homélie dimanche 25 février
2ème dimanche de carême année B La transfiguration Mc 9
Il est difficile de commenter cette scène de la transfiguration qui nous dépasse tellement ! Elle semble le plus grand miracle de la vie de Jésus, avec l’Ascension, sans parler bien sûr de la Résurrection. Car ici, la véritable identité de Jésus se dévoile- ce qu’on appelle sa gloire- aux trois apôtres. En un instant, il se passe comme une déchirure du mur du temps, avec cette conversation entre Élie et Moïse qui traverse les siècles. C’est l’épisode de l’échelle de Jacob qui s’accompli. Comme dit l’expression française, on est « à ciel ouvert ».
Mais est-ce le plus grand des miracles de Jésus ? Ne serait-ce pas plutôt le contraire ? Le plus grand miracle de jésus, ne serait-ce pas plutôt ces 30 années de vie ordinaire à Nazareth où Jésus choisit de vivre comme l’un d’entre nous, sa divinité se voilant comme par pudeur, dans la force de son tempérament « large et généreux », comme dirait saint Ignace, sa loyauté, son sens de la justice et son infinie bonté ? Le plus grand miracle, ne serait-ce pas aussi ses 3 ans de vie publique (certains spécialistes pensent qu’elle a duré seulement un an et demi, mais qu’importe) où ses guérisons, ses exorcismes, ses multiplications de pain et de vin, et même ses résurrections, se font si naturellement, sans manifestation supra naturelle de l’au-delà, sans le tremendum et le fascinans du sacré. Le grand miracle que nous rappelle en contre point la scène de la Transfiguration, c’est cette discrétion de Dieu quasi journalière dans les faits et gestes de Jésus. Que quelqu’un aille inventer une religion avec un Dieu qui vient sur terre : jamais, jamais, il n’aurait inventé un homme si humble, si simple ! Et de cette humilité, nous en sommes si séduits, presque embrasés. C’est le grand miracle des Evangiles !
Et maintenant, que faire de cette scène de la transfiguration, pour nous relancer dans le Carême ? Elle semble si loin de nous, si inatteignable. Tournons-nous vers Pierre.
Vous l’avez remarqué, Pierre veut installer des tentes. Comme c’est curieux ! Quelle drôle d’idée ! Beaucoup de spécialistes disent que la scène se passe dans les jours de la fête juive des Tentes, où on commémore la présence de Dieu durant le séjour d’Israël au désert. C’est une fête qui existe encore aujourd’hui, où on voit les familles juives sortir de leur maison pour se mettre quelques jours sous le ciel dans des huttes, des cabanes de branchages. Cette fête a un sens très profond. Elle anticipe la fin des temps quand les justes seront au ciel, dans les cabanes célestes. Donc, Pierre se dit : Jésus est dans la gloire, il converse avec Élie et Moïse ; ça y est, c’est la révélation des derniers temps messianiques, nous y sommes enfin, la fête s’accomplit ! Mais sans s’en rendre compte, Pierre plantant ses tentes, va vouloir imposer son timing à cet événement qui le dépasse pourtant ; il veut le faire durer, il en prend même la maîtrise. Peut-être bien qu’il prend l’initiative de construire les tentes pour fuir la prière. C’est son côté Marthe qui agit, alors qu’il est attendu sur son côté Marie. En tout cas, une fois de plus, comme on dit Pierre « tape à côté ». La révélation de la gloire, c’est-à-dire, la manifestation de la vraie nature de Jésus, ne dure pas. Elle est inattendue, fugitive. Elle vient comme elle part, à l’improviste. Elle est comme l’eau qu’on prend dans ses mains mais qu’on ne peut retenir, car elle nous glisse toujours entre les doigts. Elle est ce qu’on appelle une « consolation » c’est-à-dire, un moment où on reçoit un second souffle. Le premier souffle est celui que nous avons reçu comme Adam, lorsque nous avons été créé. Ce second souffle est celui qu’on reçoit pour continuer la route.
Pour conclure notre méditation sur ce que la transfiguration nous dit, posons-nous deux questions, en regardant Pierre :
Tout d’abord : est-ce que je crois que Dieu me donne des moments de consolation, dans mon existence de croyant pourtant si ordinaire ? des moments fugitifs mais où Dieu souhaite bel et bien me donner un nouveau souffle.
Deuxième question : Est-ce que je crois assez en moi pour réaliser que Dieu m’a confié ce nouveau souffle non seulement pour moi, mais pour pouvoir le transmettre aussi à mes frères et sœurs qui sont dans la nuit ? Qu’une lueur de transfiguration, même petite, vienne dans leur obscurité, qu’un nouveau souffle leur donne de respirer et de reprendre la route.
C’est l’un des buts de nos Eucharisties dominicales, souvent si priantes dans notre belle église qui s’y prête vraiment : intercéder pour nos frères et sœurs qui peinent sur le chemin escarpé vers Jérusalem. Sans doute, vous et moi, faisons toujours un peu trop les Marthe, comme Pierre. Nous ne faisons pas assez silence pour nous disposer à recevoir la consolation. Ce côté Marie, qu’il travaille en nous davantage, en ce temps de carême.
Père Nicolas Rousselot sj
PRIERE UNIVERSELLE
(sur fond d’orgue avec refrain possible au début et à la fin)
(PDT) Seigneur, accueille notre demande d’être davantage des priants,
des hommes et des femmes de proximité et d’intercession
Partir!
Partir pour marcher vers Toi Seigneur.
Partir et s’engager davantage dans le chemin de la prière.
Prier!
Prier pour rester avec Toi Seigneur.
Prier, s’abandonner et Te laisser nous visiter.
S’abandonner!
S’abandonner pour Te laisser vivre en nous Seigneur.
S’abandonner et devenir veilleurs.
Devenir veilleurs!
Devenir veilleurs nées de Ton Feu Seigneur!
Devenir veilleurs et marcher davantage vers les nuits de nos frères.
Revenir!
Revenir vers nos frères désolés, inquiets
Revenir vers nos frères et propager ta lumière, ton second souffle .
AMEN
(PDT) Merci Seigneur pour ta présence. Nous ne voyons pas ta gloire comme sur la montagne, mais nous accueillons avec reconnaissance ta présence en cette eucharistie, Dieu vivant, pour les siècles des siècles