Sur les épaules et dans la main
Dans les catacombes de Rome, sur les murs, ont été peintes les premières représentations du Christ. L’une d’entre elle semble remporter tous les suffrages : l’image du Bon Berger. Ce dernier est représenté comme un beau jeune homme, vigoureux, habillé à la grecque, portant une brebis sur ses épaules. Celle-ci relève la tête, manifestement très à l’aise. Des historiens expliquent que cette représentation est la copie conforme d’Orphée, le dieu champêtre, mais d’autres historiens qui sont aussi théologiens assurent qu’il faut regarder ce bon berger en double lecture, le voir comme un langage codé. Son visage jeune, imberbe, resplendissant de santé et de beauté, manifeste qu’il est le Ressuscité, celui sur qui l’usure du temps n’a pas de prise. Pour les premiers chrétiens de Rome, qui sont d’une certaine manière, nos ancêtres dans la foi, la Bonne Nouvelle est ici révélée : que chacun soit en bonne place, juché sur les épaules du Christ, bien sûr au moment de traverser la mort – nous sommes dans les catacombes – mais aussi à chaque moment de cette vie terrestre, dans les moments heureux comme dans les moments moins heureux. Les anciens le comprenaient en lisant le même évangile que ce dimanche : « Jamais les brebis ne périront, personne ne les arrachera de la main du Père » (Jn 10, 29). La sécurité d’être dans la main du Père et sur les épaules du Christ faisait vibrer les anciens. Et nous qui lisons ce court éditorial, vibrons-nous intérieurement ? Nous sentons-nous aussi en sécurité ?
Nicolas Rousselot sj
N2047-15-29mai2022-annonces
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