Aujourd’hui, je voudrais aborder trois thèmes dans cet évangile :

  • La parole de Jésus : La paix soit avec vous !
  • Le fait que Thomas soit appelé « Didyme – jumeau »
  • Le fait que ce dimanche soit appelé « dimanche de la miséricorde »

La Paix

Le soir de Paque et le dimanche suivant, le Christ se rend présent  à ses disciples réunis dit-on par crainte des juifs. Par trois fois, il leur dit : la paix soit avec vous. Il leur transmet le Shalom. Attention, ce n’est pas seulement une salutation d’usage. Ce n’est pas non plus un souhait d’absence de guerre ou de tracas pour des gens qui ont peur et qui se cachent. En fait, il appelle sur eux le Shalom au sens fort, au sens de l’espérance d’Israel, c’est-à-dire la restauration complète de chacun et du monde.

Pour le comprendre, on peut faire un parallèle avec le rituel juif de l’entrée du sabbat le vendredi soir. Si vous allez dans une synagogue le vendredi soir, au début de la célébration, vous entendrez un chant spécial qui annonce la paix (un chant de noces). Tout le monde se retourne alors vers la porte d’entrée de la synagogue en chantant, recevant la paix, exactement comme si quelqu’un allait entrer physiquement dans la synagogue.

Vendredi St, Jésus accomplissait la paix définitive sur la croix. La veille, il en donnait le sens, disant :  « ceci est mon corps livré pour vous ». Et le soir de Pâques, il vient apporter physiquement le don de la paix en sa plénitude. Jean note que c’est le 1er jour, car c’est le jour de la création, de la nouveauté absolue.

Thomas le Jumeau

Il y a donc l’histoire de Thomas que nous connaissons tous. Thomas n’est pas là le soir de Pâques. Pourquoi n’est-il pas là ? Vraisemblablement, c’est un dur à cuire, il n’a pas peur, il n’a pas besoin de se cacher comme les 10 autres disciples. C’est un dur à cuire, il n’est donc pas facile à convaincre.  (on a des traces de son tempérament fougueux dans plusieurs passages de Saint-Jean). Vous avez entendu, on l’appelle Thomas le « Didyme » c’est-à-dire le jumeau. Effectivement, il est notre jumeau dans la foi, et ce pour deux raisons : Saint-Jean nous dit qu’il n’était pas là au début, il a loupé le commencement de l’histoire où tout recommence. Il est décalé comme nous, il arrive en cours de route. Nous sommes son jumeau aussi car il a du mal à croire, il veut faire l’expérience de toucher le corps de Jésus, il veut un signe tangible, contraignant. Or tout l’Evangile de Jean est traversé par cette question. Les signes ne nous donnent pas de croire, mais c’est parce qu’on croit qu’on peut accueillir et lire les signes. Heureux ceux qui comme Thomas croient sans avoir vu des signes tangibles ! Depuis les commencements ce l’Eglise, ce dimanche de St Thomas est appelé aussi le dimanche in albis. C’est ce dimanche ou les baptisés de Pâques déposent leur vêtement blanc qu’ils ont gardé toute la semaine, pour rejoindre l’assemblée de façon plus anonyme. En entrant dans l’assemblée ordinaire on leur dit : désormais, vous êtes invités à croire sans forcément recevoir des grâces sensibles comme vous avez eues sans doute. Votre foi va maintenant s’inscrire dans le quotidien plus ordinaire, s’appuyant sur la fidélité de Dieu.

Dimanche de la miséricorde

Ce dimanche s’appelle aussi le dimanche de la miséricorde, pourquoi ? Jésus vient à nous comme le Ressuscité qui reste le crucifié. Il montre ses plaies qui ne se sont pas cicatrisées. Il revient du Père vers nous : c’est le pic, le sommet de la miséricorde, le don suprême que Dieu fait à nous tous en nous donnant son fils qui vient ouvrir toutes nos portes cadenassées par  la mort. La miséricorde, ce n’est pas seulement le pardon, la réconciliation. C’est à la manière dont Dieu vient à nous. La meilleure image de la miséricorde est sans doute celle du Père dans la parabole de l’enfant prodigue. Vous vous rappelez : il guette à l’entrée du chemin et dès qu’il voit son fils arriver, il accourt en ouvrant les bras.

Ici, dans ce passage, la miséricorde se manifeste surtout lorsque nous voyons Jésus venir vers Thomas avec ce qui nous manque si souvent, vous et moi : la patience !  Après avoir attendu 8 jours, après avoir certainement espéré comme le Père de l’enfant prodigue, que Thomas revienne, qu’il ne s’enferme pas dans sa tristesse qu’il fasse confiance à ses frères et revienne dans l’assemblée. Et dès que Jésus vient vers lui, il se met aussitôt à son niveau d’incrédulité, avec sans doute un peu d’humour : «  Thomas, viens par ici, viens toucher mes marques, mon côté »

Quelqu’un disait : chacune de nos vies repose sur un gâteau, un mille-feuille de confiance. La confiance est si précieuse, elle se donne, s’échange, se renforce ou s’érode, voire se perd, parfois irrémédiablement. La miséricorde, c’est un mille-feuille de confiance en béton armé ! C’est un amour inconditionnel qui s’exprime dans une patience infinie. Tout alors peut recommencer. Tout peut se guérir. Tout peut recréer. Ah Seigneur, fais nous grandir dans ta miséricorde !

P. Nicolas Rousselot sj  Jn 20, 19-31

 

PRIERE UNIVERSELLE DIMANCHE 7 AVRIL

(PDT) Nous prenons maintenant dans notre prière, le monde, toutes ses joies,
toutes ses tristesses, toutes ses attentes.

Christ ressuscité, tu dis aux apôtres : « Shalom, la paix soit avec vous ! Cette
paix est le don de ta personne. Maintenant que nous savons que la paix est une
personne, fais qu’en te fréquentant, en devenant tes amis, tes frères et soeurs,
nous devenions de plus solides artisans de paix et pourquoi pas, de grands
artistes de la paix ! Nous t’en prions Seigneur

Christ ressuscité, comme Thomas notre jumeau, un beau jour, nous avons
entendu parler de ta présence parmi nous et nous y avons cru. Peu à peu, nous
avons essayé de nous rendre familiers à ta présence. Chaque dimanche, nous
essayons de discerner ton corps qui vient guérir et fortifier notre assemblée et
,qui sait, bien au-delà. Puisses-tu, par notre pauvre intercession, venir
transfigurer ce monde que tu aimes. Seigneur nous te prions.

Christ crucifié et ressuscité, tu as montré aux apôtres tes plaies qui ne se sont
jamais cicatrisées. Elles sont le signe que tu veux rejoindre l’humanité dans tout
ce qu’elle a de très blessé, de très meurtri. C’est ta miséricorde qui ce dimanche
nous interpelle, la façon dont tu patientes pour nous faire cheminer comme
Thomas. Que ce mille-feuille de confiance que sont nos histoires humaines
prenne appui sur cette patience infinie, nous t’en prions Seigneur

 

(PDT) Père, tu es bon pour nous, tu es bon pour tous. Entends nos prières pour
l’Eglise et le monde, montre nous ta miséricorde et nous serons sauvés, Dieu
vivant pour siècles des siècles.