EDITO – du 5 février 2023

Une Autre Façon de se Parler

Désormais sur les réseaux sociaux, les internautes se lâchent de plus en plus quand ils ne sont pas d’accord, là où autrefois le face-à-face obligeait à un minimum de respect relationnel. Une chose est sûre, le virtuel désinhibe puissamment les affects. Maintenant, les paroles sans appels, voire haineuses, les insultes, peuvent fuser, même entre gens « bien comme il faut ». On m’a dit que sur certains forums de discussion entre chrétiens, le débat pouvait virer à l’aigre fort.  Et ce n’est pas tout : ces désirs d’en découdre peuvent se poursuivre ensuite dans la vie réelle. D’où des conflits parfois extrêmement tendus, là où naguère on pouvait échanger sans arrière-pensées ses points de vue différents.

L’Eglise Saint-Ignace a la particularité d’être une « communauté d’élection ». Du fait des parentés de sensibilités, les débats qui ont lieu entre nous peuvent être animés mais restent respectueux et pacifiques. Par ailleurs, la disposition liturgique nous façonne sans doute un peu. En effet, notre autel est au centre, et nous ne pouvons le voir qu’en regardant les visages qui se trouvent en face de nous. Comme nous ne pouvons voir les visages qu’en ayant l’autel -qui représente le Christ- dans notre champ de vision.

Merci Seigneur pour cette chance que nous avons. Sachons en profiter, sans entrer pour autant dans un entre-soi anesthésiant. Attendons le prochain temps de carême pour approfondir nos échanges, lorsque notamment nous nous retrouverons en fraternité, afin d’aller encore plus loin dans la profondeur de ce que nous écoutons et pensons.  Ainsi la communion spirituelle qui nous unit se nourrira encore plus de nos différences.

Père Nicolas Rousselot sj, chapelain

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