Nous voici dans la nuit de Noël avec cette atmosphère spéciale qui la caractérise : on y trouve la douceur, qui vient de la naissance d’un tout petit dont il faut prendre soin, la joie, celle du ciel qui s’ouvre et qui fait entendre la bonne nouvelle aux bergers, la simplicité extrême d’une naissance qui a eu lieu dans le plus grand dénuement, l’espérance donnée à ce peuple qui marche dans la nuit, dont il était question dans la première lecture. Voilà peut-être les principaux ingrédients de cette alchimie qui génère cette ambiance de Noël ; et tout le reste, les chants, les lumières, les crèches, les décorations, les cadeaux, sont des éléments ajoutés, qui accompagnent les premiers que j’ai cités. J’espère en tout cas que vous gardez précieusement dans votre mémoire des souvenirs attendris des Noëls heureux de votre vie, depuis votre petite enfance jusqu’à aujourd’hui. Car, cela donne du goût à la vie !
Mais, quand on écoute à la radio ou à la télé les nouvelles, c’est une tout autre musique qu’on entend : le monde est traversé par des violences graves, qui font des milliers de victime, et jettent des populations entières hors de chez elles. Et même sans aller jusqu’à ces événements dramatiques, nous sentons tous la différence entre l’ambiance de Noël et ce que nous vivons dans nos différents milieux de vie : au travail, dans notre quartier, dans tous les lieux que nous fréquentons et peut-être même, en famille ou dans nos communautés.
Alors, cette fête de Noël peut-elle nous annoncer quelque chose qui ait du poids dans notre vie ? Ou bien s’agit-il d’une oasis de fraîcheur et de tendresse dans un monde brutal et destiné à le rester ? Noël, est-ce une parenthèse, quelques instants de joie simple, mais vite refermée ? Ou pire : est-ce une illusion ? un rêve, quelque chose qui n’existe pas dans la réalité ?
Noël : mirage ou vraie promesse ? Eh bien, à cette question, je ne vais pas répondre ; car c’est à vous de le faire pour vous.
Mais ce que je vous propose de faire, c’est de revenir sur ce qui nous est raconté. Pour voir ce que ça peut nous dire.
Durant tout le temps de l’Avent, est revenu comme un leitmotiv, que Dieu venait nous visiter ; qu’il voulait venir chez nous, nous retrouver, nous rencontrer, nous faire entrer chez lui, nous inviter à son festin. Dans tous ces textes on pouvait lire la passion d’un amour qui connaît l’épreuve de l’éloignement et qui mobilise toutes ses forces, toute son énergie pour retrouver l’être aimé, pour pouvoir le sentir là vraiment présent et se dire que le cauchemar de la séparation est terminé.
Eh bien, la fête de la Nativité, c’est cela : c’est ce désir de Dieu, ce projet de Dieu qui se réalise. Mais vous voyez comment Dieu s’y prend – et là, c’est très étonnant… Dieu, entre dans ce monde qui souvent lui tourne le dos, qui se montre brutal jusqu’à parfois faire peur, comme un tout petit enfant, sans aucune défense, entièrement livré à ceux qui l’accueilleront.
Est-ce qu’un petit enfant peut arrêter une guerre ? De quelles armes dispose-t-il pour cela ? De quels moyens de persuasion ? De quel appel à la raison ? Rien de tout cela ; mais un tout petit, parce qu’il est la fragilité même, appelle ce qui en nous est le plus beau. Il fait naître en nous les gestes d’attention, de tendresse, de soin ; simplement parce qu’il est là, dans le plus grand dénuement.
La simple présence de ce tout petit livré à la plus grande précarité appelle l’artisan de paix qui sommeille en nous. Et pour faire la guerre, il faut précisément ne surtout pas regarder les enfants qui la subissent et en sont les premières victimes.
Notre Dieu a choisi, pour nous rejoindre, de prendre ce chemin de la petitesse, de la plus grande précarité. Et à l’autre bout de son histoire, Jésus terminera sa vie en étant placé au rang de ceux qu’il faut éliminer. Et entre les deux, il est sur les routes, tout le temps, et il passe le plus clair de son temps avec des malades, des boiteux, des mendiants et des possédés. Voilà comment Dieu s’y prend quand il veut nous rejoindre. N’est-ce pas étonnant ? N’est-ce pas un peu renversant, par rapport aux images de Dieu que nous avons spontanément ?
Tout cela annonce quelque chose, pour nous, personnellement : Dieu se présente à chacun de nous comme un tout petit, fragile et dépendant, qui a besoin des autres pour vivre. Dieu mendie chez nous une place. Je vous invite à y réfléchir en vous posant la question : qu’est-ce que ça nous fait, qu’est-ce que ça me fait, que Dieu se présente ainsi à nous ? Qu’est-ce que cela suscite en vous ? Qu’est-ce que cela appelle ? Qu’est-ce que ça fait naître ? Pour Noël, on se souhaite souvent que la joie et la paix de ce jour demeurent en nous. Eh bien, voilà peut-être le chemin pour cela : à partir de ce tout petit qui ouvre ses mains vers nous, notre vie peut prendre une autre coloration, parce que lui sait appeler en nous ce que, peut-être, nous n’osons pas laisser parler en nous.
PRIERE UNIVERSELLE
(PDT) Seigneur, plus que jamais, nous te présentons les intentions de prières du monde.
- Les chrétiens sont en fête, et avec eux, sans qu’ils en aient complètement conscience, tous les contemporains qui fêtent NOEL. Qu’une Paix durable s’installe en chaque partie du monde endommagée par les guerres et que tous les cœurs s’ouvrent au partage, à la modération, et à la compassion, particulièrement en cette période de festivités. Nous te prions
- Nous Te confions, Seigneur, les enfants à naître, dans toutes les parties du monde, afin qu’ils trouvent une famille accueillante et unie, dans laquelle règnent la Paix et une Joie tranquille. Nous te confions tous les enfants qui seront émerveillés dans quelques heures à l’ouverture des cadeaux. Que ces moments soient le signe d’une tendresse partagée. Rends-nous capables de toujours mieux nous émerveiller ; rends-nous conscients de tous les cadeaux que tu nous fais, dans ta si discrète présence. Nous te prions
- Nos églises sont plus fréquentées aujourd’hui que les Dimanches du reste de l’année. Aide à chacun d’approfondir sa foi, à t’offrir en cadeau le temps précieux des dimanches ordinaires. En ces temps de grands chamboulements, rends plus solides notre foi, notre espérance, notre charité. Que cette solidité rejaillissent dans toutes nos rencontres. Nous te prions
(PDT) En cette nuit de Noël, où Dieu vient visiter notre humanité et vivre une vie semblable à la nôtre, unis à toutes les paroisses de France qui sont rassemblées, nous te prions Seigneur pour le respect et la protection de la vie, de sa conception à sa fin naturelle.
Que la lumière de Bethléem éclaire nos gouvernants afin que ceux qui sont chargés d’élaborer et de voter les lois, prennent mieux conscience du fait que toute vie est un don pour l’humanité, que toute vie est digne et respectable.
Qu’en cette nuit de Noël, chacun d’entre nous, toujours plus conscient du don merveilleux de la vie, s’engage davantage auprès des plus fragiles et des plus vulnérables pour construire une civilisation authentiquement humaine.