Homélie 23ème dimanche A
Voici le Nouveau qui arrive lorsque nous sommes réunis en son nom
(Mt 18,15-20)
P. P. Marxer sj
« Si deux disciples se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, dit Jésus, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Parole que nous connaissons bien mais pour laquelle nous mettons de côté la condition donnée : il faut que la rencontre se fasse au nom de Jésus, c’est-à-dire à cause de lui, sur la foi d’une de ses Paroles ou en raison de l’attirance qu’il exerce sur nous.
Bien entendu, dans la vie quotidienne nous nous rencontrons autrement, en dehors de son Nom, sans aucune référence à lui. J’ai eu l’occasion de voir des chrétiens s’organiser ensemble sans se souvenir qu’ils étaient là, à cause de Jésus, c’est-à-dire en son Nom. Mais lorsque des chrétiens sont vraiment réunis en son Nom -je peux l’attester- quelque chose de radicalement nouveau advient. Jésus est bien là « au milieu d’eux » comme il nous est dit aujourd’hui.
Et là où est Jésus, là est son corps, là est l’Eglise. Les rapports entre disciples en sont changés, et même les rapports entre eux et avec au point qu’ils « pourront demander quoi que ce soit et ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux ! » pour ne pas oublier ce que dit Jésus. En fait, il y a plus qu’une simple modification des rapports entre les disciples ou avec le Père lorsque les rencontres se font au Nom de Jésus : un véritable pouvoir est donné alors à tout disciple. Et ses actes sont même avalisés au ciel. Je cite : « tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié au ciel ».
Donc, quelque chose de radicalement nouveau advient lorsque nous sommes réunis au nom de Jésus. Oui, parce qu’une nouvelle responsabilité est confiée à chacun de nous, notamment à l’égard des sœurs et des frères que nous rencontrons. Et avec vous, je veux juste évoquer ce pouvoir inouï accordé à tous les chrétiens -à nous tous-, dès que nous nous réunissons au nom de Jésus.
Comment traiter dans une communauté celui qui est déviant ? qui est pécheur ? Car c’est bien à nous d’entrer en communication avec lui. Vous l’avez entendu, Jésus procède en douceur ; jamais par les grands moyens. Pas de dénonciation immédiate auprès des responsables de communauté. « Ne soyez pas une douane » dirait notre Pape François. Chacun de nous, chaque disciple du Christ est suffisamment armé pour rencontrer une sœur, un frère qui a commis une faute et le gagner de nouveau au Seigneur Jésus : « S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère ». Et même s’il ne nous écoute pas une première fois, deux ou trois frères peuvent suffire, s’ils sont unis dans le Nom de Jésus et avec la force de l’Esprit Saint pour réconcilier le pécheur. Vous l’avez entendu, c’est seulement après ces deux démarches que l’on peut s’adresser à toute la communauté de l’Eglise. Et considérer un frère, une sœur comme un païen ou un publicain, c’est s’engager pour lui faire connaitre le Christ. Il reste toujours un frère, une sœur.
Ce pouvoir confié à chaque disciple de Jésus nécessite que nous intervenions au nom de Jésus, c’est-à-dire dans la force de sa présence et la douceur de son amour sauveur. Comme nous l’avons entendu de la bouche de St Paul : « l’amour ne fait rien de mal au prochain. Le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour ». Oui, le seul pouvoir en Eglise est bien cette foi en l’autre. Car faire des reproches à quelqu’un, critiquer et juger sa conduite, ne nécessite pas que l’on soit chrétien pour y arriver. Nous le savons bien. Mais aborder le pécheur en l’accueillant en profondeur ; l’entourer au point que sa faute s’impose à lui de l’intérieur et non pas comme s’il était pris en flagrant délit, c’est cela le miracle de l’être chrétien. C’est le miracle de cet amour sauveur de Jésus qui est présent chaque fois que deux de ses disciples sont réunis en son Nom, à la fois pour se réconforter mutuellement et, à la fois, pour rendre grâce.