prions.
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Jésus, Sauveur des hommes, nous te présentons l’Église.
Nous sommes cette portion de l’humanité qui, par la puissance de l’Esprit, essaye de t’accueillir aujourd’hui. Mais nous peinons à te ressembler. Nous voudrions donner un meilleur témoignage de ton humilité, de ta beauté, de ton inconditionnelle charité. Oui, Seigneur, viens rajeunir ton Église, nous t’en prions.
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Jésus, Sauveur des hommes, nous te présentons la multitude des plus-petits.
Les enfants d’abord, à toutes les étapes de leur conception, de leur croissance, de leur éducation. Et nous pensons aussi, Seigneur, à tant d’hommes et femmes que tu aimes avec préférence parce qu’ils sont démunis ou fragiles, ou parce qu’il n’y a pas de place pour eux dans notre maison commune. Oui, Seigneur, viens affermir et consoler tes frères, nous t’en prions.
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Jésus, Sauveur des hommes, nous te présentons toutes les familles de la terre. Beaucoup d’entre elles ne sauront rien de la joie de Bethléem et n’entendront pas le chant des anges. Néanmoins, et malgré des conditions moins favorables cette année, nous souhaitons que les échos de Noël leur apportent joie, tendresse, amitié, croissance commune. Oui, Seigneur, viens prendre ta place dans toutes les maisons, nous t’en prions.