L’EGLISE

C’est le Père Magloire Tournesac, chanoine du Mans et architecte diocésain devenu jésuite, qui fut chargé des plans de l’église. Un autre jésuite, frère coadjuteur alsacien, le Frère Siebert, joua le rôle d’entrepreneur général, achetant lui-même les matériaux, embauchant les ouvriers de tous les corps de métier, et surveillant le chantier de bout en bout.

L’édifice suivit la mode, alors plus économique, du néo-gothique qui se répandait alors, ainsi l’église Sainte-Clotilde presque voisine, en voie d’achèvement, pastiche de la cathédrale du Mans. Mais on tint compte aussi des principes de l’architecture « jésuite » de la Contre-Réforme : une seule nef, à la manière du Gesu de Rome, pour faciliter la prédication (1), ceinte d’un déambulatoire bordé de petites chapelles. La longueur est de 50 mètres, la largeur de 23 et la hauteur de 27 sous voûte pour une surface totale de plus de 1000 m2. Mais l’architecte n’oublie pas le symbolisme des chiffres, si cher au Moyen-âge. L’élévation totale du sol à l’arête du toit est de 33 mètres, en souvenir des 33 années de la vie du Christ; les sept arcades et les sept roses du chœur pour rappeler les sept dons du Saint-Esprit ; les trois arcs du narthex en l’honneur de la Sainte Trinité, douze chapelles latérales en l’honneur des douze Apôtres, etc.…

Bien que largement percée de hautes fenêtres (2), la nef est sombre : la lumière ne vient que du chœur et du côté droit, l’immeuble voisin ne laissant passer que peu de clarté sur la gauche. De plus, le triforium latéral qui avait été prévu pour donner sur une galerie éclairée de fenêtres, a été muré dès la construction pour y loger la bibliothèque de la résidence, sauf sur le pourtour du chœur où il reçut les vitraux : il était accessible de la résidence, et un passage, ménagé vers la prison du Cherche-Midi mitoyenne, permettait, dit-on, à des prisonniers d’assister occasionnellement à la messe.

LE CHŒUR

Primitivement fermé sur les côtés par de grandes grilles et sur le devant par une barrière de fer forgé formant table de communion, le chœur s’ornait d’un autel de marbre blanc et de cuivre doré surmonté, au dessus du tabernacle, d’un haut pinacle en forme de flèche de cathédrale.

On sait quel fut, notamment en France pendant les années 1950-1960, le développement du renouveau liturgique, finalement consacré en 1964 par le Concile Vatican II. Entouré d’une équipe de jésuites de haute compétence (le Père Joseph Gelineau, musicien, le Père André Bouler, peintre, et le Père Jean-Marie Tézé, sculpteur, ainsi que Dom Bercher, bénédictin de Ligugé), le Père Pierre Gouet, responsable de l’église, entreprit la rénovation complète du chœur, qui reçut l’agrément de la Commission d’art sacré de l’archevêché en 1961.

Sous le chœur (mais rien ne le signale) sont enterrés les restes du Père Thomas-Olivier de Corret, oncle du fameux La Tour d’Auvergne, le premier grenadier de France. Le Père de Corret (1703-1782), longtemps missionnaire à Quimper, était, après la suppression de la Compagnie, aumônier de la Maison royale de l’Enfant Jésus, devenue ensuite, l’hôpital des Enfants malades. Il y mourut en odeur de sainteté le 17 octobre 1782 et fut enseveli dans la chapelle des Sœurs de l’hôpital. En 1856, son corps fut transféré ici, « derrière le maître-autel, à un mètre sous terre », sous une pierre tombale portant une longue épitaphe.

Suite au réaménagement de l’église en 2001 (voire note plus loin), le chœur s’est transformé en lieu de prière devant le Saint Sacrement conservé dans un tabernacle aux portes de bronze argenté, œuvre du Père Tézé.

LES CHAPELLES LATERALES

En quittant le chœur par la gauche, la première chapelle que l’on rencontre était primitivement dédiée à saint Joseph. Elle accueille aujourd’hui un magnifique confessionnal. Sur les murs latéraux, deux moulages du tympan du portail royal de Chartres : l’Annonciation et la Visitation, et une dalle portant en français le texte du Magnificat.

La deuxième chapelle est consacrée à saint François Xavier (1506-1522). Navarrais d’origine, il rencontre Ignace à Paris en 1530, se convertit et fait partie du groupe des premiers compagnons. En 1541, il s’embarque pour les Indes (la peinture de gauche rappelle la scène). En moins de dix ans, il évangélise tour à tour l’Inde, Ceylan, les Moluques et le Japon. Ce « géant » de la mission meurt épuisé à 46 ans, sur l’île de San Choan, face à la Chine où il rêvait d’apporter l’Évangile (peinture de droite). Canonisé le même jour que saint Ignace – leurs autels se font face – sa statue, en bois peint, comme toutes les autres statues de l’église, le représente en train d’évangéliser un jeune indien.

Les deux peintures murales, marouflées sur toile, sont l’œuvre de Louis Lamothe (1822-1869) (4). La première : saint François Xavier prend congé de saint Ignace avant son départ pour les Indes (signée en bas à droite : L. lamothe 1867 ») a figuré au Salon de 1867 (n° 855). La seconde : Mort de saint François Xavier est signée en bas à droite : « L. Lamothe invenit/et pinxit 1867 »). De nombreux dessins préparatoires concernant ces deux compositions sont conservés au musée départemental de Beauvais.

La chapelle suivante est dédiée aux trois jeunes saints de la Compagnie de Jésus : Saint Stanislas Kotska (1550-1568), le Polonais, qui mourut novice après avoir vivement lutté pour quitter sa princière famille et se faire admettre tout jeune dans l’Ordre ; la peinture de droite représente sa mort (fête le 13 novembre). Saint Jean Berchmans (1599-1625), le Belge : fils de cordonnier, il commençait ses études de théologie à Rome quand il mourut des fièvres en laissant un sillage de rayonnement spirituel qui lui avait valu le surnom de « Frère joyeux » (fête le 26 novembre). Et saint Louis de Gonzague (1568-1591), l’Italien. Héritier d’une des familles les plus titrées (et les plus violentes) du temps, il arracha à son père, haut dignitaire à la cour de Philippe II d’Espagne, le droit de renoncer à tous ses titres pour entrer au noviciat. Étudiant à Rome, il mourut d’épuisement, à 23 ans, au service des pestiférés lors d’une épidémie. Il a été proclamé « patron de la jeunesse » (fête le 21 juin). La peinture de gauche représente sa première communion à la cour de Mantoue, qu’il reçut des mains du cardinal jésuite saint Robert Bellarmin (signée : « Ch. de Coubertin 1868).

Vient ensuite la chapelle des Martyrs. Elle est dédiée aux jésuites japonais crucifiés à Nagasaki en 1597 : Paul Miki, à 33 ans, Jean Soan (dit de Goto, son île natale) à 19 ans, et Jacques Kisay à 64 ans ; premières victimes d’une longue et cruelle persécution qui ne parvint pas à éteindre complètement la communauté chrétienne du Japon implantée depuis François-Xavier (fête le 6 février). La peinture de droite rappelle leur exécution et donne aussi la liste de 33 autres jésuites martyrisés. Celle de gauche fait mémoire du bienheureux Ignace de Azevedo, Portugais, massacré sur le bateau qui l’emmène au Brésil le 15 juillet 1570 par des corsaires huguenots avec 39 compagnons, dont les noms sont fidèlement retranscrits sous le tableau (fête le 19 janvier) – peintures signées : « Jules Vibert 1868 »).

Jules Vibert (1815-1879) étudie aux Beaux-Arts de Lyon, sa ville natale, puis aux Beaux-Arts de Paris et devient l’élève de Paul Delaroche. Il débute au Salon en 1841 avec des scènes religieuses et reçoit des commandes de plusieurs églises.

Cette chapelle contient aussi, depuis 1871, les corps de cinq jésuites : les Pères Olivaint, Ducoudray, Caubert, Clerc et de Bengy, massacrés comme otages par la Commune les 24 et 26 mai 1871 (voir notice particulière plus loin).

Si l’on passe du côté gauche de la nef, on se trouve en face de la chapelle de la Vierge (ancienne chapelle de l’Unité). Elle ne contenait primitivement qu’un grand crucifix mural planté sur un rocher et surmonté d’un auvent de bois à deux pentes. On vénère à sa place aujourd’hui une grande icône faite à la main, selon les règles strictes de l’art des icônes, par le peintre russe Morozov. C’est la copie d’une icône ancienne, connue sous le vocable de « Mère de Dieu de Vladimir » (5). Une croix copte en cuivre ciselé offerte par une donatrice habille cette chapelle qui voit quotidiennement de nombreux fidèles venir prier à la lumière des cierges.

La chapelle que l’on traverse en remontant vers le chœur à gauche de la nef qui abrite désormais le bureau des « permanences d’écoute » et celui des « confessions », était dédiée à des jésuites au grand zèle apostolique. Il s’agit de : saint Pierre Claver (1586-1654), Espagnol, qui consacra sa vie à secourir et évangéliser les esclaves noirs à leur arrivée pitoyable aux Amériques (fête le 9 septembre). Saint Alphonse Rodriguez (1531-1617), Espagnol, marié, il avait été marchand de drap jusqu’à 40 ans. Devenu veuf, il demanda à être admis dans la Compagnie comme frère coadjuteur et se sanctifia dans la charge de portier du collège de Majorque (fête le 30 octobre). Et saint Pierre Favre (1506-1546), Savoyard, qui fut à Paris l’ami de François-Xavier et le répétiteur d’Ignace, avant d’être son premier et très cher compagnon et le premier prêtre de la Compagnie de Jésus. Le journal (6) qu’il a tenu les quatre dernières années de sa vie est un des documents majeurs de la spiritualité ignatienne (fête le 2 août).

La chapelle suivante est dédiée à saint François de Borgia, saint Jean François Régis et saint François de Hieronymo. Borgia (1510-1572), Espagnol de la famille du célèbre pape Alexandre VI, duc de Gandie, vice-roi de Catalogne, entré dans la Compagnie de Jésus à la mort de son épouse, sera le troisième Supérieur général de l’Ordre. À ses pieds, une tête de mort coiffée d’une couronne ducale, symbole de la vanité des gloires mondaines (fête le 3 octobre). Hieronymo, ou Geronimo (1642-1716), Italien, fut un pionnier exceptionnel de l’apostolat de rue auprès des marginaux de la ville de Naples (fête le 2 juillet). Régis (1597-1740), Français, est le grand apôtre des missions rurales du Velay et du Vivarais. Mort d’épuisement à Lalouvesc (Ardèche), son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage toujours très fréquenté. Les deux peintures murales lui sont consacrées (signées : « F.A.Régis 1868 »).

La troisième chapelle célèbre saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus et titulaire de l’église. Davantage mouvementée que celles des saints des autres autels, sa statue polychrome s’inspire des conventions de l’iconographie ignatienne néobaroque : le saint, en habits sacerdotaux, s’offre à l’extase mystique avec quelque emphase, tandis qu’à ses pieds, un angelot lui présente, ouvert, le livre des Constitutions de la Compagnie de Jésus marquée de la devise des jésuites « Ad Majorem Dei Gloriam » (pour une plus grande gloire de Dieu).

La peinture de droite montre Jésus-Christ apparaissant à saint Ignace : « Je te serai propice à Rome ! ». Cette vision, rapportée par Ignace lui-même et par un de ses premiers compagnons, le Père Jacques Lainez, eut lieu en 1537, à la chapelle de la Storta, dans la banlieue romaine, au moment où Ignace et ses compagnons, ne pouvant se rendre en Terre Sainte, vinrent s’offrir au Pape Paul III. La peinture de gauche : la Vierge dictant au saint les Exercices Spirituels, illustre, selon une tradition, le caractère et l’influence exceptionnels de ce fameux petit livre (signées : « Romain Cazes 1867 »).

Ainsi, bien que mutilé par la transformation de plusieurs chapelles (7), l’ensemble des peintures de l’église, toutes restaurées entre 2004 et 2011 par la Maison Carette, laisse voir un souci didactique cohérent : l’audace apostolique des Xavier, des Régis et des autres aux quatre coins du monde, leur fidélité obscure ou leur héroïsme, ont leur origine dans l’expérience mystique du fondateur.

Comme les quatre autres chapelles non touchées par les modernisations, la chapelle de saint Ignace a conservé presque intact son décor : en plus des peintures, le retable en bois sombre ciré et rechampi d’or, les stations du chemin de croix en bois polychrome et les rinceaux des voûtes. L’ensemble fournit un exemple plutôt réussi de l’art religieux, féru d’hagiographie, de la deuxième moitié du XIXe siècle.

La dernière chapelle de ce côté était, à l’origine, consacrée à la Sainte Vierge. Entièrement modifiée, elle a longtemps accueilli le chœur des enfants « Mini-Hosanna ».

Dans la première chapelle à droite, dite chapelle des Martyrs, reposent les corps de cinq Pères jésuites massacrés par la Commune de Paris en 1871. Ce sont : Pierre Olivaint, Léon Ducoudray, Jean Caubert, Alexis Clerc et Anatole de Bengy.

Le Père Olivaint était Supérieur de la maison du 35, rue de Sèvres et le Père Caubert, procureur (économe) de la même maison. Le Père Ducoudray était recteur de l’école Sainte-Geneviève, ouverte par les jésuites en 1854, près du Panthéon, rue Lhomond (1). Les Pères Clerc et de Bengy appartenaient à la même école Sainte-Geneviève.

Le 3 avril 1871, les Pères Ducoudray, de Bengy et Clerc sont arrêtés à Sainte-Geneviève par les Communards. Le 4 avril, c’est le tour des Pères Olivaint et Caubert qu’on arrête au 35, rue de Sèvres. Ils seront d’abord emprisonnés à la Conciergerie, puis à Mazas, enfin à la Roquette, avec de nombreux otages, dont Mgr Darboy, archevêque de Paris et M. Bonjean, président du Tribunal.

Cependant l’armée régulière, sous les ordres du gouvernement de Versailles, assiégeait Paris révolté. Peu à peu la résistance s’effondra. La Commune, aux abois, n’ayant pu obtenir les conditions favorables qu’elle espérait en échange des otages, décida, dans le désarroi des derniers jours, de fusiller les prisonniers (2).

Le 23 mai, les prisonniers sont transférés de Mazas à la Roquette ; le 24 au soir, ordre est donné de fusiller six otages : on choisit Mgr Darboy, le président Bonjean, les Pères Ducourdray et Clerc, M. Deguerry, curé de la Madeleine, octogénaire, et l’Abbé Allard. Ils sont exécutés dans le chemin de ronde de la prison.

Le 26, on choisit encore parmi les otages de la Roquette une cinquantaine de victimes parmi lesquelles se trouvent les trois autres jésuites : les Pères Olivaint, Caubert, et de Bengy. Mais ils ne seront pas exécutés dans la prison. On les conduit à travers Paris, au faubourg de Belleville, rue Haxo, n°85. Il y avait là un terrain vague près d’un ancien café-concert « la Cité de Vincennes » abandonné pendant le siège. C’est là que les 52 otages furent massacrés, car ce fut un vrai massacre plutôt qu’une exécution régulièrement conduite et contrôlée.

Deux jours après, le 28, jour de la Pentecôte, la Commune, définitivement écrasée, avait disparu et ceux des otages qui restaient à la Roquette étaient délivrés.

Dès le soir du 28, on retrouvait les six fusillés de la Roquette. Les corps de l’archevêque et du curé de la Madeleine étaient transférés à l’archevêché et ceux des Pères Ducoudray et Clerc au 35, rue de Sèvres.

Le lendemain, on retirait d’une fosse commune les cinquante victimes de la rue Haxo. Les Pères Olivaint, Caubert et de Bengy étaient reconnus et leurs corps rejoignaient ceux des Pères Ducoudray et Clerc en la chapelle de la rue de Sèvres. Le 31 mai eurent lieu, dans cette chapelle, les obsèques des cinq Pères jésuites, et leurs corps furent transportés au cimetière Montparnasse.

À peine deux mois après le massacre, ils furent de nouveau transférés de Montparnasse à l’église de la rue de Sèvres et inhumés dans la chapelle dédiée aux saints martyrs japonais (3).

Voici la traduction des inscriptions latines qu’on peut lire sur les dalles de marbre qui couvrent le lieu de leur sépulture :

  1. Tandis que sous l’autel de Dieu son âme a trouvé place, reposent en ce lieu les restes mortels de Pierre Olivaint, né à Paris, prêtre de la Compagnie de Jésus. Il vécut 55 ans, 3 mois et 4 jours. Par fidélité religieuse, il affronta la mort le 7 des calendes de juin (26 mai) 1871.
  2. En ce lieu a été déposée la dépouille mortelle de Jean Caubert, prêtre de la Compagnie de Jésus, né à Paris le 13 des calendes d’août (20 juillet) 1811, tué en haine de la religion le 7 des Calendes de juin (26 mai) 1871.
  3. Ici repose en paix Alexis Clerc, de Paris, prêtre de la Compagnie de Jésus, âgé de 51 ans, 5 mois, 13 jours. De bon cœur, il signa sa foi de son sang le 9 des calendes de juin (24 mai) 1871.
  4. Lieu où repose Léon Ducoudray, prêtre de la Compagnie de Jésus et recteur de l’école Sainte-Geneviève. Né à Laval la veille des nones de mai (6 mai) 1827. Il couronna une sainte vie par plus sainte mort, indignement massacré en haine du nom du Christ, le 9 des calendes de juin (24 mai) 1871.
  5. Lieu de sépulture d’Anatole de Bengy, né à Bourges, prêtre de la Compagnie de Jésus. La mort, qu’aumônier militaire il affronta dans les combats contre les ennemis de la patrie, il la reçut vaillamment des ennemis de la religion le 7 des calendes de juin (26 mai) 1871.

Contre le mur de gauche, un petit mémorial en marbre rouge et blanc, offert par les anciens élèves du collège de Vaugirard, perpétue la mémoire du Père Olivaint dont le profil est dessiné dans un médaillon d’émail doré.

Durant les années d’expulsion, les tombes des otages ne furent pas oubliées. Une palissade de bois isolait le bas-côté droit du bric-à-brac entassé dans la nef. Par ce passage, on pouvait atteindre la chapelle des Martyrs. Chaque année, les 24, 25, et 26 mai, jours anniversaires des exécutions, les Pères qui le désiraient pouvaient aller, tôt le matin, célébrer la messe dans la chapelle des Martyrs. Seules quelques personnes amies assistaient à ces messes semi-clandestines.

LE NARTHEX

À l’entrée de l’église, à gauche dans le narthex, là où aujourd’hui se trouve le stand de presse, s’élevait naguère, avant les transformations de 1961, une grotte de Lourdes en réduction qui fut, semble-t-il, la première de ce genre construite à Paris, peu d’années après les apparitions (1858), grâce à la dévotion particulière d’une généreuse bienfaitrice.

Avant que ne fût élevé au début des années 1970 l’immeuble moderne qui s’appuie aujourd’hui sur le pignon de l’église, le portail d’entrée s’ouvrait sur une petite cour, d’où le narthex recevait la lumière du jour par trois vitraux en forme ogivale, aujourd’hui restaurés et éclairés grâce à de petites ampoules. Au centre, en haut de l’arcade, la date de la fondation de l’église : 1855.

Des travaux de restauration du narthex ont été effectués en 2010 (photos avant et après).

L’AUTEL

Depuis longtemps l’église Saint-Ignace gardait les reliques de nombreux saints et martyrs de la Compagnie de Jésus. La consécration du nouvel autel par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, le 28 octobre 2007, a donné l’occasion de les mettre à l’honneur ; leurs reliques y seront désormais conservées. Ces « Serviteurs de Dieu » soutiennent ainsi notre prière et notre foi.

Saint Ignace de Loyola, 1491-1556 (fête le 31 juillet). Espagnol. Fondateur de la Compagnie de Jésus.
Administrateur au service du Grand Argentier de Castille, puis diplomate du service du vice-roi de Navarre, il eut la jambe brisée par un boulet de canon en défendant, en courageux chevalier, la citadelle de Pampelune. Converti par la lecture de la vie de Jésus-Christ et des saints durant les loisirs de sa convalescence, il se consacre au service de Dieu. En 1534, étudiant à l’université de Paris, il groupe autour de lui six autres étudiants qui seront le noyau de la Compagnie de Jésus.

Saint François Xavier, 1506-1552 (fête le 3 décembre). Espagnol. Second compagnon de saint Ignace, patron de toutes les Missions.
Il fut envoyé par Ignace de Loyola évangéliser l’Inde et la Japon. Malade, il mourra aux portes de la Chine sur une île en face de Canton.

Saint Robert Bellarmin, 1542-1621 (fête le 17 septembre). Italien. Docteur de l’Église. Cardinal, grand théologien et prédicateur.

Saint Pierre Canisius, 1521-1597 (fête le 27 avril). Hollandais. Docteur de l’Église. Par ses écrits et ses prédications, il raffermit les catholiques et convertit beaucoup de protestants ; c’est grâce à lui surtout qu’une grande partie de l’Allemagne est demeurée catholique.

Saint François de Borgia, 1510-1572 (fête le 3 octobre). Espagnol. Entré dans la Compagnie après la mort de son épouse, il devint le 3ème Supérieur général de l’Ordre.

Saint François Régis, 1597-1640 (fête de 16 juin). Français. Grand apôtre des missions rurales du Velay et du Vivarais, mort à Lalouvesc (Ardèche) où son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté.

Saint François de Hieronymo, 1642-1716 (fête le 11 mai). Italien. Apôtre de Naples.

Saint Pierre Claver, 1586-1654 (fête le 9 septembre). Espagnol. Apôtre des esclaves noirs transportés en Amérique.

Saint Louis de Gonzague, 1558-1591 (fête le 21 juin). Italien. Héritier des Gonzague, il renonça aux richesses et aux honneurs pour se faire jésuite. Il mourut à 23 ans de maladie contractée au service des pestiférés. Patron de la jeunesse, spécialement des étudiants.

Saint Jean Berchmans, 1599-1621 (fête le 26 novembre). Belge. Modèle irréprochable de fidélité à la règle, il meurt à Rome à l’âge de 22 ans.

Saint Stanislas Kostka, 1550-1568 (fête le 13 novembre). Polonais. Jeune prince, il meurt à Rome à 18 ans après dix mois de noviciat.

Les saints martyrs du Japon (fête le 5 février) : Paul Miki, Jean de Goto, Jacques Kisai, crucifiés à Nagasaki en 1597.

Les saints martyrs du Canada (fête le 26 septembre) : tous Français, morts martyrs au Canada de 1642 à 1649. Jean de Brébeuf, Isaac Jogues, Gabriel Lallemant, Antoine Daniel, Charles Garnier, Noël Chabanel, René Goupil et Jean de La Lande (canonisés en 1930).

Saint André Bobola, 1592-1657 (fête le 21 mai). Polonais. Horriblement torturé par les Cosaques.

Saint Bernardin Realino, 1530-1616 (fête le 3 juillet). Italien. Juriste et magistrat, il avait déjà une grande réputation de vertu lorsqu’il entra dans la Compagnie à 34 ans (canonisé en 1947).

Saint Jean de Britto, 1647-1693 (fête le 4 février). Portugais. Il fut martyrisé au Maduré en Inde (canonisé en 1947).

Saint Joseph Pignatelli, 1737-1811 (fête le 28 novembre). Espagnol. Il vécut tout le drame de la destruction de son ordre et contribua plus que tout autre à sa résurrection (canonisé en 1954).

Saint Alphonse Rodriguez, 1531-1617 (fête le 30 octobre). Espagnol.
Marié, il avait été marchand de drap jusqu’à 40 ans. Devenu veuf, il demanda à être admis dans la Compagnie comme frère coadjuteur et se sanctifia dans la charge de portier au collège de Majorque.

Saint Roch Gonzalez, 1576-1628 (fête le 16 novembre). Paraguayen. Il fut tué par trahison à cause de sa foi.

Les jésuites martyrs de la Commune de Paris : les Pères Pierre Olivaint, Anatole de Bengy, Jean Caubert, Léon Ducoudray et Alexis Clerc, fusillés en 1871, ils sont inhumés dans l’église Saint-Ignace, première chapelle à droite.

Saint Alberto Hurtado, 1901-1952 (fête le 18 août). Chilien. Son amour pour le Christ et pour les pauvres était à la source de son activité sacerdotale, apostolique, éducative, caritative et sociale. Il a été canonisé le 23 octobre 2005 par le pape Benoît XVI.